Cette mesure exceptionnelle aidera le Liban à assurer la scolarisation de tous les enfants libanais et réfugiés syriens d’ici la fin de l’année prochaine
BEYROUTH, 25 mars 2016 – Le président du Groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, a annoncé aujourd’hui l’approbation d’un financement de 100 millions de dollars destiné à aider le gouvernement libanais à améliorer la qualité du système éducatif et à scolariser la totalité des enfants libanais et réfugiés syriens d’ici la fin de l’année scolaire 2016-17. Cette initiative majeure a été rendue possible grâce à une mesure exceptionnelle du Conseil des administrateurs de la Banque et à sa décision d’offrir au Liban des conditions de financement jusque-là réservées aux pays à faible revenu.
Cette mesure dérogatoire s’inscrit dans le cadre des efforts entrepris par le Groupe de la Banque mondiale pour accroître son aide au Liban mais aussi à la Jordanie, en reconnaissance de la générosité dont les deux pays font preuve pour l’accueil des réfugiés syriens. Plus précisément, le nouveau financement contribuera à améliorer la qualité du système éducatif public du Liban, mis à mal par l’afflux de réfugiés, ainsi qu’à étendre l’accès à l’éducation à tous les jeunes Syriens âgés de 3 à 18 ans.
Depuis le début du conflit syrien, il y a cinq ans, les écoles libanaises sont submergées par l’arrivée de centaines de milliers d’enfants en provenance de la Syrie voisine. Pour faire face à la demande, de nombreux établissements ont instauré un système de double journée, avec des cours le matin et l’après-midi. Mais on estime que 200 000 enfants syriens qui vivent au Liban sont encore privés d’école.
« Nous n’allons pas rester sans rien faire tandis que pèse la menace d’une génération perdue en Syrie et que le Liban risque de voir ses avancées dans le domaine de l’éducation anéanties, a déclaré Jim Yong Kim, président du Groupe de la Banque mondiale. Alors que le Liban doit affronter les conséquences de la crise syrienne, nous sommes ici aujourd’hui pour lui exprimer notre solidarité et notre soutien. Le Liban a besoin de ressources supplémentaires pour étendre les services de santé, d’éducation et de protection sociale, et ses municipalités ont besoin d’aide pour faire face au poids de la pression qu’exerce la présence de 1,5 million de réfugiés. Le Liban et ses dirigeants doivent véritablement s’attaquer à cette situation de vulnérabilité, et ils peuvent compter à cet égard sur l’appui et la coopération de la Banque mondiale. »
Cette annonce est intervenue au deuxième jour d’une visite conjointe qui a réuni au Liban, aux côtés de Jim Yong Kim, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, et le président de la Banque islamique de développement, Mohammed Ali Al-Madani. Il s’agit pour ces derniers de constater par eux-mêmes les conséquences de la crise syrienne et d’examiner comment leurs organisations peuvent mettre leurs forces en commun pour optimiser leur soutien au Liban alors que la région est en proie à l’instabilité et aux conflits.
Vendredi, les trois dirigeants se rendront dans le nord du pays, à la rencontre des réfugiés et des communautés d’accueil. Ils visiteront notamment un centre qui offre des services sanitaires, nutritionnels et sociaux aux plus démunis, dans le cadre d’un programme national de ciblage de la pauvreté financé par la Banque mondiale. Au cours de cette visite de deux jours, ils s’entretiendront avec le Premier ministre libanais, Tammam Salam, et le président du Parlement, Nabih Berri, ainsi qu’avec plusieurs hauts responsables du pays.
