Les résultats d’une troisième vague d’enquête par téléphone portable révèlent des progrès depuis février
WASHINGTON, 15 juin 2015 – L’emploi en Sierra Leone a retrouvé ses niveaux d’avant la crise, même si les salaires et le nombre d’heures de travail continuent de marquer le pas. Tels sont les résultats de la dernière vague d’enquête par téléphone portable réalisée par Statistics Sierra Leone avec le soutien du Groupe de la Banque mondiale afin d’évaluer l’impact de la crise Ebola sur le niveau de vie des populations. L’enquête de mai 2015 a porté sur un échantillon de 1 715 ménages, soit 41 % des 4 199 ménages couverts par l’enquête de référence sur la population active, conduite en juillet et août 2014.
« La Sierra Leone travaille sans relâche pour parvenir à zéro nouvelle infection, indique Francis Ato Brown, responsable des opérations de la Banque mondiale pour la Sierra Leone. Notre contribution consiste non seulement à soutenir les efforts du pays pour éradiquer Ebola mais aussi à œuvrer pour la reprise économique et atténuer les impacts à court, moyen et long termes de la crise sur le bien-être économique et sociale des Sierra-Léonais. »
D’après l’Organisation mondiale de la santé, au 7 juin 2015 la Sierra Leone avait déclaré plus de 12 900 cas d’Ebola et plus de 3 900 morts depuis le début de l’épidémie. Grâce à une politique de confinement concernant tout le territoire et des campagnes d’information organisées fin mars, des progrès substantiels sont enregistrés depuis quelques mois, avec un maximum de 15 nouveaux cas déclarés par semaine.
Les principaux résultats de la troisième enquête sont les suivants :
- L’emploi en Sierra Leone a rebondi, renouant avec les niveaux observés en juillet-août 2014, lors de l’enquête de référence sur la population active. Cette évolution est particulièrement bienvenue à Freetown où, au plus fort de l’épidémie, en novembre 2014, l’emploi avait reculé de 9 points de pourcentage. Dans les autres centres urbains, la reprise est même encore plus forte. Les travailleurs indépendants, dont une quantité disproportionnée de jeunes à Freetown, voient leur situation s’améliorer et, d’une manière générale, le nombre de ceux qui réintègrent ce secteur dépasse le nombre de ceux qui l’ont quitté entre la deuxième et la troisième vague d’enquête.
- Si l’activité redémarre, la quantité d’heures travaillées et les salaires restent faibles. La situation est particulièrement aiguë dans les zones rurales, même si la préparation des terres et les semis du riz ont commencé en de nombreux points du territoire. Les revenus des travailleurs salariés et des indépendants sont nettement inférieurs à leur niveau d’avant la crise Ebola. Pour pratiquement un tiers des actifs travaillant dans des entreprises familiales non agricoles, les revenus restent considérablement plus faibles qu’en juillet-août 2014.
- Les signaux sont positifs dans l’agriculture, avec le début de la nouvelle campagne de semis. Les rendements de la récolte 2014 sont comparables aux années précédentes et les statistiques relatives aux ventes et à l’embauche de saisonniers témoignent d’un retour à la normale sur les marchés ruraux de produits de base et de main-d’œuvre temporaire.
- Le recours aux services sociaux de base continue d’augmenter. L’utilisation des services de santé maternelle est en nette amélioration. Ainsi, la part des ménages signalant la naissance d’un enfant en milieu hospitalier ou dans un dispensaire au cours des deux mois précédant l’enquête est passée de 28 % en novembre 2014 à 64 % en janvier/février 2015 puis à 89 % en mai.
- Une majorité d’enfants d’âge scolaire (6-17 ans) ont repris le chemin de l’école. Parmi les ménages dont l’un des membres au moins a l’âge d’aller à l’école, 87 % indiquent que tous leurs enfants sont scolarisés. Moins de 2 % des ménages invoquent le fait que l’école n’est pas sûre ou est toujours fermée à cause de l’épidémie comme motif de non scolarisation des enfants.
Il convient de rappeler que ces résultats d’enquête sur l’utilisation des services publics ne sont sans doute représentatifs que de la situation des ménages aisés. Ramenés à l’ensemble de la population, les pourcentages seraient probablement plus faibles.
« Grâce à ces trois vagues d’enquête et aux analyses conduites, nous avons pu identifier et isoler les principales difficultés socioéconomiques rencontrées par la plupart des ménages de Sierra Leone, indique Kristen Himelein, économiste du Groupe de la Banque mondiale spécialisée dans les problèmes de pauvreté en Sierra Leone. Les répercussions de la crise Ebola risquent fort de perdurer et, si nous voulons assurer la reprise économique du pays, nous devons savoir quels sont les secteurs et les groupes de population à soutenir en priorité. »
En savoir plus sur la réponse du Groupe de la Banque mondiale face à Ebola : www.banquemondiale.org/ebola