PORT LOUIS, 18 février 2016 — À Maurice, l’accroissement des inégalités de revenu, conjugué aux retards accumulés en matière de prospérité partagée, a des répercussions négatives sur le niveau de pauvreté relative, selon un rapport de la Banque mondiale publié aujourd’hui. Intitulée Inclusiveness of Growth and Shared Prosperity, cette étude analyse le profil de croissance de Maurice durant les dernières décennies ainsi que les conditions existantes favorables à une accélération des avancées vers une croissance solidaire et une prospérité partagée.
« Nous pensons que Maurice dispose des atouts nécessaires pour concrétiser son ambition de devenir un pays à revenu élevé grâce à la mise en œuvre d’un programme de réformes adéquat », déclare Mark Lundell, directeur des opérations à la Banque mondiale pour Maurice, le Mozambique, Madagascar, les Seychelles et les Comores. « L’accession au statut de pays à revenu élevé nécessitera un examen rigoureux du modèle économique du pays, s’agissant notamment de sa capacité à améliorer les compétences de la main-d’œuvre, à développer l’infrastructure et à renforcer le cadre des affaires pour attirer des investissements directs étrangers et susciter des investissements intérieurs ».
La nature des changements économiques intervenus dans les années 2000 et la détérioration des secteurs primaires traditionnels a entraîné un accroissement des inégalités de revenu, qui ont eu des effets néfastes sur les indicateurs de prospérité partagée du pays. En outre, les revenus des 40 premiers centiles de la population se sont détériorés en valeur relative. Le rapport conclut que la croissance économique et la réduction des inégalités sont aussi essentielles l’une que l’autre à la réduction, voire l’élimination, de la pauvreté à Maurice.
« Parvenir à une croissance bien partagée reste le principal enjeu de l’actuel modèle de croissance de Maurice », estime Victor Sulla, économiste senior à la Banque mondiale et principal auteur du rapport. « Selon les analyses de microsimulation, la réduction et, à terme, l’élimination de la pauvreté à Maurice dépendront de la mise en œuvre de politiques visant deux types d’objectifs : d’une part, la réduction du chômage et l’accroissement de la productivité, d’autre part l’amélioration du ciblage et de l’efficience de la protection sociale ».
L’accroissement de la productivité dépend fondamentalement de la modernisation des infrastructures, du soutien à la recherche, au développement et à l’innovation, de l’accroissement de l’efficience du secteur public et de l’amélioration du cadre des affaires. Le rapport indique que le marché du travail doit promouvoir une plus grande souplesse et récompenser les gains de productivité. Par ailleurs, l’inadéquation des compétences ayant augmenté de 30 % durant les années 2000, il est urgent d’adopter des politiques de soutien aux technologies de pointe et aux secteurs axés sur les services. Il est donc nécessaire de réformer l’enseignement pour permettre à la population mauricienne de disposer des qualifications appropriées et utiles dont elle a besoin à l’heure actuelle.
Enfin, le rapport souligne la nécessité de procéder à des réformes dans le secteur public pour renforcer la responsabilisation à tous les niveaux et améliorer la planification, la passation des marchés et les processus de gestion dans l’ensemble du système. Il serait possible de mettre en place des systèmes efficaces de suivi et d’évaluation au niveau national pour étayer davantage l’élaboration de politiques reposant sur des données factuelles. La réforme des entreprises publiques, en outre, peut dégager une marge de manœuvre budgétaire en faveur de dépenses productives.