WASHINGTON, 20 octobre 2015 – Dans sa dernière mise à jour concernant les produits de base, la Banque mondiale a révisé ses prévisions de 2015 des cours du brut pour les ramener de 57 dollars (chiffre de juillet) à 50 dollars le baril. Cette révision s’explique par le ralentissement de l’économie mondiale, l’ampleur des stocks de pétrole actuels et l’anticipation d’une augmentation des exportations de pétrole iranien après la levée des sanctions internationales, selon le dernier numéro du rapport intitulé Commodity Markets Outlook, que la Banque publie chaque trimestre sur les perspectives des marchés mondiaux des produits de base.
L’indice des prix de l’énergie de la Banque a chuté de 17 % au troisième trimestre de 2015 par rapport au trimestre précédent sous l’effet d’une nouvelle baisse des cours du pétrole provoquée par l’anticipation d’un ralentissement de la croissance mondiale, et plus particulièrement de la croissance de la Chine et d’autres pays émergents, de l’existence d’une offre abondante et de la perspective d’un accroissement des exportations iraniennes l’année prochaine. Les prix de l’énergie devraient être, en 2015, inférieurs de 43 % en moyenne à ceux de 2014.
La Banque mondiale fait état d’une baisse de 5 % des cours des produits de base hors énergie au troisième trimestre et d’une diminution de 14 % de ces cours pour de 2015 par rapport à l’année précédente.
« La baisse des cours qui s’est amorcée il y a cinq ans pour la plupart des produits de base devrait se poursuivre au troisième trimestre de 2015. Les stocks de pétrole et d’autres produits de base sont suffisants et la demande est atone, notamment dans le cas des produits de base industriels, de sorte que les cours pourraient demeurer faibles », explique John Baffes, économiste senior et auteur principal du rapport Commodity Markets Outlook.
Impact d’El Niño sur les marchés des produits de base
Si, selon les prévisions, El Niño doit, cette année, être l’un des plus intenses jamais enregistrés, ce phénomène climatique, qui a un impact sur les vents et la température de l’eau ainsi que sur le niveau des précipitations, en particulier dans l’hémisphère Sud, ne provoquera probablement pas de renchérissement des prix agricoles mondiaux en raison de l’ampleur de l’offre de la plupart des produits de base agricoles et du lien ténu entre les cours mondiaux et les prix intérieurs.
Ces prévisions s’inscrivent dans le droit fil de l’impact limité des épisodes antérieurs d’El Niño sur les marchés mondiaux. À ce jour, les prix agricoles internationaux ont baissé tandis que les prix sur les grands marchés intérieurs n’ont guère varié par rapport à la tendance sous l’effet d’El Niño.
Le rapport explique toutefois qu’El Niño pourrait provoquer d’importantes perturbations à l’échelle locale dans la plupart des régions touchées. Il est notamment probable que les conditions climatiques auront davantage d’impact sur les marchés alimentaires locaux plus isolés, qui ne sont pas reliés aux marchés mondiaux.
Effets possibles de l’accord nucléaire avec l’Iran sur les marchés mondiaux de l’énergie.
D’ici quelques mois, l’Iran pourrait accroître sa production de brut de 0,5 à 0,7 million de barils par jour (mb/j), pour éventuellement atteindre le niveau de 2011, avant l’imposition des sanctions, soit 3,66 mb/j. Il pourrait de surcroît immédiatement commencer à exporter du pétrole en utilisant les réserves d’environ 40 millions de barils qu’il détient dans des unités de stockage flottantes.
Étant donné que l’Iran compte les réserves mondiales connues de gaz les plus importantes au monde (18 % des réserves totales mondiales,) il pourrait produire et exporter d’importants volumes de gaz naturel à long terme.
« Les exportations de pétrole et de gaz iraniens pourraient avoir d’importants effets sur les marchés mondiaux et régionaux à terme, si l’Iran parvient à attirer les investissements étrangers et les technologies nécessaires pour exploiter ces importantes réserves », note Ayhan Kose, directeur du Groupe des perspectives du développement de la banque mondiale.
Les incertitudes concernant la mesure dans laquelle l’Iran pourra accroître ses exportations ne font qu’ajouter aux difficultés que pose l’établissement des prévisions des prix de l’énergie. Ces derniers pourraient effectivement diminuer si l’OPEP produit plus que prévu et si les coûts de production de pétrole de schiste aux États-Unis continuent de diminuer en même temps que la productivité s’accroît. Le tassement de la demande et l’ampleur des stocks pourraient également peser sur les cours du pétrole.
Les cours du pétrole pourraient en revanche augmenter si la production de pétrole de schiste des États-Unis baisse rapidement et si l’offre diminue par suite d’événements géopolitiques.
Cette édition d’Outlook présente une analyse détaillée du marché des principales catégories de produits de base, notamment l’énergie, les métaux, les produits agricoles, les métaux précieux et les engrais. Selon le rapport :
- Les cours des métaux ont diminué de 12 % au troisième trimestre en raison du tassement de la demande, en particulier en Chine. Il s’agit de la quatrième baisse trimestrielle consécutive. Selon les projections de la Banque mondiale, les cours des métaux devraient chuter de 16 % en 2015.
- Les cours des métaux précieux ont diminué de 7 % au troisième trimestre, et devraient encore diminuer de 8 % en 2015 par suite de l’affaiblissement de la demande d’investissement.
- Les cours des produits de base agricoles ont baissé de plus de 2 % durant le trimestre et chuteront vraisemblablement de 13% 2015, en raison du niveau élevé de l’offre et de l’ampleur des stocks céréaliers existants.
- Les prix des engrais ont baissé de 1 % au troisième trimestre, et pourraient encore diminuer de 1 % 2015, en raison de l’atonie de la demande et de l’augmentation de l’offre.
Toutes les prévisions et les séries chronologiques ainsi que des commentaires détaillés sur les marchés sont disponibles à www.worldbank.org/commodities.