Beyrouth, 5 août 2021 – Le versement d'un don de 25 millions de dollars va contribuer au relèvement des micro et petites entreprises directement touchées par l'explosion du port de Beyrouth et soutenir les activités des institutions de microfinance éligibles. Le Fonds « B5 » (pour Building Beirut Businesses Back and Better) permettra aussi de préserver les emplois du secteur privé et de limiter les faillites d'entreprises et les licenciements.
Le Fonds B5, validé aujourd'hui, avait déjà été approuvé le 29 avril 2021 par le Conseil de partenariat du Mécanisme de financement pour le Liban (LFF) (a), un fonds fiduciaire multidonateurs créé en décembre 2020 à la suite du lancement du Cadre de réforme, de relèvement et de reconstruction (3RF) (a). Son objectif est de mettre les dons en commun et de renforcer la cohérence et la coordination des financements en vue du redressement socio-économique immédiat des personnes et des entreprises vulnérables et fragilisées par l'explosion survenue au port de Beyrouth.
L'explosion s'est produite dans un contexte de crise économique et financière, combinée à la pandémie de COVID-19, et elle a eu de fortes répercussions sur le secteur productif libanais. Le souffle a provoqué des dommages matériels considérables et des pertes de stock pour environ 10 000 entreprises situées dans un rayon de 5 kilomètres. La chute de la productivité et des recettes a entraîné de nombreux licenciements et faillites.
Selon une enquête rapide menée par la Banque mondiale auprès des entreprises en novembre et décembre 2020, il a été confirmé ou estimé qu'environ 17 % des sociétés avaient définitivement fermé ; 79 % d'entre elles ont enregistré une baisse des ventes (de 69 % en moyenne) et 61 % ont réduit leurs effectifs permanents de 43 % en moyenne. La même enquête a révélé que près de la moitié des entreprises interrogées (46 %), à Beyrouth et ailleurs, ont été directement ou indirectement touchées par l'explosion.
Dans un grand nombre de secteurs, les entreprises — et notamment les micro et petites et moyennes entreprises (MPME) — ont du mal à financer leurs besoins de reconstruction et de relèvement, et estiment qu'il est extrêmement difficile de relancer leurs activités sans aides financières d'urgence.
La catastrophe a également mis en évidence la fragilité du secteur financier (banques, assurances et institutions de microfinance) et la forte dégradation de l'accès aux financements. Les réponses politiques des autorités libanaises pour soutenir la reprise du secteur financier étant très limitées, les entreprises touchées par l'explosion, en particulier les MPME, ne réussissent que difficilement à trouver des fonds pour se redresser.
« Le Fonds B5 représente une première étape urgente pour élargir le soutien vital aux entreprises et assurer leur pérennité, compte tenu des multiples crises qui touchent le pays, déclare Saroj Kumar Jha, directeur régional de la Banque mondiale pour le Machreq. Grâce au soutien financier du Canada, du Danemark, de l'Union européenne, de la France et de l'Allemagne, le B5 donne aujourd'hui le coup d'envoi à la mise en œuvre de projets prioritaires indispensables, prévus dans le cadre du LFF. Ils procureront au peuple libanais une aide socio-économique immédiate, aideront les micro, petites et moyennes entreprises à se redresser et prépareront les réformes et la reconstruction qui permettront au Liban de s'engager sur la voie d'un redressement durable. »
Le Fonds B5 versera des subventions à environ 4 300 micro et petites entreprises (MPE) pour couvrir les besoins de fonds de roulement ainsi que les dépenses liées aux services techniques, aux équipements et aux réparations. Environ 30 % des MPE sélectionnées sont détenues ou dirigées par des femmes, à qui le Fonds apportera également une assistance technique pour les aider à redresser et fortifier leurs entreprises. Des efforts seront aussi déployés pour recenser et soutenir les entrepreneurs qui souffrent directement ou indirectement d'un handicap à la suite de l'explosion.
Par ailleurs, le Fonds B5 contribuera aux dépenses de fonctionnement d'un maximum de cinq institutions de microfinance (IMF) servant les micro et petites entreprises, les populations à faible revenu et le secteur informel au sens large. Ces institutions seront accompagnées pour qu'elles puissent soutenir les communautés pendant cette période de crises multiples, et aussi afin de stabiliser leurs activités jusqu'à ce qu'une croissance plus solide puisse reprendre.
