WASHINGTON, 13 juin 2022 – Le Conseil des administrateurs de la Banque mondiale a approuvé le 9 juin dernier le Projet de facilitation et d'intégration du commerce dans la région des Grands Lacs, dont bénéficieront le Burundi et la République démocratique du Congo (RDC), mais aussi plus largement leurs pays voisins dans la région des Grands Lacs, en Afrique de l'Est.
Doté d'un financement de 250 millions de dollars apportés par l'Association internationale de développement (IDA)*, ce projet a pour but de faciliter les échanges entre les pays et de développer certaines chaînes de valeur commerciales, en ciblant principalement les femmes et les petits commerçants dans les zones frontalières de la région des Grands Lacs.
« Le commerce transfrontalier, s'il est convenablement accompagné, peut être un moyen important de lutter contre la pauvreté, l'insécurité alimentaire, les conflits et d'autres vulnérabilités socio-économiques dont souffrent les populations locales », explique Chris Onyango, directeur de la division Douanes et commerce du Marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA). « Nous cherchons à réduire les coûts et les délais des échanges, tout en améliorant le volume et la qualité des marchandises échangées afin d’accroître les revenus, la prospérité et la stabilité au Burundi, en RDC et plus largement dans toute la région. »
Le projet englobe des interventions pour réformer les politiques et les procédures afin de lever un ensemble de barrières liées, entre autres, à la faiblesse des infrastructures, à l'insécurité, à la lourdeur des formalités administratives, à la mauvaise gestion des produits après leur production et au déficit de confiance entre commerçants et services douaniers. Outre les commerçants (en particulier les femmes et les jeunes), ce projet bénéficiera aux producteurs, aux prestataires de services tels que les transporteurs et les exploitants de bateaux, aux marchands des zones frontalières, aux autorités portuaires et aux services douaniers, aux petites et moyennes entreprises et aux responsables du commerce des États du COMESA.
Le COMESA appuiera la coordination régionale afin de maximiser les retombées positives du projet. Bien que les interventions ne se concentrent que sur deux pays, elles constituent une mise en œuvre pratique des dispositions nécessaires pour concrétiser les principes et les objectifs d'intégration commerciale en Afrique, tant à l'échelle du continent que de la région.
« L'accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine constitue une base politique solide pour que les pays africains accélèrent la transformation économique, mais c'est à l'échelon régional qu'il faut mener de nombreuses actions concrètes afin de lever les principaux obstacles à l'intégration commerciale », souligne Boutheina Guermazi, directrice de l’intégration régionale pour l’Afrique subsaharienne, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à la Banque mondiale. « Ce projet cible spécifiquement les contraintes locales et il apporte des solutions. »
Cette nouvelle initiative s'appuie sur de nombreuses composantes de projets, passés et en cours, menés par la Banque mondiale dans la région des Grands Lacs. Au-delà du financement des infrastructures nécessaires pour des postes-frontières supplémentaires, les ports et les routes d'accès, il remédie au manque de moyens des communautés frontalières pour faciliter le commerce, en prévoyant un soutien spécifique visant à développer les chaînes de valeur locales et les échanges. La pandémie de COVID-19 a incité les petits commerçants à s'associer, ce qui a amélioré leur organisation et réduit leurs coûts, tout en offrant des possibilités d'accroissement de la quantité et de la qualité des produits commercialisables. Le nouveau projet s'appuiera également sur ces structures sociales.
Un financement supplémentaire au titre du Projet de facilitation du commerce dans la région des Grands Lacs (a) alloue un don de 23 millions de dollars à la RDC en soutien à un plan d'action de réinstallation et à la modernisation des infrastructures frontalières du site de Petite Barrière à Goma, dans la province du Nord-Kivu. À la frontière entre la RDC et le Rwanda, Petite Barrière est le point de passage piétonnier le plus fréquenté de la région des Grands Lacs, avec plus de 50 000 personnes qui le franchissent chaque jour. Plus des trois quarts des commerçants sont des femmes et il existe également un nombre considérable de personnes handicapées qui assurent des services importants tels que le transport de marchandises, mais les échanges commerciaux ont été limités par la médiocrité et l'insuffisance des infrastructures. Le financement supplémentaire bénéficiera directement à ces groupes ainsi qu'à des centaines de milliers d'habitants de l'est de la RDC, du Rwanda et de toute la région de l'Afrique de l'Est.