De la transition démographique à la transformation économique
KIGALI, 11 janvier 2018 – L’économie du Rwanda est en repli depuis le second semestre 2016, avec un taux de croissance annualisé de 3,4 % à la mi-2017. Selon la onzième édition des Cahiers économiques du Rwanda de la Banque mondiale, la croissance devrait cependant rebondir au cours du second semestre de cette année, pour atteindre 5,2 %, et s’accélérer en 2018 et 2019, sous l’effet de la reprise des investissements privés et publics et de la hausse de la productivité agricole.
Le rapport qui paraît aujourd’hui souligne la réduction des déséquilibres extérieurs et le redressement attendu des cours des exportations traditionnelles, comme les minerais, le thé et le café. Les auteurs mettent également en avant l’essor des produits d’exportation non traditionnels, appelés à devenir des sources importantes de croissance l’année prochaine grâce à un taux de change compétitif. Soit autant de facteurs qui favorisent les perspectives économiques du Rwanda à moyen terme.
« Alors que la marge de manœuvre budgétaire s’est réduite ces dernières années, il est important d’orienter les investissements publics vers des programmes qui ont une rentabilité économique élevée et de mieux gérer les risques budgétaires », note Aghassi Mkrtchyan, économiste senior à la Banque mondiale.
Cette édition, intitulée en anglais Rethinking Urbanization in Rwanda: from Demographic Transition to Economic Transformation, se penche sur les tendances et les caractéristiques de l’urbanisation au Rwanda, en analysant la contribution de ce phénomène au développement économique du pays. Les auteurs constatent une urbanisation rapide et un accroissement de la population citadine, doublés d’une expansion des agglomérations urbaines, notamment dans la périphérie de Kigali et autour des villes secondaires. Le rapport souligne également que le processus d’urbanisation s’est accompagné d’une création d’emplois non agricoles et d’une réduction de la pauvreté principalement dans les zones à forte densité et bien desservies.
Le rapport formule un certain nombre de recommandations à l’intention des pouvoirs publics pour parvenir à un aménagement urbain durable au Rwanda :
- Gérer les villes rwandaises comme un « portefeuille », dans lequel Kigali constitue le principal centre économique, les autres villes du pays exerçant diverses fonctions dans la géographie économique nationale ;
- Redéfinir les politiques de migration interne, en ne se contentant plus de simplement contrôler les flux mais en exploitant mieux les avantages qui découlent de ces mouvements démographiques ;
- S’attacher à renforcer les liens entre économies rurales et urbaines en créant un environnement propice aux investissements, plutôt que de décider de la localisation de ces ressources ;
- Accorder une importance capitale à la densification, en particulier dans les périphéries urbaines qui recèlent un potentiel encore inexploité du fait du manque de liaisons avec les centres-villes et les zones rurales environnantes ;
- Améliorer les processus d’aménagement urbain pour faire face à l’expansion rapide de Kigali, et, dans les autres villes, concentrer les investissements sur l’amélioration des services de base.
Les Cahiers économiques du Rwanda présentent et synthétisent l’évolution économique récente du pays, en la situant dans le cadre plus large de ses perspectives à moyen terme et de la conjoncture régionale et internationale. Ils analysent aussi les conséquences de ces tendances et des politiques mises en œuvre sur l’avenir de l’économie.