Un appel du président du Groupe de la Banque mondiale en visite au Moyen-Orient
BEYROUTH, 3 JUIN 2014 - Alors que la guerre en Syrie ne montre aucun signe d'apaisement, le président du Groupe de la Banque mondiale Jim Yong Kim annonce aujourd'hui à un public composé d'étudiants et de décideurs que le moment est venu de « se préparer pour la paix » en Syrie et dans les pays voisins, citant en exemple des efforts similaires qui ont démarré il y a 70 ans, avant la fin de la seconde guerre mondiale.
« Personne ne sait ni comment ni quand se terminera la guerre en Syrie - et malheureusement, rien n'indique qu'elle prendra fin de si tôt », déclare M. Kim dans un discours prononcé au ministère de l'Éducation à Beyrouth dans le cadre d'un voyage de quatre jours au Moyen-Orient. « Mais cette période est précisément le moment de nous préparer pour la paix qui finira inévitablement par arriver. La communauté internationale, notamment le Groupe de la Banque mondiale, les Nations Unies et les principaux bailleurs de fonds, doit mettre sur pied un plan qui aidera non seulement la Syrie à se reconstruire, mais également le Liban, la Jordanie, la Turquie et l'Iraq à se remettre des nombreuses conséquences dévastatrices de la guerre. »
Dans son allocution, M. Kim a parlé du long processus de planification démarré en 1944 pour reconstruire l'Europe, bien que rien n'indiquait alors que la seconde guerre mondiale tirait à sa fin.
« Permettez-moi de vous ramener 70 ans en arrière, à 1944, lorsque les armes fumaient encore au cours de la seconde guerre mondiale », poursuit M. Kim. « La paix était alors difficilement envisageable – la tragédie humaine que traversait l'Europe avait atteint une échelle qui mettait à l'épreuve l'espoir nourri par des Européens de votre âge. »
Mais la communauté internationale a commencé à planifier le relèvement de l'Europe et a ensuite investi des milliards de dollars dans la reconstruction de cette région lorsque la guerre s'est achevée. La reprise a été rapide. En 1951, la production économique européenne était 35 % supérieure à celle d'avant la guerre. « Nous savons qu'en reconstruisant, il est possible de mieux construire, même après les conflits les plus dévastateurs. »
« Aujourd'hui peut être la période de 1944 de la Syrie et de l'ensemble du monde arabe », indique M. Kim. « Aujourd'hui doit être le jour où la communauté internationale, sous la conduite des dirigeants arabes, commence à se préparer pour la paix en Syrie et met en place des conditions propices à un avenir plus prospère pour tous les peuples de cette région. »
Le président du Groupe de la Banque mondiale a indiqué que le plan de reconstruction doit comprendre la bonne gouvernance, une croissance qui n'exclue personne, la viabilité, ainsi qu'une éducation et un système de santé de qualité.
Il a tout spécialement remercié le Liban, la Jordanie, la Turquie et l'Iraq pour leur rôle de pays d'accueil de réfugiés syriens, ajoutant que le monde devrait saluer ces États pour leur générosité. En particulier, il a mentionné les efforts extraordinaires fournis par le Liban et la Jordanie qui, ensemble, accueillent environ deux millions de réfugiés à l'intérieur de leurs frontières.
M. Kim reconnaît que son message d'optimisme au sujet de l'avenir de la Syrie pourrait se heurter à un sentiment de scepticisme chez de nombreuses personnes, mais il soutient que la graine de la transparence, de l'engagement citoyen et de la demande de plus d'emplois a été semée dans la région. Les 100 millions de jeunes que compte la région, affirme M. Kim, constituent une force positive potentielle pour la croissance, mais il faudrait pour cela que les pays investissent dans leur éducation et dans un environnement propice à la création d'emplois.
Pour sa part, le Groupe de la Banque mondiale, milite activement pour une stratégie d'intégration régionale susceptible d'entraîner une prospérité économique d'envergure.
M. Kim affirme : « Cette région n'est pas différente des autres. La paix, la stabilité, la croissance et les opportunités se manifestent lorsque les individus et les pays prennent conscience qu'ils ont un intérêt commun à vivre, s'épanouir et prospérer ensemble, quelles que soient leurs différences nationales et ethniques, ou le sectarisme qui les divise. Dans cette région, l'intégration est le facteur clé. »
Les discussions menées avec les autorités du pays ont porté sur le programme de développement à long terme du Liban et l'engagement soutenu de la Banque mondiale. M. Kim a confirmé la détermination de la Banque à obtenir le soutien de la communauté internationale en faveur du Liban, précisant que l’institution actualiserait sa récente évaluation de l'impact économique et social de la crise syrienne.
Au cours de la réunion qu'il a tenue avec les représentants de la communauté des donateurs, M. Kim a incité les participants à apporter leur contribution urgente et généreuse à un fonds fiduciaire multi-donateurs administré par la Banque mondiale. Établi pour recueillir des financements pour les projets de développement, ce fonds aidera à assurer la résilience économique des communautés libanaises qui accueillent plus d'un million de réfugiés syriens et à atténuer les risques qui menacent la stabilité budgétaire du Liban. « Le monde doit voler au secours du Liban car ce pays ne saurait être livré à lui-même face aux graves problèmes qui découlent d'un conflit dont il n'est pas l'instigateur », insiste M. Kim.
Le président du Groupe de la Banque mondiale a visité une école locale à Beyrouth pour se rendre compte par lui-même de l'impact du conflit syrien sur le système éducatif libanais : une forte demande de services d'éducation entretenue par l'afflux d'un nombre considérable d'enfants syriens réfugiés provoquant une flambée des prix, des conséquences néfastes sur la qualité de l'éducation, le recours à la double vacation et un immense besoin en éducation non formelle.
La visite de M. Kim au Liban est dans le cadre d’une tournée dans la région qui inclut également l'Arabie Saoudite et la Jordanie.