WASHINGTON, 30 juin 2020 — Le Conseil des administrateurs de la Banque mondiale a approuvé aujourd’hui l’octroi d’une enveloppe de 425 millions de dollars de l’Association internationale de développement (IDA)* pour le financement des infrastructures en Afrique de l’Est et australe. Le projet de Fonds régional de financement des infrastructures (ou RIFF selon son acronyme en anglais) vise à élargir l’accès au financement à long terme pour les entreprises privées actives dans les secteurs de l’énergie, du transport et de la logistique, ainsi que dans les secteurs sociaux. Il s’agit du premier fonds régional de ce type en Afrique.
L’Est et le Sud du continent sont aux prises avec des infrastructures défaillantes, en particulier dans le secteur de l’énergie. La production effective d’énergie électrique y est inférieure de 20 à 30 % à la capacité installée en raison de la sécheresse, d'un manque d'entretien et des pertes des réseaux de transport et de distribution. Ces déficits amputent d’environ 2 % la croissance du PIB dans la plupart des pays de la région, et privent d’électricité un grand nombre de ses habitants. Par ailleurs, les importants investissements publics engagés dans le financement des infrastructures contribuent à aggraver la vulnérabilité de la dette de ces pays dont près de la moitié étaient déjà surendettés avant l’apparition du coronavirus.
« La pandémie de COVID-19 compromet les progrès réalisés sur le plan du développement au cours des dernières années, déplore Deborah Wetzel, directrice de l’intégration régionale pour l’Afrique subsaharienne, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à la Banque mondiale. Cette nouvelle opération contribuera à combler le déficit chronique de ressources dont souffrent les infrastructures grâce à une approche régionale dont l’objectif est de mobiliser environ 975 millions de dollars de financements privés en plus des fonds apportés par l’IDA. Il faut pour cela une stratégie plus large axée à la fois sur l’instauration d’un environnement porteur pour la mobilisation des capitaux privés, une gestion rationnelle de la dette publique, des projets économiquement viables, des financements à long terme et des mesures d’atténuation des risques. »
Par le biais de la Banque de commerce et de développement pour l’Afrique de l’Est et australe (TDB), le RIFF fournira des financements à long terme en faveur des infrastructures avec l’objectif de contribuer à la création d’emplois et de favoriser les échanges et les flux d’investissement ou les transferts de technologies entre les pays de la région. Il facilitera l’accès au financement par emprunt pour les PME de la filière des infrastructures et de l’électrification hors réseau en les aidant à poursuivre leurs activités et à grandir en investissant des marchés mal desservis. Il privilégiera les solutions solaires hors réseau, ce qui permettra, dans le contexte de la pandémie de COVID-19, de préserver les moyens de subsistance des ménages en appuyant des microentreprises qui jouent un rôle essentiel dans la génération de revenus au sein des collectivités démunies.
Le projet promeut une approche régionale pour répondre aux besoins de financement des entreprises privées d’infrastructures en renforçant la capacité des institutions régionales — TDB et Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA) — à offrir une source de financement à plus long terme et durable et à soutenir la mise en place d’un environnement porteur. Les infrastructures sont appelées à constituer l’un des principaux moteurs de la reprise économique post-coronavirus.
Ce projet marque la première collaboration de l’IDA et de l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) — la branche du Groupe de la Banque mondiale qui fournit des instruments d’assurance contre les risques politiques et de rehaussement de crédit — en faveur d’une banque de développement régionale. La MIGA fournira en effet à la TDB une garantie inédite de 334,4 millions d’euros pour un prêt de dix ans contracté auprès de banques commerciales privées qui l’aidera à élargir ses activités d’octroi de crédits commerciaux. Ces deux opérations de l’IDA et de la MIGA sont complémentaires et visent les deux principales activités de la TDB, à savoir le financement des infrastructures et le financement du commerce.
* L’Association internationale de développement (IDA) est l’institution de la Banque mondiale qui aide les pays les plus pauvres de la planète. Fondée en 1960, elle accorde des dons et des prêts à taux faible ou nul pour financer des projets et des programmes de nature à stimuler la croissance économique, réduire la pauvreté et améliorer la vie des plus démunis. L’IDA figure parmi les principaux bailleurs de fonds des 76 pays les plus pauvres de la planète, dont 39 se trouvent en Afrique. Ses ressources bénéficient concrètement à 1,6 milliard de personnes. Depuis sa création, l’IDA a soutenu des activités de développement dans 113 pays. Le volume annuel de ses engagements s’est élevé en moyenne à 21 milliards de dollars au cours des trois dernières années, 61 % environ de ce montant étant destinés à l’Afrique.