WASHINGTON, 18 juin 2018 – La Banque mondiale a annoncé aujourd’hui un financement additionnel de 130 millions de dollars en faveur de la décentralisation en Tunisie, un processus qui confère aux autorités locales la responsabilité de répondre aux besoins de développement de leur collectivité. Ce financement additionnel est destiné au Programme de développement urbain et de gouvernance locale, dont le principal objectif est de doter les collectivités locales des capacités nécessaires pour gérer leur propre budget et d’associer les citoyens aux décisions d’investissement, afin de favoriser le développement économique local. Il permettra de prolonger ce programme de trois ans (jusqu’en 2023), d’étendre le nombre de bénéficiaires à 2,7 millions de Tunisiens supplémentaires, afin de tenir compte de l’expansion des frontières municipales, et de fixer des objectifs plus ambitieux.
Le programme en cours a déjà permis aux autorités tunisiennes de franchir plusieurs étapes. Celles-ci ont notamment lancé un nouveau système de versement des dotations de l’État aux municipalités. Ce système repose sur un ensemble d’obligations minimales destinées à inciter les collectivités locales à améliorer leur gestion financière et planification budgétaire ainsi qu’à associer les citoyens dans la prise de décisions. L’an dernier, 76 % des municipalités ont dépassé l’objectif fixé pour l’année. Les collectivités locales ont ainsi lancé ou achevé des projets d’infrastructure au profit de quelque 7 millions de Tunisiens. Le programme a en outre financé l’instauration de subventions pour encourager les investissements dans des quartiers particulièrement sous-équipés, au bénéfice d’environ 450 000 habitants. En réponse aux demandes exprimées par les femmes en particulier, ces investissements ont notamment porté sur l’amélioration de l’éclairage public, qui a pour effet non seulement d’accroître la sécurité mais aussi de favoriser l’ouverture tardive des commerces.
« La décentralisation doit accompagner l’autonomisation des municipalités pour qu’elles parviennent à planifier, mettre en place et fournir des infrastructures et des services efficaces, affirme Zied Ladhari, ministre du Développement et de la Coopération internationale. Notre collaboration avec la Banque mondiale nous a permis d’introduire une nouvelle méthode de transfert des subventions aux régions et de renforcer les capacités des municipalités, afin qu’elles puissent endosser ce rôle nouveau. Et l’élargissement du programme nous aidera à atteindre notre objectif : faire en sorte que tous les citoyens aient accès à des services de qualité et puissent demander des comptes aux élus. »
La Tunisie a accompli cette année des progrès considérables sur le front de la décentralisation, avec la tenue d’élections municipales et l’adoption d’une nouvelle loi accordant davantage d’autonomie aux municipalités. Alors que ces avancées vont susciter un surcroit d’attentes chez les citoyens, le financement additionnel approuvé aujourd’hui aidera les collectivités municipales à y répondre. Les objectifs de performance des autorités locales, soumis à un audit annuel, ont été relevés. Celles-ci bénéficieront parallèlement d’un plus grand pouvoir discrétionnaire pour mettre en œuvre des projets de modernisation urbaine dans les quartiers sous-équipés. Il s’agit d’inciter encore davantage les collectivités locales à améliorer leur gestion financière et la fourniture des services, mais aussi à associer leurs administrés à la planification d’investissements d’infrastructure qui contribueront à la fois à améliorer la qualité de vie et à créer des débouchés économiques.
« Depuis la révolution de 2011, la Tunisie s’efforce en priorité de remédier aux disparités territoriales dans l’accès aux services essentiels, affirme Marie Françoise Marie-Nelly, directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb et Malte. En donnant aux autorités locales, qui sont les plus proches des citoyens et les mieux à même de comprendre leurs besoins, les moyens de mener à bien leur mandat, on renforcera l’inclusion sociale et économique, mais aussi la confiance sur laquelle repose le nouveau contrat social. »
Le financement additionnel aidera les collectivités locales à fournir des services et à répondre aux attentes de la population, car elle améliorera leurs capacités de gestion des ressources humaines et des investissements. Il appuiera également des mesures visant à accroître la transparence et l’accès à l’information, de sorte à encourager les municipalités à rendre davantage de comptes à leurs administrés. Cela passera par l’utilisation de technologies permettant aux citoyens d’accéder plus facilement à l’information sur les décisions et les dépenses, et par la mise en place de systèmes de réclamation plus efficaces.
Selon les deux co-responsables du projet à la Banque mondiale, Ayah Mahgoub, spécialiste senior du développement urbain et Simon Carl O'Meally, spécialiste senior de la gestion du secteur public, la Tunisie se trouve à un moment unique. Et de souligner que l’ambition accrue du programme témoigne des réalisations et des attentes des Tunisiens, qui souhaitent que leurs autorités locales soient plus réactives et plus efficaces, et leurs villes plus dynamiques.