WASHINGTON, 10 août 2015 — La levée des sanctions liées au programme nucléaire de l’Iran aura une incidence considérable sur le marché mondial du pétrole, l’économie iranienne et les partenaires commerciaux du pays. Selon des estimations de la Banque mondiale, le retour complet de l’Iran sur le marché mondial aura pour effet, à terme, d’accroître d’environ un million de barils la production journalière de pétrole, réduisant l’an prochain de 10 dollars le prix du baril. Il est également prévu que la croissance économique iranienne passe de 3 % cette année à environ 5 % en 2016.
Si l’accord conclu le 14 juillet 2015 est ratifié, les sanctions prises par les États-Unis et l’Union européenne à l’encontre de l’Iran seront levées en contrepartie d’une décélération du programme nucléaire iranien. Selon le Bulletin trimestriel d’information économique des services Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) de la Banque mondiale, intitulé Economic Implications of Lifting Sanctions on Iran (répercussions économiques de la levée des sanctions envers l’Iran), l’accroissement de la capacité d’exportation de pétrole de l’Iran permettra au pays d’accélérer son redressement économique. En revanche, d’après le rapport, les bénéfices et recettes d’exportation d’autres pays exportateurs de pétrole de la région MENA, tels que les États du Golfe et la Libye, vont diminuer tandis que les pays importateurs de pétrole de la région, tels que l’Égypte et la Tunisie, bénéficieront d’une baisse des prix sur les marchés mondiaux.
« De même que le renforcement des sanctions en 2012 s’était traduit par une forte baisse des exportations iraniennes de pétrole et deux années de croissance négative, il faut s’attendre à ce que la levée des sanctions stimule les exportations et relance l’économie », déclare Shanta Devarajan, économiste en chef à la Banque mondiale pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord.
L’Iran verra le coût de ses échanges commerciaux baisser, ce qui aura pour effet d’augmenter tant le volume que la valeur de ses échanges pétroliers et non pétroliers. Selon le rapport de la Banque, les exportations iraniennes finiront par augmenter d’environ 17 milliards de dollars, soit approximativement 3,5 % du PIB. La Grande-Bretagne, la Chine, l’Inde, la Turquie et l’Arabie saoudite comptent parmi les pays qui enregistreront probablement la plus forte hausse de leurs échanges commerciaux avec l’Iran de la période post-sanctions. L’investissement étranger direct pourrait passer à trois milliards de dollars par an environ, soit le double du niveau actuel, tout en restant en deçà du record atteint en 2003.
« Depuis l’accord-cadre d’avril 2015, nous notons que des sociétés multinationales manifestent un intérêt accru à investir en Iran, notamment dans le secteur des hydrocarbures », déclare Lili Mottaghi, économiste de la Banque mondiale pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord et auteur du présent rapport. « Cette tendance devrait s’accélérer avec la levée des sanctions et permettre ainsi au secteur pétrolier iranien d’obtenir les capitaux dont il a tant besoin et de moderniser sa technologie. »
La levée des sanctions représente une aubaine pour l’économie iranienne. L’expérience de l’Iran en matière de gestion de la manne pétrolière donne matière à réflexion. Une appréciation du taux de change réel compromettait les exportations des produits non-pétroliers. Les gouvernements confrontés à de telles retombées économiques pourraient avoir la possibilité de mettre en place un cadre de politique afin de remettre l’économie sur la voie d’une croissance durable.