Jim Yong Kim énonce sa vision pour une conjugaison des efforts publics et privés
afin de réduire les risques.
WASHINGTON, 27 janvier 2015 — Le monde est « dangereusement mal préparé » pour faire face aux futures pandémies, affirme le président du Groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, qui a énoncé aujourd’hui une vision dans laquelle les compagnies d’assurance, les pouvoirs publics, les organisations multilatérales, les entreprises et les bailleurs de fonds internationaux conjuguent leurs efforts pour bâtir un système qui permettrait à tous les pays de se prémunir contre des catastrophes sanitaires aux conséquences potentiellement catastrophiques.
« L’épidémie d’Ebola a eu des effets dévastateurs en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone, causant d’énormes pertes en vies humaines et une baisse de la croissance économique », déclare M. Kim dans une allocution prononcée à l’Université de Georgetown. « Nous devons faire en sorte d’éradiquer complètement cette épidémie. En même temps, nous devons nous préparer à faire face à de futures pandémies qui pourraient être bien plus mortelles et contagieuses que ce que nous avons vu jusqu’à présent avec Ebola. Nous devons tirer des enseignements de l’épidémie d’Ebola, car il ne fait aucun doute que nous serons confrontés à d’autres pandémies dans les années à venir. »
M. Kim a révélé que le Groupe de la Banque mondiale collabore depuis plusieurs mois avec l’Organisation mondiale de la santé, d’autres organismes des Nations Unies, des universitaires, des responsables de compagnies de réassurance et d’autres acteurs pour mettre au point un projet de mécanisme de réponse aux pandémies. Des réunions informelles consacrées à cette question ont aussi été organisées en marge du Forum économique mondial de Davos (Suisse) qui s’est tenu la semaine dernière.
Il a précisé qu’un avant-projet serait présenté dans les prochains mois aux dirigeants des pays développés et des pays en développement. Si cet avant-projet fera probablement appel à une combinaison d’obligations et d’instruments d’assurance, Kim affirme que le futur mécanisme de réponse aux pandémies serait semblable, à certains égards, à une police d’assurance habitation.
« Ce mécanisme pourrait fonctionner comme une police d’assurance que les gens comprennent, notamment l’assurance incendie », explique-t-il. « Plus vous êtes équipé pour faire face à un incendie, par exemple en installant plusieurs détecteurs de fumée dans votre maison, plus faible est la prime que vous payez. » Et de poursuivre : « Plus les pays, les institutions multilatérales, les entreprises et les bailleurs de fonds travailleront ensemble pour se prémunir contre de futures pandémies – en renforçant les systèmes de santé, en améliorant la surveillance et les chaînes d’approvisionnement et de transport, et en mettant sur pied des équipes d’intervention médicale rapides — plus faible aussi sera la prime. Un tel système profiterait aux bailleurs de fonds et aux autres organismes qui devront payer la prime, mais le plus grand avantage serait que les mécanismes du marché nous aideraient à promouvoir des améliorations dans notre préparation face aux épidémies ».
Le président du Groupe de la Banque mondiale a indiqué que l’un des résultats que l’on pourrait attendre de la création d’un mécanisme de réponse aux pandémies serait une Organisation mondiale de la santé plus robuste, mais aussi l’accroissement des moyens à la disposition des pays en développement pour renforcer les organismes régionaux de lutte contre les maladies.
M. Kim a prononcé cette allocution durant la conférence inaugurale de l’initiative Global Futures (Futures mondiaux) à l’Université de Georgetown. Intitulée « Leçons tirées d'Ebola : Vers une stratégie de réponse aux pandémies pour l'après 2015 », cette intervention marque le lancement d’un semestre de conférences à Georgetown sur « l’avenir du développement dans le monde », qui participe à la nouvelle initiative de l’université dénommée Global Futures.