WASHINGTON, 18 juin 2018 – Après une catastrophe naturelle, les pays qui reconstruisent mieux, plus vite et en faisant preuve de davantage de solidarité peuvent atténuer jusqu’à 31 % l’impact de l’événement sur les niveaux de vie et le bien-être de la population et ramener ainsi potentiellement le montant annuel des pertes dans le monde de 555 milliards à 382 milliards de dollars. C’est ce que conclut un nouveau rapport de la Banque mondiale et de la Facilité mondiale pour la prévention des risques de catastrophes et le relèvement (GFDRR) publié aujourd’hui.
L’ouvrage, intitulé Building Back Better: Achieving resilience through stronger, faster and more inclusive post-disaster reconstruction (a), évalue la résilience socioéconomique et l’impact des catastrophes sur le bien-être, à partir d’un échantillon de 149 pays, dont 17 petits États insulaires, représentant ensemble 95,5 % de la population mondiale.
Selon cette étude, l’amélioration des efforts de redressement et de reconstruction après une catastrophe peut induire une réduction moyenne des pertes de 59 % par an, et c’est particulièrement vrai pour les petits États insulaires. Sachant que dans dix pays particulièrement exposés (Antigua-et-Barbuda, la Dominique, le Guatemala, la Trinité-et-Tobago, le Zimbabwe, le Myanmar, le Belize, le Vanuatu, le Pérou et l’Angola), le fait de reconstruire en mieux permettrait de réduire la facture totale de plus de 60 %.
« Reconstruire en mieux et avec des matériaux plus solides après une catastrophe naturelle est l’un des moyens les plus efficaces pour enrayer la spirale de la pauvreté et de la vulnérabilité dans laquelle individus et collectivités peuvent se retrouver piégés, explique John Roome, directeur principal chargé des questions climatiques à la Banque mondiale. Avec l’intensification du changement climatique et l’aggravation de ses effets, nous devons mettre encore plus l’accent sur des processus de redressement et de reconstruction plus résilients, réactifs et solidaires. »
Le rapport analyse les effets bénéfiques possibles de processus de reconstruction améliorés capables d’atténuer l’impact global d’une catastrophe sur les populations touchées, mais aussi de réduire les risques futurs et de renforcer la résilience. S’appuyant sur les conclusions et la méthodologie d’un récent rapport intitulé Unbreakable qui prenait en compte l’extrême vulnérabilité des pauvres, les auteurs s’attachent à trois aspects :
- Reconstruire plus solidement permettrait d’atténuer les futures déperditions de niveau de vie en veillant à ce que les infrastructures et les logements remis sur pied résistent à des phénomènes plus intenses. Si tous les actifs bâtis après une catastrophe étaient conçus pour supporter des catastrophes récurrentes, les pertes annuelles seraient réduites de 12 % en 20 ans, avec un gain de 65 milliards de dollars par an.
- Reconstruire plus vite permettrait de réduire les pertes de niveau de vie de 14 %, soit l’équivalent d’un gain de 75 milliards de dollars. Ces économies sont particulièrement cruciales pour les pays pauvres exposés à des chocs plus fréquents, comme les petits États insulaires ou les pays d’Afrique subsaharienne.
- Reconstruire dans un esprit plus solidaire permet d’assurer que l’assistance prodiguée après une catastrophe parvienne bien à toutes les victimes et que personne ne reste au bord de la route, sans rien pour rebondir. Cela permettrait de réduire les pertes de 9 %, l’équivalent de 52 milliards de dollars de gains.
En conjuguant ces trois impératifs — solidité, rapidité et inclusion — dans les opérations de reconstruction, les gains totaux pourraient ressortir à 173 milliards de dollars par an. Le rapport ne se contente pas d’analyser ces trois aspects, puisqu’il insiste également sur les mesures d’anticipation, cruciales pour étayer le principe d’une reconstruction optimale.
« La période de la reconstruction est l’occasion de tirer les leçons du drame et de tout faire pour interrompre l’engrenage fatal des catastrophes récurrentes, souligne Ede Ijjasz-Vasquez, directeur principal du pôle mondial d’expertise en Développement social, urbain et rural, et résilience de la Banque mondiale. Même amélioré, le processus de redressement et de reconstruction ne peut pas remplacer les mesures de réduction et de prévention des risques, qui sont toujours les deux principaux leviers pour protéger les biens et, partant, les pertes de niveau de vie. Mais la préparation et un processus amélioré de reconstruction peuvent venir s’ajouter aux autres instruments de gestion des risques de catastrophe. »
Le rapport revient sur l’expérience de nombreux pays — de la Chine à la Dominique — qui ont optimisé leurs capacités à surmonter de nouvelles catastrophes naturelles et offrent ce faisant des enseignements reproductibles ailleurs pour garantir à tous un avenir plus résilient.