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COMMUNIQUÉS DE PRESSE 09 février 2020

Moyen-Orient et Afrique du Nord : l’intégration des territoires laissés-pour-compte est indispensable à la croissance économique et à l’inclusion sociale

9 février 2020, ABOU DHABI – Dans un nouveau rapport présenté aujourd’hui à l’occasion du Forum urbain mondial, (MENA) et propose des moyens pour remédier à ces disparités territoriales.  

Selon ce rapport intitulé en anglais Convergence : Cinq étapes critiques vers l’intégration des territoires retardataires et avancés au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, il est indispensable d’améliorer les opportunités et les services sociaux dans les gouvernorats, les villes et les villages économiquement éloignés des grandes zones métropolitaines pour parvenir à accélérer la croissance économique et l’inclusion sociale dans la région. Ne laisser aucun territoire sur le bord de la route ne signifie pas pour autant qu’il faille déployer les mêmes politiques et investissements dans l’ensemble de la région. Au contraire, les actions doivent être adaptées aux contraintes et aux systèmes institutionnels locaux. 

« Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, les facteurs territoriaux jouent un rôle prépondérant dans la prospérité. Les gouvernements de la région ont pris de multiples mesures pour tenter de répondre aux besoins des populations des zones en retard, où d’importants investissements ont été effectués, explique Sameh Wahba, directeur mondial du pôle Développement urbain, gestion du risque de catastrophe, résilience et foncier à la Banque mondiale. Pour créer des emplois dans les zones défavorisées, les responsables politiques ont par exemple essayé d’y implanter de nouvelles installations de production. Et pour répondre à la demande de logements et d’équipements décents dans les quartiers urbains pauvres, d’importantes sommes ont été investies dans d’énormes projets immobiliers. »

Cependant, souligne M. Wahba, « les disparités territoriales continuent de se creuser, ou se réduisent plus lentement qu’attendu compte tenu du volume des investissements affectés à ces zones. Pourquoi ? Parce que les causes de l’exclusion territoriale ne sont pas géographiques ni physiques, mais d’ordre économique et institutionnel. »  

Le rapport met en évidence les principales raisons de cette fragmentation économique :

  • Un environnement difficile pour les entreprises : la plupart des zones « retardataires » de la région MENA n’ont pas pu pleinement tirer parti de leurs atouts et capacités, car l’environnement économique et les infrastructures de leurs villes et agglomérations entravent la création et la croissance de nouvelles entreprises. De fait, en dehors des capitales, les petites villes n’ont jamais les pouvoirs nécessaires pour collecter leurs propres recettes et gérer la prestation de services locaux. 
  • Le manque de mobilité : la majorité des habitants des territoires à la traîne sont incapables de profiter pleinement des emplois qu’offrent les économies urbaines plus dynamiques. L’immobilité des populations est sans doute largement imputable à des systèmes éducatifs axés plus sur le sésame des diplômes que sur l’acquisition de compétences transférables.
  • Les barrières aux échanges : les gouvernements de la région MENA ont érigé de redoutables obstacles au commerce et à la migration. Il s’agit principalement de restrictions en matière d’information et de contraintes pratiques qui entravent les voyages et les échanges commerciaux (difficultés d’obtention de visas, insuffisance des infrastructures, problèmes logistiques, etc.).

« La région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord souffre d’un développement territorial ”divergent”. Les soulèvements du Printemps arabe traduisaient en partie les revendications de citoyens laissés-pour-compte, du fait notamment du hasard de leur lieu de naissance, note Somik Lall, responsable mondial pour les solutions de développement territorial à la Banque mondiale, économiste principal pour le développement durable dans la région MENA et coauteur du rapport. Malgré des trajectoires nationales diverses, toutes les nations de la région ont en commun un même objectif : améliorer la situation des habitants des territoires laissés-pour-compte. »  

