AMMAN, 27 mars 2016 – Selon une annonce faite aujourd’hui par le président du Groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, le Conseil des administrateurs de la Banque mondiale a approuvé un financement concessionnel de 100 millions de dollars destiné à titre exceptionnel à la Jordanie (ces conditions préférentielles étant généralement réservées aux pays les plus pauvres) et visant à créer, au cours des cinq prochaines années, 100 000 nouveaux emplois au profit des Jordaniens et des réfugiés syriens.
Ce financement exceptionnel de la Banque mondiale répond à la situation extrêmement difficile à laquelle sont confrontés à la fois les réfugiés syriens et les populations jordaniennes. Il sera utilisé dans le cadre d’un partenariat entre le gouvernement jordanien, les pays donateurs et les organisations de développement afin de développer et renforcer les zones économiques spéciales existantes, et attirer ainsi des investissements internationaux et nationaux. Les modalités précises de ces plans de création d’emplois seront connues dans les prochains mois.
L’annonce de ce financement s’inscrit dans le cadre d’une visite conjointe du président du Groupe de la Banque mondiale et du secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, qui vient réaffirmer la détermination de la communauté internationale à aider les pays concernés à faire face aux conséquences de la crise syrienne à travers une aide humanitaire immédiate mais aussi un soutien de long terme au développement. Le but de cette visite est de rechercher des solutions novatrices qui permettent de s’attaquer aux graves tensions économiques et sociales provoquées par l’afflux de réfugiés, et qui passent notamment par la consolidation des services essentiels et la création d’emplois pour les réfugiés syriens comme pour la population jordanienne.
« Les autorités jordaniennes ont fourni un travail exceptionnel pour contribuer à faire face aux défis que posent les arrivées massives de réfugiés, a déclaré Jim Yong Kim, président du Groupe de la Banque mondiale, dont c’est le deuxième voyage officiel en Jordanie en deux ans. C’est à présent au tour de la communauté internationale d’en faire davantage pour aider la Jordanie et lui offrir les financements innovants dont elle a besoin pour continuer à accueillir des réfugiés. Il est également essentiel pour la Jordanie d’adopter les réformes qui sont nécessaires pour la croissance économique et le partage de la prospérité au profit de tous les Jordaniens. »
Les dirigeants des deux organisations se sont réunis avec le roi Abdallah II en présence de la reine Rania. La Banque mondiale a réaffirmé son engagement à fournir à la Jordanie des financements concessionnels supplémentaires assortis d'un taux d'intérêt nul et dont le but sera de contribuer à alléger la charge du pays dans la gestion de la crise des réfugiés. La Banque mondiale s'est aussi engagé à renforcer ses activités dans le domaine de la gouvernance et de la transparence ainsi qu'à aider à renforcer les ressources humaines du pays en améliorant notamment la qualité et l'accès du secteur de l'éducation.
La délégation a aussi rencontré le Premier ministre Abdullah Ensour et plusieurs hauts responsables du pays. Ils se sont rendus au camp de Zaatari, où le président du Groupe de la Banque mondiale et le secrétaire général des Nations Unies ont pu constater les conditions de vie des réfugiés et prendre connaissance de leurs parcours personnels et de leurs attentes. En outre, les deux dirigeants sont allés à la rencontre des étudiants de l’université de Jordanie, afin de mieux connaître les difficultés et les besoins de la jeunesse jordanienne.
L’annonce du financement accordé à la Jordanie est intervenue trois jours après celle d’un autre financement de 100 millions de dollars destiné au Liban et visant à soutenir le système éducatif libanais et la scolarisation des enfants réfugiés syriens. En approuvant ces deux financements en faveur de pays à revenu intermédiaire, le Conseil des administrateurs de la Banque mondiale a dérogé à la règle et innové, puisque les taux d’intérêt appliqués sont habituellement réservés aux pays les plus pauvres.