Le financement de 100 millions de dollars octroyé par le Groupe de la Banque mondiale viendra étayer l’engagement pris par le gouvernement libanais de garantir une éducation de qualité à tous les enfants de 3 à 18 ans, dans le cadre de la deuxième phase d’un programme baptisé Reaching All Children with Education (RACE II). Le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur est déjà parvenu à scolariser plus de 200 000 enfants syriens sur l’année scolaire 2015-16. À présent, le Liban s’emploie à accélérer la cadence pour atteindre l’objectif fixé lors de la conférence sur la Syrie, à savoir la scolarisation de tous les enfants de 5 à 17 ans d’ici la fin de l’année scolaire 2016-17. Le pays prévoit aussi d’assurer une éducation préscolaire à tous les enfants âgés de 3 à 5 ans.
Le Groupe de la Banque mondiale travaille en étroite collaboration avec le gouvernement libanais afin de réaliser les objectifs du programme RACE II, en coopération les organismes des Nations Unies (UNICEF, HCR et UNESCO) et les principaux bailleurs de fonds (Allemagne, Autriche, Canada, Commission européenne, États-Unis, France, Italie, Koweït, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas et Royaume-Uni).
Au cours des derniers mois, le Groupe de la Banque mondiale a réorienté sa stratégie au Moyen-Orient et en Afrique du Nord afin de promouvoir la paix et la stabilité, considérées comme des conditions nécessaires au développement. En collaboration avec ses partenaires, l’institution s’efforce de se focaliser sur les causes des conflits tout en aidant les pays concernés à faire face aux conséquences de la guerre, à se relever et à se reconstruire. La nouvelle stratégie s’articule autour de quatre grands axes :
- rétablir la confiance entre les citoyens et leurs dirigeants grâce à l’amélioration des services et une responsabilisation accrue des pouvoirs publics ;
- promouvoir le renforcement de la coopération régionale autour de priorités communes dans les domaines de l’éducation, de l’énergie et de l’eau ;
- aider les pays et les populations qui accueillent un grand nombre de réfugiés à renforcer leur capacité d’adaptation ;
- se préparer à entreprendre la reconstruction au moment et aux endroits où la paix renaîtra.
Le Groupe de la Banque mondiale a établi un partenariat avec l’Organisation des Nations Unies et le Groupe de la Banque islamique de développement pour rassembler les ressources financières nécessaires à la mise en œuvre de la nouvelle stratégie et rallier la communauté internationale autour de l’objectif commun consistant à promouvoir la paix et la stabilité dans la région. Travaillant de concert, les trois institutions ont mobilisé la communauté internationale pour lancer la Nouvelle initiative de financement en faveur de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord visant à : i) financer à des conditions préférentielles l’aide aux réfugiés et aux communautés d’accueil en Jordanie et au Liban — les deux pays à revenu intermédiaire de la région les plus touchés par la crise des réfugiés syriens ; et ii) accroître les moyens disponibles pour financer les activités de reconstruction et la reprise économique dans l’ensemble de la région lorsque le conflit aura pris fin. Il faut souligner que cette initiative met en place une plateforme unique grâce à laquelle l’ONU et les banques multilatérales de développement pourront mieux coordonner leurs activités d’aide au développement dans la région en cette période cruciale.
À la conférence Supporting Syria and the Region (Aidons la Syrie et sa région) qui s’est tenue en février à Londres, le Groupe de la Banque mondiale a annoncé qu’il triplerait ses investissements dans la région par rapport aux cinq dernières années. Le montant total des fonds provenant de la Nouvelle Initiative de financement en faveur de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord et des programmes existants devrait avoisiner 20 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années. Durant la même période, en outre, la Nouvelle initiative de financement vise à collecter auprès des bailleurs de fonds un milliard de dollars de dons qui serviront de levier pour accorder à la Jordanie et au Liban entre trois et quatre milliards de dollars de prêts assortis de conditions très libérales. Par ailleurs, le Conseil des administrateurs de la Banque mondiale a pris une mesure exceptionnelle en réaction à la crise actuelle : il a approuvé le décaissement de 200 millions de dollars de financements directs à des conditions privilégiées dans le but de créer des emplois et d’améliorer l’accès à l’éducation en Jordanie et au Liban.