- Près de la moitié des pays ont suivi des politiques contra-cycliques: dépenser durant les périodes difficiles et économiser dans les bons moments
- Les observateurs du marché s'attendent à ce que la croissance moyenne de la région soit positive cette année
- Pourtant, les comptes budgétaires se sont détériorés après six ans de ralentissement économique
WASHINGTON, le 18 avril 2017 - Selon un nouveau rapport semi-annuel de la Banque mondiale pour la région, on observe un développement positif, aujourd'hui plus que jamais, les pays d'Amérique latine et des Caraïbes poursuivent des politiques budgétaires contra-cycliques, dépensant davantage dans les moments difficiles et économisant dans les bons moments.
«A contre-courant: la politique budgétaire en Amérique latine et les Caraïbes dans une perspective historique» soutient que la transformation est significative pour une région qui a souvent poursuivi des dépenses pro-cycliques - augmentant les risques de surchauffe économiques en périodes de boom et rendant les récessions plus profondes durant les périodes difficiles.
Selon les prévisions du consensus, le produit intérieur brut dans la région devrait croître de 1,5 pour cent cette année et de 2,5 pour cent en 2018, mettant fin à six ans de ralentissement économique, y compris une récession au cours des deux dernières années. Si elles se concrétisent, les recouvrements attendus au Brésil et en Argentine alimenteront largement le retour à la croissance dans la région. La croissance du Mexique devrait s’élever à environ 1,4 pour cent, tandis que l'Amérique centrale et les Caraïbes maintiendront une croissance régulière d'environ 3,8 pour cent.
Cependant, les comptes budgétaires de nombreux pays ont souffert en raison du ralentissement prolongé. En 2016, 29 des 32 pays étaient confrontés à des déficits budgétaires, principalement en raison des dépenses plus élevées. La dette brute médiane pour la région s'élève à 50 pour cent du PIB. Toutefois selon le rapport, de nombreux pays se trouvent maintenant dans une meilleure position pour échapper à cette situation financière difficile, en rupture avec le passé.
"Les pays d'Amérique latine et des Caraïbes ont traditionnellement été pro-cycliques, soit en raison des pressions politiques pendant les bons moments, soit du manque d'accès au capital international pendant les mauvais moments", a déclaré Carlos Végh, économiste en chef de la Banque mondiale pour l'Amérique latine et le Caraïbes. "En conséquence, ils se sont souvent retrouvés pris au piège dans une pro-cyclicité fiscale, ce qui a entraîné une dette publique et des déficits budgétaires plus élevés, ainsi qu'une note de crédit plus faible qui leur a laissé peu d’options pour faire avancer les choses".
En réponse à la crise financière mondiale de 2008, le nombre de pays ayant une politique budgétaire contra-cyclique est passé de 10 à 45 pour cent des économies de la région. Des pays comme le Chili, la Colombie, le Costa Rica, le Salvador, le Guatemala, le Mexique, le Paraguay et le Pérou ont commencé à augmenter les dépenses publiques et / ou à réduire les impôts dans le but de stimuler l'économie. Bien que de telles mesures produisent des déficits budgétaires, elles ont été le résultat d'un effort concerté visant à minimiser le ralentissement.
D'autre part selon le rapport, les pays qui ont continué avec des politiques pro-cycliques doivent maintenant consolider davantage leurs comptes budgétaires afin de minimiser les risques de détérioration de leurs cotes de crédit et une augmentation des coûts d'emprunt.
«Bien que les pays puissent encore être tenté de dépenser plutôt que d'économiser dans le prochain cycle de croissance, les événements dans la politique budgétaire de la dernière décennie nous donnent espoir que les pays vont jouer la carte de la prudence », a déclaré Végh. «Dans un environnement externe caractérisé par des chocs fréquents et une volatilité, une telle prudence leur permettra de transformer la politique budgétaire en instrument pour faire face au prochain ralentissement et préserver les gains sociaux».