DAR ES-SALAAM, 1er juin 2017 — Le milieu naturel des villes africaines pâtit de l’urbanisation rapide du continent. Dans un nouveau rapport publié aujourd’hui et intitulé Greening Africa’s Cities (a), la Banque mondiale montre comment la protection de l’environnement peut accroître la productivité et la qualité de vie dans les villes, améliorer le potentiel touristique et renforcer la résilience face aux événements climatiques extrêmes.
Avec un revenu par habitant sensiblement plus faible qu’ailleurs dans le monde, une forte dépendance aux combustibles issus de la biomasse, une présence massive de quartiers informels mal desservis et une exposition marquée aux inondations et autres catastrophes écologiques, l’Afrique s’urbanise selon un processus singulier qui pèse lourd sur le milieu naturel des villes et détruit le patrimoine que constituent les espaces verts, les forêts et les ressources en eau.
« Le risque est bien réel de voir les villes africaines s’enfermer dans une trajectoire de “croissance sale” repoussant à plus tard l’impératif écologique, qui peut se révéler irréversible, coûteuse, inefficace et délétère en termes de bien-être », explique Roland White, expert mondial principal pour la gestion, la gouvernance et le financement des villes à la Banque mondiale et auteur principal du rapport.
Cependant, comme le souligne le rapport présenté à Dar es-Salaam à l’occasion du Greening Africa’s Cities Symposium, des solutions existent qui permettraient de modifier la trajectoire dans laquelle se sont engagées les villes africaines : il est en effet possible d’adopter, pour les zones à bâtir, une stratégie globale de développement « vert » qui remédie aux problèmes fondamentaux de la pollution et des déchets, de la surconsommation des ressources naturelles, de la disparition des écosystèmes et de la perte de biodiversité. Cette stratégie repose sur plusieurs axes d’action :
- S’attaquer aux problèmes de pollution en assurant un assainissement de base et des services de ramassage des déchets pour les populations mal desservies ;
- Gérer l’utilisation des ressources naturelles ;
- Contrôler le trafic et les émissions des véhicules ;
- Lutter contre des sources de pollution spécifiques à travers des interdictions et des incitations ;
- Protéger et restaurer le milieu naturel dans et autour des villes ;
- Combiner la construction d’infrastructures, l’aménagement du territoire et la gestion de l’environnement pour obtenir des résultats plus écologiques sur des interventions de développement urbain spécifiques ;
- Investir dans un programme de verdissement des villes ;
- Renforcer les institutions en charge d’un développement urbain respectueux de l’environnement ;
- Introduire des instruments de financement ciblés sur la gestion des impacts environnementaux à grande échelle.
« La dégradation du patrimoine naturel et des écosystèmes dans les villes africaines s’accompagne de coûts économiques, budgétaires et sociaux tangibles, depuis le renchérissement de la production de l’eau à la dégradation de l’attrait récréatif et touristique en passant par des problèmes de santé publique, des infrastructures endommagées ou la dévaluation des biens immobiliers, souligne Sanjay Srivastava, spécialiste principal de l’environnement à la Banque mondiale et l’un des collaborateurs du rapport. Fort heureusement, les villes africaines peuvent corriger leur trajectoire de développement et établir un rapport plus harmonieux entre l’environnement bâti et le milieu naturel. Mais cela passera par des mesures ciblées. »
« Un écosystème comme celui des zones humides en milieu urbain est souvent condamné à disparaître à partir du moment où il est fortement dégradé, et, avec lui, l’ensemble des services qu’il procure pour la production économique et le bien-être des habitants, ajoute Roland White. Mais avec des politiques adaptées et correctement financées, la qualité d’un cours d’eau ou l’atmosphère d’une ville peuvent être sensiblement améliorées dans des délais raisonnables. Des choix de ce type auront des conséquences majeures pour l’avenir économique et financier d’une ville. »
Selon Bella Bird, directrice des opérations de la Banque mondiale pour la Tanzanie, le Malawi, le Burundi et la Somalie, « les approches de développement urbain écologique sont bénéfiques pour l’environnement, mais aussi pour les citadins. En prenant ce virage, les villes africaines peuvent à la fois devenir plus rentables et préserver leur capital naturel. L’exemple de la Tanzanie nous montre qu’en restaurant des zones forestières et des bassins hydrographiques on peut réduire les risques d’inondations urbaines tout en tirant profit des gains économiques et sociaux que procure cette régénération de l’environnement, avec à la clé, également, des villes plus agréables à vivre et productives. »
Dans le monde entier, le Groupe de la Banque mondiale œuvre aux côtés des pays pour les aider à mieux faire face à des difficultés économiques, environnementales et sociales aujourd’hui de plus en plus nombreuses. Il collabore avec le secteur privé, les pouvoirs publics et la société civile pour mettre au point des stratégies de développement urbain qui permettent de bâtir des villes écologiques, performantes et résilientes aux catastrophes naturelles, ainsi que des économies compétitives capables de créer de nouveaux emplois pour le bénéfice de tous leurs habitants, et en particulier des plus pauvres.