NEW YORK, 18 mai 2015 – Alors que la communauté internationale s’est fixé pour objectif de garantir l’accès à une énergie durable pour tous d’ici 2030, les progrès récents sont encourageants mais nettement insuffisants. C’est ce que révèle le dernier rapport de suivi de l’initiative Énergie durable pour tous (ou « SE4All » selon son acronyme en anglais).
La nouvelle publication, intitulée Progress Toward Sustainable Energy: Global Tracking Framework 2015, indique que 1,1 milliard d’habitants dans le monde n’ont toujours pas accès à l’électricité tandis que près de 3 milliards utilisent encore des combustibles polluants pour faire cuire les aliments (kérosène, bois, charbon de bois, déjections animales, etc.). Et si les choses commencent à bouger, il va falloir radicalement accélérer la cadence sur le front de la production d’énergie renouvelable et de l’efficacité énergétique.
Il s’agit de la deuxième édition d’un rapport consacré aux avancées accomplies dans le monde sur les trois objectifs de l’initiative SE4All, à savoir : assurer un accès universel à des services énergétiques modernes, multiplier par deux le taux d’amélioration de l’efficacité énergétique, et doubler la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique mondial. Ces trois objectifs doivent tous être atteints d’ici 2030. La première édition du rapport, publiée en 2013, faisait état des progrès réalisés entre 1990 et 2010 ; la deuxième porte sur la période 2010-2012.
Au cours de ces deux années, le nombre de personnes qui n’ont pas accès à l’électricité est tombé de 1,2 à 1,1 milliard, selon une progression beaucoup plus rapide que celle enregistrée entre 1990 et 2010. Au total, 222 millions de personnes ont pu accéder à l’électricité pendant la période étudiée, ce qui dépasse la croissance démographique, estimée à 138 millions de personnes. Les progrès se concentrent en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne, et surtout dans les zones urbaines. Le taux mondial d’électrification a grimpé de 83 % en 2010 à 85 % en 2012.
Malheureusement, l’accès à des combustibles de cuisine propres n’a pas évolué aussi rapidement et 2,9 milliards de personnes utilisent encore des dérivés de la biomasse comme le bois et le fumier pour cuire leurs aliments. La plupart d’entre elles vivent dans des zones rurales de l’Afrique subsaharienne, de l’Asie du Sud et de l’Asie de l’Est.
Chose encourageante, la part des énergies renouvelables modernes (hydroélectrique, solaire et éolienne) a connu une croissance rapide — 4 % — pendant la période étudiée. Ces énergies représentaient 8,8 % de la consommation mondiale d’énergie en 2012. Néanmoins, si l’on veut atteindre l’objectif de l’initiative SE4All d’ici 2030, on devra faire passer ce taux de croissance à près de 7,5 % par an.
Pour mesurer l’efficacité énergétique, les auteurs se réfèrent à l’intensité énergétique, soit la production économique mondiale divisée par la consommation totale d’énergie. De 2010 à 2012, l’intensité énergétique a baissé de plus de 1,7 % par an, ce qui est nettement plus qu’entre 1990 et 2010, mais encore loin de l’objectif général fixé dans l’initiative, soit une baisse annuelle de 2,6 % entre 2010 et 2030.
« Nous sommes sur la bonne voie pour mettre fin à la pauvreté énergétique, déclare Anita Marangoly George, directrice principale du pôle Énergie et industries extractives de la Banque mondiale, mais nous sommes encore loin du compte. Nous devrons redoubler d’efforts, surtout pour mobiliser des investissements beaucoup plus élevés dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Il sera indispensable d’utiliser les finances publiques comme levier pour mobiliser les capitaux privés, si nous voulons atteindre ces objectifs. »
Pour combler les retards, les auteurs soumettent quatre recommandations aux décideurs et parties prenantes du monde entier:
- Tripler les investissements énergétiques actuels. Les investissements annuels dans l’énergie devront passer d’environ 400 milliards à un montant situé entre 1 000 et 1 250 milliards de dollars. Sur ce montant, entre 40 et 100 milliards seront nécessaires chaque année pour garantir une électrification universelle. En revanche, l’accès universel à des combustibles de cuisine modernes ne demande que 4,3 milliards par an.
- Adopter de nouvelles méthodes pour mesurer l’accès à l’énergie. Les mesures classiques, comme le raccordement des foyers au réseau, masquent en réalité de grandes disparités dans la qualité des services énergétiques. De nombreux habitants ayant officiellement accès à l’énergie ne disposent en fait que d’un courant très limité ou très irrégulier.
- Renforcer le transfert des connaissances et des technologies relatives aux énergies renouvelables. Il faudra fournir aux pays défavorisés les technologies de pointe en matière d’énergie propre, avec les connaissances qui s’y rapportent.
- Mieux tenir compte des liens entre l’énergie et les autres secteurs du développement. L’énergie est étroitement liée à d’autres secteurs clés du développement, notamment l’eau, l’agriculture, l’égalité hommes-femmes et la santé. Il est crucial de mieux comprendre ces interactions pour atteindre les objectifs d’énergie durables tout comme les autres objectifs de développement. Par exemple, l’efficacité hydraulique est une source d’efficacité énergétique : en utilisant l’eau à meilleur escient, on réduit souvent la consommation d’électricité, puisqu’une baisse de la demande d’eau se traduit par une baisse des besoins de pompage et de traitement.
Le cadre de suivi mondial de l’Énergie durable pour tous est assuré conjointement par le pôle Énergie et industries extractives de la Banque mondiale, le Programme d'assistance à la gestion du secteur énergétique (ESMAP) et l'Agence internationale de l'énergie, avec l’appui de 20 organismes et agences partenaires.
Dernière mise à jour: 18 mai 2015