Malgré la menace protectionniste, la région du monde qui affiche la croissance la plus forte peut augmenter ses exportations et créer des emplois
WASHINGTON, 16 avril 2017 – Les mesures protectionnistes que les économies avancées sont susceptibles de prendre ne devraient pas nuire à la croissance de l’Asie du Sud (a). Un nouveau rapport de la Banque mondiale explique que cette région, dont l’essor est pourtant axé sur les exportations, pourrait même profiter de la crise de la mondialisation. Il confirme aussi que l’Asie du Sud reste la région du monde qui enregistre la croissance la plus rapide, creusant peu à peu l’écart avec l’Asie de l’Est. Son produit intérieur brut (PIB) devrait continuer de progresser, passant d’un taux de croissance de 6,7 % en 2016 à 6,8 % en 2017 et à 7,1 % en 2018.
Dans sa dernière édition, le rapport semestriel South Asia Economic Focus (a) se demande si les pays d’Asie du Sud doivent s’inquiéter de la montée du protectionnisme. Intitulée Globalization Backlash (a), cette publication affirme que l’intégration mondiale a des répercussions positives sur le développement économique et sur la lutte contre la pauvreté, mais que cette région ne pâtira pas des barrières commerciales toujours plus importantes que dressent les pays avancés. L’Asie du Sud pourrait même tirer son épingle du jeu si un protectionnisme sélectif entraînait une réorientation des échanges au profit de nouveaux fournisseurs. Les pays de la région devraient aussi profiter de la reprise observée dans les économies avancées, qui constituent leurs principaux marchés d’exportation.
« Les simulations de l’impact d’éventuelles nouvelles barrières commerciales montrent que l’Asie du Sud résistera non seulement au renforcement du protectionnisme, mais pourrait même en bénéficier dans certaines conditions, affirme Annette Dixon (a), vice-présidente de la Banque mondiale pour la Région Asie du Sud. Les économies avancées se rétablissent et sont susceptibles d’enregistrer une croissance plus vigoureuse, qui fera probablement augmenter la demande de produits venant d’Asie du Sud. La région devrait saisir cette opportunité afin de diversifier ses exportations et d’améliorer son offre, ce qui créerait de nombreux emplois pour les nouveaux arrivants sur le marché du travail. »
L’Inde, étant donné son importance, est la locomotive régionale. La croissance de son PIB devrait s’accélérer pour ressortir à 7,2 % en 2018, après une expansion plus modeste que prévu en 2016 (6,8 %) et la décision des autorités monétaires de retirer temporairement les plus gros billets de banque de la circulation. Au Pakistan, à la faveur d’une amélioration sensible de la situation sécuritaire, la croissance se poursuit et devrait dépasser les 5 % cette année. Le Népal et les Maldives se remettent de chocs économiques. Au Bangladesh, la production industrielle a récemment atteint un niveau record et la croissance reste solide.
D’après différents scénarios, l’Asie du Sud bénéficiera de la suspension d’accords commerciaux régionaux de premier plan, tels que le Partenariat transpacifique (TPP), ainsi que du renforcement des mesures protectionnistes à l’encontre de grands pays exportateurs comme la Chine et le Mexique. Des études indiquent que la croissance de l’Asie du Sud réagit fortement à l’amélioration de celle des économies avancées, ce qui est susceptible de compenser les éventuelles pertes imputables à l’évolution de la politique des échanges.
« Si les pays de la région veulent mettre à profit cette opportunité offerte par les exportations, ils doivent continuer de donner la priorité à des mesures encourageant la croissance économique, souligne Martin Rama (a), économiste en chef à la Banque mondiale pour la Région Asie du Sud. Une enquête menée auprès d’experts locaux pour les besoins du rapport révèle un vaste consensus sur la nécessité de promouvoir l’accumulation de capital humain, les investissements dans l’infrastructure et un environnement plus propice pour les entreprises. »
Factsheet: La croissance pourrait s’accélérer dans nombre de pays d’Asie du Sud
En Afghanistan (a), la reprise économique est lente, car l’insécurité continue de peser sur l’investissement privé et sur la consommation. Selon les projections, la croissance sera légèrement plus élevée, à 2,4 % en 2017, contre 1,2 % en 2016. Néanmoins, en raison d’un taux d’expansion démographique de près de 3 %, elle s’accompagnera d’une baisse du revenu par habitant. À long terme, une croissance forte et durable passera par une transformation structurelle de l’économie, via des investissements plus substantiels dans le capital humain, l’amélioration de la productivité agricole et le développement des industries extractives du pays.
