Pour cela, tout le monde doit s’engager — les gouvernements, les familles et les communautés
WASHINGTON, 17 octobre 2019 — Le Groupe de la Banque mondiale a fixé aujourd’hui une nouvelle cible à atteindre à l’horizon 2030 : réduire au moins de moitié la pauvreté des apprentissages dans le monde. La pauvreté des apprentissages correspond au pourcentage d’enfants ne sachant ni lire ni comprendre un texte simple à dix ans.
En s’appuyant sur une base de données constituée avec l’Institut de statistique de l’UNESCO, la Banque mondiale estime que 53 % des enfants dans les pays à revenu faible et intermédiaire sont incapables de lire et comprendre un texte simple en fin de cycle primaire. Dans les pays pauvres, ce taux atteint même 80 %. Or le niveau élevé de la pauvreté des apprentissages est un signe avant-coureur que toutes les cibles mondiales relatives à l’éducation et, avec elles, d’autres objectifs de développement durable connexes risquent de ne pas être atteints.
« L’atteinte de cette cible d’apprentissage est cruciale pour notre mission, souligne David Malpass, président du Groupe de la Banque mondiale. La lutte contre la pauvreté des apprentissages passe par des réformes d’ensemble visant à garantir l’efficacité de l’utilisation des ressources intérieures. La nouvelle cible à atteindre souligne l’urgence des investissements pour améliorer l’enseignement et mieux coordonner les priorités d’apprentissage fondamentales. »
Cette initiative ambitieuse s’inscrit dans la continuité du Projet pour le capital humain, qui entend accélérer les investissements dans les populations en gagnant l’adhésion des responsables politiques à cette cause. Une grande partie des écarts d’indice de capital humain — une mesure des progrès de chaque pays en matière de santé, d’éducation et de survie — s’explique en effet essentiellement par les différences de performance dans l’éducation.
« L’éducation, nous le savons, est un facteur déterminant de l’égalité des chances, rappelle Annette Dixon, vice-présidente du Groupe de la Banque mondiale pour le Développement humain. De nombreux pays sont parvenus à éliminer quasi totalement la pauvreté des apprentissages, affichant des taux inférieurs à 5 %. Mais ailleurs, ce niveau reste incroyablement élevé, compromettant l’avenir de millions d’enfants. C’est moralement et économiquement inacceptable. En fixant cette cible d’apprentissage, il s’agit de mobiliser toutes les énergies pour parvenir à atteindre un objectif ambitieux mais réalisable. »
Plusieurs pays en développement ont démontré qu’il était possible d’accélérer la cadence des progrès dans ce domaine. Le Kenya a opté pour une stratégie combinant accompagnement des enseignements en faisant appel à des outils technologiques, guides pour les enseignants et distribution d’un manuel scolaire par élève avec un contenu (en anglais et en kiswahili) adapté aux différents niveaux. En Égypte, le gouvernement a revu ses programmes scolaires et son système d’évaluation en axant la réforme sur les acquis et non plus sur les diplômes, avec une évaluation continue des élèves tout au long de l’année. Au Viet Nam, l’adoption d’un programme national clair et explicite, la disponibilité quasi universelle de manuels et le recul de l’absentéisme des élèves et des enseignants expliquent les résultats remarquables du pays sur le front des acquis scolaires.
Malheureusement, les progrès restent dramatiquement lents dans de nombreux autres pays. Quand bien même ils progressaient au meilleur rythme de ces 20 dernières années, ils ne pourraient pas atteindre l’objectif fixé d’ici 2030.
« La réduction au moins de moitié de la pauvreté des apprentissages est un objectif réalisable, à condition de s’engager profondément sur le plan politique, financier et administratif et d’impliquer l’ensemble des responsables gouvernementaux, précise Jaime Saavedra, directeur du pôle Éducation au sein du Groupe de la Banque mondiale. Ramener la pauvreté des apprentissages à zéro — c’est-à-dire faire en sorte que tous les enfants apprennent à lire — est un objectif de développement tout aussi impérieux que mettre fin à l’extrême pauvreté ou à la faim. Tous les enfants ont le droit de savoir lire. Pour cela, il faut engager un dialogue national dans chaque pays, qui permettra de définir les modalités d’action pour éliminer la pauvreté des apprentissages, en fixant une date butoir et des cibles intermédiaires à moyen terme. »
Pour aider les pays à atteindre cet objectif et améliorer le capital humain de leurs populations, la Banque mondiale va privilégier trois axes d’action :
- Un train de mesures axé sur l’alphabétisation et reposant sur des interventions dans les pays qui ont fait la preuve de leur efficacité pour améliorer les niveaux de lecture à grande échelle : obtenir un engagement politique et technique en soutien à l’alphabétisation, sous-tendu par des plans correctement financés ; introduire un enseignement efficace en privilégiant une pédagogie extrêmement structurée et performante ; affecter les enseignants dans des classes adaptées à leur niveau et leur dispenser une formation continue pratique ; garantir l’accès de tous les élèves à des textes et des manuels ; et instruire les enfants dans leur langue maternelle.
- Une approche de l’éducation totalement refondue pour consolider les systèmes éducatifs dans leur ensemble et faire en sorte que les progrès de l’alphabétisation soient durables et extensibles et débouchent sur la réalisation de tous les autres résultats éducatifs. Cette stratégie repose sur cinq piliers : des élèves prêts à apprendre et ayant envie d’apprendre ; des enseignants efficaces et valorisés ; des salles de classe équipées pour l’apprentissage ; des écoles sûres et inclusives ; et un système d’éducation bien géré.
- Un programme ambitieux de mesure des résultats et de recherche, qui permette de quantifier les progrès de l’apprentissage et les facteurs à l’origine de ces performances avec, en parallèle, la poursuite de recherches orientées vers l’action et d’innovations, y compris en faisant appel aux nouvelles technologies, pour comprendre comment développer des compétences fondamentales.
La situation exige un changement rapide, à grande échelle et devant toucher le plus grand nombre, ce qui passe nécessairement par le recours à la technologie. Des infrastructures numériques et des systèmes d’information ouverts permettront de garantir l’acheminement des ressources pour tous les enseignants, tous les élèves et tous les établissements scolaires.
En outre, seule une amélioration radicale des capacités de mesure de l’apprentissage, notamment dans les pays à faible revenu, permettra de suivre les progrès. Un partenariat entre la Banque mondiale et l’Institut de statistique de l’UNESCO aidera les pays à renforcer leurs systèmes d’évaluation des acquis et améliorer la richesse et la qualité de leurs données dans le but de mieux suivre l’évolution de leurs performances à l’aide d’indicateurs comparables à l’échelle internationale. Enfin, grâce à la nouvelle plateforme d’évaluation des apprentissages de la Banque mondiale, chaque pays pourra apprécier plus finement les performances de ses élèves.
Pour en savoir plus et consulter le nouveau rapport intitulé Ending Learning Poverty: What will it take?, rendez-vous sur : www.worldbank.org/education