Washington, 29 mars 2022 – Selon le nouveau Mémorandum économique de la Banque mondiale sur le Niger publié aujourd’hui, le Niger gagnerait à diversifier son économie pour assurer une transformation structurelle plus profonde, une plus grande croissance des revenus et une réduction plus rapide de la pauvreté.
Le Niger a connu une croissance relativement robuste au cours des 20 dernières années, avec un taux de croissance moyen de 5,2 % permettant une réduction du taux d’extrême pauvreté de plus de 50 % à 41 % au cours de cette période. Toutefois, le nombre de personnes vivant dans l'extrême pauvreté - avec moins de 1,9 dollar américain par jour en parité de pouvoir d’achat - ne cesse d'augmenter en raison de la croissance démographique et de la faible augmentation du revenu moyen par habitant, atteignant en 2021 10,5 millions, soit une augmentation de 21% au cours de la dernière décennie.
« L'économie du Niger a connu une croissance soutenue au fil des ans, malgré une faible diversification et un environnement difficile auquel le pays est confronté », indique Pierre Xavier Bonneau, responsable par intérim des opérations de la Banque mondiale pour le Niger. « Il est important de mettre en œuvre des réformes institutionnelles et économiques ambitieuses pour placer le Niger sur une trajectoire de développement encore plus dynamique et permettre ainsi à son économie de se renforcer afin de mieux faire face à ces chocs tout en offrant de meilleures opportunités économiques à l'ensemble de la population, notamment aux femmes et aux jeunes. »
Intitulé Les voies d'une croissance durable au Niger, le rapport analyse trois domaines prioritaires pour créer les conditions d’une émergence économique : l'utilisation des technologies modernes, et notamment celles de l’information et de la communication, pour accélérer le développement du secteur privé ; l’exploitation et la bonne gestion des industries extractives, y compris de la future rente pétrolière ; et la mise en place de cadres financiers et de gestion des risques liés aux crises et catastrophes naturelles dans un contexte de changement climatique. Les goulets d'étranglement qui ont limité les performances passées du Niger dans chaque domaine y sont identifiés, et des recommandations et suggestions sont formulées, sur la base d’enseignements tirés d'autres pays en développement, pour lever ces freins et ainsi stimuler les performances économiques à long terme du Niger en matière de croissance, de réduction de la pauvreté, et d’augmentation de la prospérité partagée.
Le rapport recommande l'adoption de technologies modernes dans tous les secteurs, à commencer par l'agriculture pour la rendre plus commerciale et productive et la finance pour la rendre plus abondante et inclusive. Ces recommandations sont d’autant plus urgentes que le Niger s’achemine vers une ère de production pétrolière importante. « Les perspectives d'augmentation de la production pétrolière sont susceptibles de créer une forte demande intérieure qui ne manquera pas de créer des pressions inflationnistes et ainsi de désavantager la compétitivité des autres secteurs économiques. Il est donc essentiel d'augmenter la productivité agricole et de favoriser le financement du secteur privé pour éviter ces hausses de prix » soutient Paolo Di Lorenzo, économiste principal et co-auteur du rapport.
Par ailleurs, « Mettre en place des systèmes efficaces de gestion et de financement des risques liés aux crises diverses et aux catastrophes naturelles permettra au Niger de renforcer sa résilience et de relever plus facilement l’ensemble des défis immenses auxquels il est confronté » indique Fatou Fadika, spécialiste secteur privé et co-auteur du rapport.
Le Mémorandum économique du Niger vise à soutenir les décideurs politiques et toutes les parties prenantes dans leurs efforts pour atteindre un scénario de croissance durable et ambitieux.