ABIDJAN, le 17 décembre 2015—L’année écoulée a été très positive pour la Côte d'Ivoire. Les élections présidentielles viennent de s’y dérouler pacifiquement. Le pays affiche un des taux de croissance économique parmi les plus élevés du continent. Et il a même remporté la coupe d'Afrique des nations de football. La dernière édition du rapport de la Banque mondiale sur la situation économique de la Côte d’Ivoire souligne toutefois que cette bonne santé économique ne s’est pas traduite par des créations d'emplois de qualité au cours de ces dernières années.
Ce rapport intitulé La force de l’Éléphant, pour que sa croissance génère plus d’emplois de qualité, ne constate aucune baisse significative du taux de pauvreté malgré la croissance économique robuste dont bénéficie le pays. La Côte d’Ivoire doit maintenant partager les fruits de cette croissance avec la population vivant en dessous du seuil de pauvreté. Elle doit aussi réduire les écarts de revenus entre les pauvres et le reste de la population. Le rapport préconise de promouvoir la productivité dans trois catégories d’emploi, à savoir le travail indépendant, l’emploi salarié et l’emploi agricole. Et il formule des recommandations pour y parvenir.
« Si la Côte d'Ivoire ne réussit pas à générer des gains de productivité simultanés dans toutes les catégories d’emplois, elle risque de devenir un pays à deux vitesses », estime Jaques Morisset, économiste en chef à la Banque mondiale et co-auteur du rapport. « Une nouvelle politique porteuse d’espoir est nécessaire pour améliorer les revenus de tous les Ivoiriens et renforcer ainsi la cohésion sociale. »
Selon le rapport, la population active s’élève à 14 millions d'Ivoiriens, dont la grande majorité exerce un emploi, le taux de chômage étant inférieur à 7 %. Désormais, le principal défi est de garantir un emploi de qualité à tous les Ivoiriens. « Ce rapport dresse un bilan positif de l'économie ivoirienne qui connaît un formidable dynamisme depuis 2012. Il propose des pistes de réflexion et identifie des réformes pour créer rapidement des emplois de qualité », a déclaré Pierre Laporte, directeur des opérations de la Banque mondiale pour la Côte d’Ivoire.
Ce rapport note aussi que le marché de l'emploi est très segmenté en Côte d'Ivoire. Les deux tiers de la population active exercent un emploi familial ou indépendant dans des micro-entreprises et des fermes. Ils disposent d’un revenu moyen d’environ 65 000 francs CFA par mois (soit 109 dollars). Le reste est constitué d’employés, d'exploitants agricoles, de propriétaires d’entreprises industrielles et de services qui disposent d’un revenu moyen de 350 000 francs CFA (588 dollars). Parmi eux, ceux qui travaillent dans la finance et le secteur minier sont les mieux lotis, avec des revenus de plus de 2,3 et 1,6 millions de francs CFA (soit 3 864 et 2 688 dollars) en moyenne par mois.
Le principal défi de la Côte d’Ivoire est de garantir un emploi de qualité à la majorité de sa population active. Il faut pour cela augmenter la productivité de l’économie ivoirienne à travers deux axes principaux : favoriser le transfert des travailleurs vers les secteurs les plus productifs de l’économie et générer des gains de productivité dans les secteurs qui emploient la majorité des travailleurs ivoiriens, à savoir le travail indépendant et l’agriculture.