Alors que la Banque mondiale a pour règle d’appliquer les taux du marché pour ses prêts destinés aux pays à revenu intermédiaire — dont la Jordanie fait partie —, elle permet aujourd’hui exceptionnellement à ce pays de bénéficier de conditions privilégiées au titre des programmes de l’IDA (ces prêts, qui sont assortis de faibles taux d’intérêt et remboursables sur de longues périodes, s’apparentent, de fait, en partie à des dons).
Le Groupe de la Banque mondiale a réorienté sa stratégie au Moyen-Orient et en Afrique du Nord afin de promouvoir la paix et la stabilité, considérées comme des conditions nécessaires au développement. En collaboration avec ses partenaires, l’institution s’efforce de se focaliser sur les causes des conflits tout en aidant les pays concernés à faire face aux conséquences de la guerre, à se relever et à se reconstruire. La nouvelle stratégie s’articule autour de quatre grands axes :
- rétablir la confiance entre les citoyens et leurs dirigeants grâce à l’amélioration des services et une responsabilisation accrue des pouvoirs publics ;
- promouvoir le renforcement de la coopération régionale autour de priorités communes dans les domaines de l’éducation, de l’énergie et de l’eau ;
- aider les pays et les populations qui accueillent un grand nombre de réfugiés à renforcer leur capacité d’adaptation ;
- se préparer à entreprendre la reconstruction au moment et aux endroits où la paix renaîtra.
Le Groupe de la Banque mondiale a établi un partenariat avec l’Organisation des Nations Unies et le Groupe de la Banque islamique de développement pour rassembler les ressources financières nécessaires à la mise en œuvre de la nouvelle stratégie et rallier la communauté internationale autour de l’objectif commun consistant à promouvoir la paix et la stabilité dans la région. Travaillant de concert, les trois institutions ont mobilisé la communauté internationale pour lancer la Nouvelle initiative de financement en faveur de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord visant à : i) financer à des conditions préférentielles l’aide aux réfugiés et aux communautés d’accueil en Jordanie et au Liban — les deux pays à revenu intermédiaire de la région les plus touchés par la crise des réfugiés syriens ; et ii) accroître les moyens disponibles pour financer les activités de reconstruction et la reprise économique dans l’ensemble de la région lorsque le conflit aura pris fin. Il faut souligner que cette initiative met en place une plateforme unique grâce à laquelle l’ONU et les banques multilatérales de développement pourront mieux coordonner leurs activités d’aide au développement dans la région en cette période cruciale.
À la conférence Supporting Syria and the Region (Aidons la Syrie et sa région) qui s’est tenue en février à Londres, le Groupe de la Banque mondiale a annoncé qu’il triplerait ses investissements dans la région par rapport aux cinq dernières années. Le montant total des fonds provenant de la Nouvelle Initiative de financement en faveur de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord et des programmes existants devrait avoisiner 20 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années. Durant la même période, en outre, la Nouvelle initiative de financement vise à collecter auprès des bailleurs de fonds un milliard de dollars de dons qui serviront de levier pour accorder à la Jordanie et au Liban entre trois et quatre milliards de dollars de prêts assortis de conditions très libérales. Par ailleurs, le Conseil des administrateurs de la Banque mondiale a pris une mesure exceptionnelle en réaction à la crise actuelle : il a approuvé le décaissement de 200 millions de dollars de financements directs à des conditions privilégiées dans le but de créer des emplois et d’améliorer l’accès à l’éducation en Jordanie et au Liban.
Le mois prochain, à la Conférence internationale sur la Nouvelle Initiative de financement en faveur de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord — coprésidée par Jim Yong Kim, Ban Ki-moon et Mohammed Ali Al-Madani —, les ministres du G7, du Conseil de coopération du Golfe et de divers pays européens, ainsi que les dirigeants de plusieurs organisations internationales et régionales, se réuniront au siège du Groupe de la Banque mondiale pour s’engager à soutenir l’initiative.