Au Bangladesh (a), la hausse de l’investissement et une reprise des exportations ont assuré la résilience de l’économie dans un contexte mondial incertain. Le PIB devrait progresser de 6,8 % en 2017, contre 7,1 % en 2016, avec un recul de l’inflation et une réduction du déficit budgétaire public. Conjugués à des coûts élevés pour les entreprises, le manque d’infrastructures et l’inadéquation de l’approvisionnement énergétique restent les principaux freins à la croissance du pays.
Au Bhoutan (a), l’activité économique a permis au pays de connaître à nouveau une croissance forte, qui devrait ressortir à 6,8 % en 2017. Différents facteurs — grands projets hydroélectriques, politique budgétaire et monétaire favorable, inflation faible, cours de change stable et accumulation de réserves internationales — contribuent à cette croissance ainsi qu’au recul de la pauvreté. Il existe toutefois des risques, notamment des retards potentiels dans la construction des centrales hydroélectriques et le ralentissement de la croissance en Inde. Si la croissance se maintient, la pauvreté devrait continuer de se réduire.
En Inde (a), on attend une accélération de la croissance économique à 7,2 % en 2018, contre 6,8 % en 2016, après un léger fléchissement imputable à un niveau d’investissement plus faible que prévu et aux conséquences du retrait des plus grosses coupures de banque. La taxe sur les biens et services ayant été mise en place rapidement et sans incidents, elle pourrait avoir des répercussions bénéfiques sur l’activité économique. Cependant, le pays doit encore amplifier l’effet de la croissance sur le recul de la pauvreté.
Aux Maldives (a), d’après les estimations, la croissance du PIB a rebondi à 4,1 % en 2016. Elle devrait atteindre 4,5 % en 2017 grâce à d’importants investissements et au dynamisme du secteur de la construction. Il est essentiel que le pays préserve sa base fiscale et l’efficience de son régime d’imposition au moment où il s’apprête à constituer des zones économiques spéciales qui offriront des avantages fiscaux. Des opportunités s’offrent aux Maldives de promouvoir des activités économiques répondant aux aspirations de la jeunesse, de créer des emplois, d’améliorer la qualité des services publics tels que l’éducation et la santé, et de mieux faire face au changement climatique.
Le Népal (a) connaît une croissance économique généralisée, après de nombreux problèmes imputables, notamment, aux dégâts causés par les séismes qui ont dévasté le pays en 2015. L’activité repart, laissant espérer un rebond de la croissance à 6,0 % en 2017, contre seulement 0,6 % en 2016, grâce à la hausse de la production agricole, à la diminution des pannes d’électricité et à l’essor des investissements à mesure que s’accélère la reconstruction du pays.
Au Pakistan (a), l’activité économique a progressé de 4,7 % en 2016, et cette croissance devrait se poursuivre pour ressortir à 5,2 % en 2017. En effet, les perspectives sont de plus en plus favorables et l’inflation reste maîtrisée. L’activité du secteur de la construction est soutenue par les projets qui concernent le corridor économique entre la Chine et le Pakistan, ce qui devrait dynamiser la croissance industrielle. Ces projets devraient accélérer la croissance du secteur de la construction et permettre d’augmenter la production d’électricité. Pour parvenir à une croissance durable et inclusive, ainsi que pour lutter contre la pauvreté, le pays devra inciter le secteur privé à investir davantage, et, à plus long terme, développer son infrastructure.
Au Sri Lanka (a), la croissance économique devrait s’établir à 4,7 % en 2017, contre 4,4 % en 2016. Elle bénéficiera, dans une large mesure, de la contribution du secteur de la construction, du commerce et des services financiers, mais pâtira des inondations et de la sécheresse qui touchent le pays. Les récentes mesures axées sur l’assainissement des comptes publics et sur l’austérité monétaire ont toutefois permis d’améliorer les perspectives. Le Sri Lanka doit impérativement accélérer ses réformes structurelles s’il veut devenir plus compétitif et disposer d’une meilleure gouvernance, tout en poursuivant l’assainissement de ses finances publiques afin d’enregistrer une croissance forte et de se développer.