La dernière évaluation de 160 pays met en évidence le retard pris par les pays les moins avancés
Washington, 28 juin 2016 – Pour la première fois depuis 2007, la convergence amorcée par les économies les moins avancées sur le plan de la performance logistique marque le pas, tandis que les économies émergentes qui engagent des initiatives de grande envergure continuent de progresser dans le classement, selon un nouveau rapport du Groupe de la Banque mondiale paru aujourd’hui.
L’indice de performance logistique présenté dans la dernière édition du rapport bisannuel Connecting to Compete 2016: Trade Logistics in the Global Economy, classe 160 pays en fonction de leurs performances dans le domaine de la logistique commerciale. Pour la troisième fois, l’Allemagne se positionne au premier rang, tandis que la Syrie occupe la dernière place.
« Les performances logistiques dans les relations commerciales internationales et intérieures sont l’une des clés de la croissance économique et de la compétitivité d’un pays, explique Anabel Gonzalez, directrice principale du pôle mondial d’expertise en Commerce et compétitivité du Groupe de la Banque mondiale. Des chaînes logistiques efficaces relient les individus et les entreprises aux marchés et leur donnent accès aux débouchés économiques, contribuant ainsi à renforcer la productivité et le bien-être. Malheureusement, l’écart de performance entre les pays riches et les pays pauvres persiste et la convergence amorcée entre 2007 et 2014 n’est plus d’actualité pour les pays les moins performants. »
Le Kenya, l’Inde ou la Chine font partie des pays qui ont progressé par rapport à la précédente édition du rapport, qui s’appuie sur des données d’enquête recueillies auprès de plus de 1 200 professionnels du secteur. Le classement repose sur différents critères relatifs à l’efficacité de la chaîne logistique, comme les infrastructures, la qualité des services, la fiabilité des expéditions et l’efficacité des procédures de dédouanement.
Depuis six ans, les mêmes pays se retrouvent dans les dix premières places du classement, au nombre desquels de gros acteurs de l’industrie logistique. Souvent, les économies à faible revenu les moins performantes sont des pays enclavés, insulaires ou qui sortent d’un conflit. Mais pour la première fois depuis que ce rapport existe, les pays enclavés ne sont plus systématiquement défavorisés, comme en témoignent les bons résultats du Rwanda et de l’Ouganda qui bénéficient d’initiatives régionales concertées pour optimiser les couloirs commerciaux.
Pays les plus performants, par groupe de revenu
Revenu élevé |
Revenu intermédiaire tranche supérieure |
Revenu intermédiaire tranche inférieure |
Faible revenu |
Allemagne |
Afrique du Sud |
Inde |
Ouganda |
Luxembourg |
Chine |
Kenya |
Tanzanie |
Suède |
Malaisie |
Égypte |
Rwanda |
« La performance logistique consiste à assurer la fiabilité des chaînes d’approvisionnement qui relient les économies aux marchés. Les pays qui connaissent les difficultés les plus grandes dans ce domaine doivent améliorer leurs infrastructures ou s’atteler aux failles criantes des procédures douanières et de la gestion des frontières, souligne Jean-Francois Arvis, du pôle mondial d’expertise en Commerce et compétitivité du Groupe de la Banque mondiale et coauteur du rapport. Les pays en meilleure position dans le classement sont, eux, confrontés à la nécessité de résoudre des enjeux complexes liés au développement et à la qualité des services. Quant aux pays de tête, tous privilégient une étroite coopération entre le secteur public et le secteur privé et ont une vision globale de l’efficacité logistique. »
L’amélioration des services logistiques, l’un des critères utilisés, est bien réelle même si le rapport rappelle que les professionnels du secteur sont particulièrement peu satisfaits du transport ferroviaire, indépendamment du niveau de revenu du pays. Sur le plan de la gestion des frontières, les services douaniers tirent leur épingle du jeu, contrairement aux organismes responsables des règles sanitaires et phytosanitaires.
Depuis dix ans, les priorités du secteur de la logistique ont évolué, notamment parce que le ralentissement des échanges internationaux impose de réorganiser les réseaux et d’innover. Les politiques en la matière évoluent, privilégiant davantage la performance des acteurs nationaux et moins le commerce transfrontalier ou la facilitation des transports. Sans compter l’apparition de nouveaux défis pour l’industrie logistique et les pouvoirs publics, depuis le renforcement des qualifications et des compétences de la main-d’œuvre à l’adaptation obligée au fléchissement de la croissance des échanges, en passant par la gestion de l’empreinte carbone et le souci de la durabilité.
« L’édition de cette année met encore en évidence la complexité des réformes et la diversité des priorités selon chaque pays et son niveau de performance logistique, constate Daniel Saslavsky, du pôle mondial d’expertise en Commerce et compétitivité du Groupe de la Banque mondiale et coauteur du rapport. Les politiques régissant la logistique ne se limitent plus au transport ou à la facilitation des échanges. Elles s’inscrivent dans un programme d’action publique plus vaste couvrant les services, le développement des équipements, les infrastructures et l’aménagement de l’espace. »
Depuis leur lancement, le rapport et l’indice de performance logistique sont élaborés par l’équipe du Groupe de la Banque mondiale chargée du commerce, avec la participation de la Turku School of Economics et le soutien de la Fédération internationale des associations de transitaires et assimilés (FIATA).