Le rapport se penche sur les causes économiques et institutionnelles de ces disparités et identifie les cinq grandes mesures qui permettront aux pays de la région MENA de s’engager sur la voie d’une convergence territoriale : 

  1. Renforcer la coordination et les complémentarités entre les initiatives. Les stratégies de développement ont plus de chances de réussir si elles sont multidimensionnelles et s’attachent à améliorer en un même lieu l’accès à l’énergie, aux transports, à la terre et aux marchés, en procédant par étapes ou simultanément. À cette fin, il est important d’ancrer les investissements dans les villes et leurs environs.
  2. Redistribuer les rôles et les responsabilités entre les différents niveaux de gouvernement. Les citoyens des différentes régions d’un pays ont des besoins divers, et les conditions locales exigent des modèles de fourniture de services souples. Le transfert aux collectivités locales de prérogatives pour la génération de recettes et la fourniture de services permet de les renforcer et de les responsabiliser.
  3. Favoriser la mobilité des personnes entre les zones retardataires et avancées. En moyenne, les habitants de la région MENA sont deux fois moins mobiles à l’intérieur de leur pays que ceux d’autres régions du monde. Or, nos études montrent que le niveau de vie des personnes qui s’installent dans les grandes villes peut augmenter de 37 % en moyenne dans la région. Les systèmes éducatifs de la région doivent être réorientés vers l’acquisition de compétences recherchées sur le marché.
  4. Construire des villes denses et connectées. Les villes bien gérées offrent un large éventail d’emplois, pour les femmes comme pour les hommes. Il est essentiel d’améliorer l’efficacité des marchés fonciers urbains pour permettre l’agglomération et la spécialisation des activités — deux dynamiques qui favorisent la création d’emplois et la prospérité économique. Que ce soit dans les grandes villes ou dans les villes secondaires, l’agglomération et la spécialisation reposent sur les gains que procure une forte concentration géographique de l’activité économique. Pour favoriser cette densité économique, le tissu urbain doit être spatialement connecté, démographiquement dense et axé sur les transports en commun, à l’opposé des processus d’étalement qui perpétue la dispersion des personnes et des emplois. Les autorités responsables de la planification et de la réglementation peuvent inciter les entreprises à investir dans les villes en réduisant les obstacles auxquels elles sont confrontées : règlements de zonage, entraves à l’acquisition et à la construction de biens immobiliers (coûts, limites de hauteur et de densité), difficultés d’enregistrement et de délivrance de permis, restrictions en matière d’information ou encore obstacles au développement des réseaux d’entreprises locaux.
  5. Améliorer l’accès au marché aux niveaux national et régional. Les villes de la région MENA faisaient autrefois partie d’importants réseaux commerciaux internationaux, et bon nombre d’entre elles sont encore aujourd’hui de grandes agglomérations urbaines. Sous l’effet de l’action des gouvernements de la région, ces réseaux mondiaux se sont localisés. Il est aujourd’hui indispensable de leur donner des dimensions nationale et régionale. En commençant notamment par renforcer les liens transfrontaliers : réduction des tarifs douaniers, amélioration de la logistique, facilitation des échanges et instauration de protocoles de migration. Ces efforts permettront de développer les économies et de fournir ainsi des ressources de redistribution indispensables en faveur des zones à la traîne.

De fait, la publication encourage l’intégration au sein de la région MENA, en argumentant que celle-ci permettra de faire tomber les barrières entre les pays, relier les entreprises à des marchés de plus grande taille, et favoriser des économies d’échelle et d’agglomération toujours plus importantes avec une spécialisation dans la production de biens et de services marchands.

« Tous les échelons de gouvernement — national, provincial et local — ont un rôle à jouer, insiste M. Lall.  En s’assurant que toutes les interventions répondent systématiquement aux besoins essentiels de tous, on peut amener vers l’emploi un grand nombre des habitants de ces territoires oubliés. »

 
 

COMMUNIQUÉ DE PRESSE N° : 2020/113/GPURL

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