Ouagadougou, 1e octobre 2020 – Un nouveau rapport publié aujourd’hui par la Banque mondiale présente la situation de l’économie et de la pauvreté au Burkina Faso, avant la pandémie de coronavirus (COVID-19) et analyse l’impact possible de la pandémie sur la macroéconomie et la pauvreté en 2020. À court terme, l’étude envisage plusieurs scénarios, avec un recul du taux de croissance qui s’établirait dans une fourchette de 2 % à -3,5 % en 2020, et un taux d’extrême pauvreté qui devrait augmenter pour la première fois depuis plus d’une décennie.
« La crise de COVID-19 souligne l'urgente de prendre des mesures fortes pour endiguer la pandémie, renforcer la résilience des populations les plus vulnérables et augmenter la capacité du pays à anticiper et mieux gérer les crises similaires dans le futur », explique Maimouna Fam Mbow, responsable des opérations de la Banque mondiale pour le Burkina Faso. « Ce rapport propose des pistes d’action pour préparer les bases d’une relance économique forte et inclusive. »
Intitulée Burkina Faso - Note sur la situation de l’économie et de la pauvreté au temps de la COVID-19, l’étude indique que les entreprises paient déjà un lourd tribut du fait des mesures de distanciation sociale prises au deuxième trimestre 2020, et plus généralement du ralentissement économique. Les fermetures temporaires d’entreprises, la réduction des heures de travail, les mesures de confinement ont particulièrement touché le secteur des services, plus précisément la restauration et l’hôtellerie, le commerce et les transports. De surcroît, dans certaines régions, la double crise sécuritaire et humanitaire a tendance à réduire la disponibilité de main-d’œuvre ce qui affecte négativement la production, en particulier dans les secteurs minier et agricole. Tous ces facteurs, conjugués à la récession économique mondiale affectent négativement et durablement l’économie du Burkina Faso.
Sur le plan de la pauvreté, l’impact de la pandémie de COVID-19 devrait également affecter sévèrement les ménages. Selon des estimations préliminaires, près de 500 000 personnes pourraient sombrer dans l’extrême pauvreté d’ici la fin de l’année 2020 du fait de la crise de COVID-19, et ce nombre pourrait atteindre 1 million d’ici fin 2021. À court et moyen termes, la plupart des ménages subiront des pertes directes de revenus en raison de licenciements, du ralentissement de l’activité économique, ou encore de la réduction des envois de fonds des migrants. À long terme, une dégradation du capital humain est à redouter : par exemple, la fermeture temporaire d'écoles risque de réduire les temps d’apprentissage et d’augmenter les taux d'abandon scolaire, en particulier chez les filles et les plus vulnérables.
Pour minimiser les effets négatifs de la pandémie de COVID-19 sur l’économie et la pauvreté, les auteurs du rapport préconisent des mesures pour renforcer les systèmes de santé publique et de protection sociale. Ils rappellent également la nécessité de protéger les emplois, les micros, petites et moyennes entreprises, tout en veillant à la sécurité alimentaire. Par ailleurs, ils soulignent l’urgence de maintenir les services publics essentiels, notamment ceux du secteur de l’éducation.
« Cette étude propose une stratégie variée de riposte à la crise visant à renforcer la productivité dans les secteurs agricole et des services ; renforcer la capacité de riposte et de résilience de l’État face aux crises ; et d’améliorer la transparence et la responsabilité budgétaires », explique Daniel Pajank, économiste principal de la Banque mondiale pour le Burkina Faso et co-auteur du rapport.