WASHINGTON, 12 février 2019 — Le Mozambique et la République démocratique du Congo (RDC) — deux pays africains dotés de ressources forestières d’importance mondiale — ont signé avec la Banque mondiale des accords historiques qui récompensent les efforts déployés par les populations locales pour réduire les émissions de carbone en luttant contre le déboisement et la dégradation des forêts.
Le 1er février, le Mozambique a signé un Contrat d’achat de réductions d’émission (CARE) qui a débloqué en sa faveur des paiements basés sur les résultats d’un montant pouvant aller jusqu’à 50 millions de dollars. Signé en fin d’année dernière, le CARE de la RDC a ouvert la voie à de futurs paiements pouvant atteindre 55 millions de dollars au titre de réductions vérifiées d’émission. Les paiements proviendront du Fonds carbone du Fonds de partenariat pour la réduction des émissions dues à la déforestation (FCPF), partenariat mondial hébergé par la Banque mondiale.
« Il est essentiel de prévenir la déforestation et de reconstituer nos forêts pour bâtir un avenir plus sûr, climatiquement résilient et plus prospère au profit des populations du monde entier. En créent des incitations financières poussant les populations locales à gérer leurs forêts de façon durable, ces contrats de paiement changent la donne », souligne Laura Tuck, vice-présidente de la Banque mondiale pour le développement durable.
Environ 43 % du territoire mozambicain est couvert de forêts naturelles (34 millions d’hectares) qui ont subi de graves dégradations au fil des années. Au Mozambique, le programme de gestion intégrée des écopaysages du Zambézia vise à réduire le déboisement et la dégradation forestière tout en améliorant les conditions de vie des populations rurales dans neuf districts de la province de Zambézia. Le programme accordera des paiements basés sur les résultats au titre de la réduction des émissions dans le but de réduire de 10 millions de tonnes les émissions de carbone à l’horizon 2024.
Outre les réductions d’émission, ces programmes sont censés contribuer à améliorer les moyens de subsistance des populations, y compris les possibilités d’activité économique dans le cadre d’une utilisation des terres intelligente sur le plan climatique, ainsi que la préservation de la biodiversité et des écosystèmes.
« Cet accord est un important pas en avant dans le cadre des efforts déployés par le Mozambique pour lutter contre le changement climatique. Le Mozambique est déterminé à jouer un rôle actif et à mettre en œuvre de vigoureuses mesures d’ampleur mondiale en faveur de la réduction des émissions dues au déboisement et à la dégradation des forêts. La Banque mondiale et le FCPF ont contribué de façon déterminante à la négociation et à la signature de cet accord », constate Celso Correia, ministre des Questions foncières, de l’Environnement et de l’Aménagement rural.
Le Mozambique et la RDC sont les premiers des 19 pays membres du Fonds carbone du FCPF à signer de tels contrats de paiement. Au cours des douze prochains mois, les autres pays du Fonds carbone devraient signer des accords similaires dont l’exécution s’étalera jusqu’en 2024.
La RDC abrite la deuxième plus vaste forêt pluviale tropicale au monde, qui sert à la fois de puits de dioxyde de carbone et de mécanisme régulateur dans la lutte contre le changement climatique. Il est nécessaire de prendre des mesures au plan international pour lutter contre le déboisement et la dégradation des forêts : plus de 300 000 hectares ont été perdus entre 2010 et 2015.
« Ce sont les populations forestières qui profiteront véritablement de l’accord. Il permettra à la RDC de mobiliser des financements publics et privés à long terme pour proposer d’autres scénarios que la déforestation et récompenser les efforts en faveur de l’atténuation du changement climatique, de la réduction de la pauvreté et de la gestion durable des ressources naturelles. Il s’agit d’une étape majeure de la mise en œuvre de la vision d’un développement vert du pays, qui contribue à l’application de l’Accord de Paris et à la réalisation des Objectifs de développement durable », estime Yav Mulang ministre des Finances de la République démocratique du Congo.
Depuis 2010, la RDC collabore avec la Banque mondiale et d’autres partenaires au développement du programme de réduction des émissions de la province de Maï-Ndombe. Le programme a déjà installé plus de 13 000 hectares de mises en défens (zones protégées des feux de brousse) et près de 4 000 hectares de plantations d’acacia. En outre, il a amélioré les moyens de subsistance des agriculteurs très pauvres et a réduit la pratique de l’agriculture sur brûlis à l’origine de déboisements et d’émissions de carbone.