WASHINGTON, 11 juin 2021— Le Groupe de la Banque mondiale consolide son approche pour renforcer l’intégration régionale en Afrique, mieux accompagner le continent dans sa reprise post-COVID et l’aider à se transformer économiquement dans les années à venir.
Intitulée « Soutenir la reprise et la transformation économique de l’Afrique », la version actualisée de la Stratégie pour l’intégration régionale et la coopération (2021-2023) est notamment axée sur une amélioration des connexions dans les domaines du transport, de l’énergie et de l’infrastructure numérique. La stratégie s'attachera à promouvoir le commerce et l’intégration des marchés par la facilitation des échanges dans les couloirs économiques régionaux, une assistance technique pour le déploiement de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), le soutien aux chaînes de valeur régionales et l’intégration des marchés financiers.
L'accent sera également mis sur la valorisation du capital humain grâce au renforcement de la surveillance des pandémies et des maladies, au développement des compétences, à l’autonomisation des femmes, ainsi qu’à l'amélioration des statistiques et à la promotion des systèmes d’identification numérique au service du développement. Un dernier axe porte sur la résilience et la nécessité d’agir pour lutter contre l’insécurité alimentaire et résoudre les enjeux liés à l’agropastoralisme, faire face à des menaces transnationales, comme les dérèglements du climat et les invasions de ravageurs, nouer des partenariats pour répondre aux besoins des populations déplacées dans les zones frontalières et soutenir une meilleure gestion des eaux transfrontalières. Cette version actualisée s’aligne sur la stratégie de la Banque en matière de fragilité, conflits et violence en insistant particulièrement sur les problèmes qui touchent plusieurs espaces fragiles : la Corne de l’Afrique, le Sahel, la région du lac Tchad et celle des Grands Lacs.
« La révision de l’approche du Groupe de la Banque mondiale en matière d’intégration régionale intervient à un moment crucial, alors que la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) est entrée dans sa phase opérationnelle, avec l’objectif de stimuler le commerce intra-africain, soutenir la facilitation des échanges et faire vivre un marché potentiel de 1,2 milliard d’habitants, a souligné Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine. Ses axes clés sont bien alignés sur nos priorités pour l’intégration du continent et pertinents pour favoriser la reprise de nos économies après la pandémie de COVID-19. »
La pandémie a éprouvé les efforts d’intégration régionale et souligné l’urgence d’améliorer la capacité et l’engagement des pays et des institutions régionales pour surmonter de tels chocs. « Le niveau d'engagement des dirigeants africains en faveur de l’intégration régionale est remarquable et il mérite notre soutien, a affirmé Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et centrale. Nous travaillerons avec les autorités nationales et les institutions de la région pour veiller à ce que les actions entreprises au niveau des pays soient assorties de solutions régionales. Nous renforcerons notre coopération avec nos partenaires pour répondre aux défis transfrontaliers qui se posent dans les régions du Sahel et du lac Tchad. »
Hafez Ghanem, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Est et australe, a pour sa part déclaré : « La ZLECAf ne sera couronnée de succès que si nous investissons dans des politiques et réglementations régionales, y compris dans le domaine des solutions numériques et de l’accès à l’énergie, qui sont essentielles pour surmonter les obstacles à l’intégration et vitales pour la transformation économique de notre continent. » Et de souligner également la nécessité d’une coopération régionale pour soutenir le développement dans la Corne de l’Afrique : « Nous nous mobilisons avec nos partenaires dans le cadre de l’Initiative pour la Corne de l’Afrique afin d’appuyer le développement de réseaux d’infrastructures régionaux, accroître les échanges et les investissements et faire face à des menaces qui ignorent les frontières, comme les invasions acridiennes et les maladies. »
Dans le cadre de cette nouvelle approche, le Groupe de la Banque mondiale élargira son programme pour l’intégration régionale en Afrique aux pays d’Afrique du Nord. Une démarche inédite pour renforcer le dialogue sur le chantier politique de l’intégration continentale, mais aussi collaborer avec le secteur privé des pays nord-africains pour explorer les possibilités d’investissement dans le reste du continent. Pour Ferid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, « les modifications apportées par la Banque mondiale à sa stratégie régionale rendent compte et tirent parti des liens historiques et socio-économiques forts entre les pays du Maghreb et le reste de l’Afrique. Le Sahara ne forme pas une ligne de démarcation. À travers nos dialogues sur l'action à mener, l’assistance technique et le soutien financier, ainsi que la mobilisation d’investissements privés transnationaux, nous continuerons d'appuyer l’intégration continentale, de Tunis au Cap et de Marrakech à Mogadiscio. »
Le secteur privé a en outre un rôle de premier plan à jouer dans la reprise économique du continent, pour permettre le maintien de l’activité, la préservation de la circulation des biens et des services, et la protection des emplois. « L’intégration régionale peut être synonyme de nouveaux marchés pour les entreprises africaines, ce qui est particulièrement bienvenu en période de choc économique, lorsque les entreprises ont besoin d’investir de nouveaux territoires pour soutenir et développer leurs activités, a expliqué Sergio Pimenta, vice-président de la Société financière internationale (IFC) pour le Moyen-Orient et l’Afrique. En collaboration avec la Banque mondiale et l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA), l’IFC s’emploiera à consolider des champions régionaux, promouvoir le commerce, déployer les infrastructures nécessaires pour améliorer les activités commerciales et travailler avec ses partenaires pour accroître la résilience des marchés les plus fragiles. Ces mesures seront importantes pour permettre aux populations de travailler, commercer et être reliées à l’intérieur et au-delà des frontières nationales. »
« Les flux de capitaux intra-africains sont essentiels pour satisfaire les besoins d’investissement, en particulier dans les secteurs de l’énergie, du transport et de la logistique, et de la technologie numérique », a indiqué Ethiopis Tafara, vice-président et responsable du risque et des questions juridiques et administratives au sein de l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA). « La MIGA continuera d’œuvrer aux côtés du secteur privé, des investisseurs régionaux et internationaux, et des partenaires du développement pour obtenir des résultats à grande échelle, augmenter notre impact et faciliter la diffusion internationale des meilleures pratiques sur ces secteurs clés ».
Le Groupe de la Banque mondiale reste une source de financements majeure pour la promotion du programme d'intégration régionale de l’Afrique, avec des engagements en cours d’un montant total de plus de 19 milliards de dollars. Au cours des trois prochaines années, les financements de l’IDA* augmenteront de plus de 8 milliards de dollars, avec de nouveaux investissements destinés à aider le continent à lever les obstacles à l’intégration et à faciliter les actions collectives dans des domaines prioritaires.
* L’Association internationale de développement (IDA) est l’institution de la Banque mondiale qui aide les pays les plus pauvres de la planète. Fondée en 1960, elle accorde des dons et des prêts à taux faible ou nul pour financer des projets et des programmes de nature à stimuler la croissance économique, réduire la pauvreté et améliorer la vie des plus démunis. L’IDA figure parmi les principaux bailleurs de fonds des 76 pays les plus pauvres de la planète, dont 39 se trouvent en Afrique. Ses ressources bénéficient concrètement à 1,5 milliard de personnes. Depuis sa création, l’IDA a soutenu des activités de développement dans 113 pays. Le volume annuel de ses engagements s’est élevé en moyenne à 18 milliards de dollars au cours des trois dernières années, 54 % environ de ce montant étant destinés à l’Afrique.