NIAMEY, Niger, 28 octobre 2020 - Selon le nouveau rapport de la Banque mondiale sur la situation de l’économie et de la pauvreté au Niger publié aujourd’hui, la pandémie de la COVID-19 a des répercussions considérables sur l’économie et pourrait provoquer une récession si les nombreux risques qui menacent l’activité économique venaient à se concrétiser. Le ralentissement économique a déjà renversé la tendance à la baisse du taux de pauvreté observée depuis plusieurs années au Niger, avec le basculement de près de 270 000 Nigériens dans la pauvreté cette année.
Le rapport « Niger - Note sur la situation de l’économie et de la pauvreté au temps de la COVID-19 » constate que la population nigérienne a été lourdement affectée par les effets conjugués de la pandémie, de la récession mondiale et du ralentissement économique dans le pays. Ces différents chocs se sont traduits par la perte d’emplois et de revenus, l’augmentation des prix de certaines denrées alimentaires et la perturbation du système de protection sociale et de prestation des services de base, en particulier ceux de la santé et de l’éducation. Par conséquent, le taux de pauvreté devrait augmenter de 40,8 % en 2019 à 42,1 % en 2020.
« Les ménages et les entreprises ont subi de plein fouet les effets cumulés de la pandémie de COVID-19 sur l’activité économique qui ont particulièrement exposé les secteurs de l’hôtellerie, des transports et du tourisme, ainsi que les petites et moyennes entreprises à la suite de la baisse de la demande », souligne Paolo Di Lorenzo, économiste principal à la Banque mondiale. « On observe aussi une perte d’emplois et de revenus chez les ménages travaillant dans de nombreux autres secteurs. »
Le rapport souligne également de nombreux facteurs qui pèsent sur les perspectives économiques : l’incertitude concernant la durée de la pandémie, les marges de manœuvre limitées des autorités pour y faire face, ainsi que la persistance des risques sécuritaires, de la volatilité des prix des produits de base et des aléas climatiques qui continuent d’exercer une pression supplémentaire sur la croissance et les finances publiques. À moyen terme, les perspectives du Niger reposent sur l’évolution du secteur pétrolier, dont les perspectives d’exploitation sont incertaines, compte tenu de la chute des prix du baril.
« La pandémie a perturbé les modes de vie et les moyens de subsistance des Nigériens. Nous devons redoubler d’efforts afin de réduire la pauvreté et les inégalités, et restaurer et pérenniser les acquis en matière de capital humain », insiste Joelle Dehasse, responsable des opérations de la Banque mondiale pour le Niger. « Pour cela, il est essentiel d’élargir et d’augmenter les programmes d’assistance sociale, comme les transferts monétaires aux populations vulnérables, afin de compenser ces pertes de revenus et d’accroitre la résilience des ménages aux chocs. »
Pour atténuer l’impact de la pandémie de la COVID-19 sur l’économie du pays, les auteurs du rapport préconisent une réponse axée autour de trois volets :
- Prioriser l’action sanitaire afin de protéger des vies dans l’immédiat ;
- réaffecter les dépenses afin de financer la mise en œuvre de mesures de protection des emplois et des moyens de subsistance ;
- relancer l’économie, notamment à travers des politiques en faveur de l’amélioration de l’accès à l’eau potable et à l’électricité.
Le Groupe de la Banque mondiale, l’une des principales sources de financements et de connaissances pour les économies en développement, prend des mesures rapides et de grande envergure en vue d’aider ces pays à renforcer leur action contre la pandémie. Il s’attache à appuyer les interventions de santé publique et à garantir la circulation de fournitures médicales de première nécessité tout en soutenant le secteur privé pour permettre aux entreprises de poursuivre leurs activités et maintenir les emplois.
Le Groupe de la Banque mondiale prévoit de mobiliser jusqu'à 160 milliards de dollars sur une période de 15 mois qui s'achèvera en juin 2021, afin d’aider plus de 100 pays à protéger les populations pauvres et vulnérables, soutenir les entreprises et favoriser le redressement de l’économie. Ce montant comprend notamment 50 milliards de dollars sous forme de nouveaux dons et de prêts à des conditions très favorables fournis par l’IDA, ainsi qu’une enveloppe de 12 milliards de dollars destinée à financer l'achat et la distribution de vaccins contre la COVID-19 dans les pays en développement.