Le fonctionnement du Fonds B5 est conçu pour que les versements soient effectués de manière transparente et en temps utile, directement par le biais d'institutions spécialisées et agréées. Il sera mis en œuvre par Kafalat SAL, qui gère actuellement le projet de soutien à l'innovation dans les petites et moyennes entreprises, financé par la Banque mondiale. Ainsi, Kafalat sera responsable de l’exécution générale du financement, de la gestion, de la sélection des intermédiaires, du suivi et des évaluations, sous le contrôle de la Banque mondiale et des donateurs du LFF en ce qui concerne les missions, les effectifs et les responsabilités.
Le Fonds B5 appliquera une méthode de zonage grâce à laquelle les bénéficiaires éligibles seront classés par ordre de priorité en fonction de leur proximité avec le site de l'explosion. La conception simple du Fonds permet le versement de subventions économiquement rentables en temps opportun aux entreprises, en particulier aux plus fragiles. Le décaissement des subventions sera conditionné à la réalisation d'un examen effectué par les IMF et Kafalat en vue de confirmer l'ampleur des dommages par rapport aux évaluations initiales menées par les forces armées libanaises directement après l'explosion, et ce afin d'éviter qu'une même dépense soit financée à plusieurs reprises par différentes sources.
Le LFF mandatera une tierce partie indépendante qui sera chargée de vérifier et de confirmer que les critères, le processus de sélection, l'évaluation et l'utilisation des fonds sont conformes au manuel opérationnel du projet. En outre, l'organe de surveillance indépendant du LFF contrôlera également les activités du fonds B5.
En raison de son mode de conception, le Fonds B5 est évolutif et souple. En fonction de la réussite de sa mise en œuvre, des financements supplémentaires du LFF pourraient lui être alloués afin d’étendre sa portée au profit d'un plus grand nombre de MPE et d'IMF libanaises.
Les promesses de dons et contributions généreuses des gouvernements du Canada, du Danemark, de la France et de l'Allemagne et de l'Union européenne à la Facilité de financement du Liban totalisant 62,68 millions de dollars à ce jour permettront de canaliser l'aide internationale au Liban pour faire face à ses multiples crises. Alors que la communauté internationale œuvre pour répondre aux besoins de relèvement socio-économique du peuple libanais, davantage de donateurs sont invités à se manifester pour soutenir les priorités du 3RF sous l'égide du LFF.
À propos du Mécanisme de financement pour le Liban (LFF) :
Établi en décembre 2020 à la suite de l'explosion du port de Beyrouth du 4 août et après le lancement du Cadre de réforme, de redressement et de reconstruction (3RF), le LFF est un fonds fiduciaire multidonateurs créé pour une durée de cinq ans qui mettra les dons en commun et renforcera la cohérence et la coordination des financements à l'appui du relèvement socio-économique immédiat des personnes et des entreprises fragilisées par cette catastrophe.
À ce jour, la LFF a reçu des contributions et des promesses de dons des gouvernements du Canada, du Danemark, de la France et de l'Allemagne et de l'Union européenne. Sous réserve de l'engagement de toutes les parties prenantes libanaises en faveur de réformes essentielles, le LFF jettera également les bases d'un redressement à moyen terme et de la reconstruction durable du port de Beyrouth et des quartiers touchés. Le LFF intervient prioritairement dans trois domaines : 1) le relèvement socio-économique et le redressement des entreprises ; 2) la préparation des réformes et de la reconstruction ; 3) le renforcement de la coordination, du suivi, de la responsabilisation et de la supervision du Cadre 3RF.
Le LFF bénéficiera des règles fiduciaires rigoureuses de la Banque mondiale, grâce à l'application de son cadre fiduciaire pour la gestion financière, la passation de marchés et les mesures de sauvegarde environnementale et sociale. Le LLF veillera également à ce que les programmes encouragent l'égalité entre hommes et femmes ainsi que l'implication des communautés et qu'ils ciblent les femmes, les jeunes et les populations vulnérables.