WASHINGTON, 23 avril 2014 - Le Conseil des administrateurs de la Banque mondiale a approuvé un crédit destiné à aider le Burkina Faso à déployer un système national de protection sociale visant à faire reculer la pauvreté et la faim. Ces fonds financeront l’investissement initial dans un programme de transfert monétaire appelé à couvrir l’ensemble du territoire afin de toucher un maximum de pauvres dans le pays.
Le Projet de filets sociaux au Burkina Faso, prévu pour une durée de cinq ans et financé par un crédit de l’Association internationale de développement (IDA)* de 50 millions de dollars, permettra à quelque 40 000 ménages démunis de bénéficier de transferts monétaires directs. Par ailleurs, des activités pilotées par les communautés inciteront ces familles à investir dans le développement et l’alimentation de leurs enfants ainsi que dans leurs propres capacités productives.
Malgré une croissance économique solide, pratiquement 47 % de la population burkinabè, en plein essor, vivent toujours dans la précarité et 58 % ne parviennent pas à satisfaire leurs besoins caloriques essentiels. Le projet doit aider le pays à s’inscrire dans une trajectoire de développement économique plus inclusive, afin de ne laisser aucun citoyen sur le bord du chemin.
Le ciblage méthodique des ménages les plus démunis est l’une des clés de tout dispositif national de filets sociaux. Au Burkina Faso, cela impliquera d’organiser en priorité des transferts monétaires dans les régions les plus touchées par la pauvreté chronique, la malnutrition et l’insécurité alimentaire, à savoir l’Est, le Nord et le Centre-Est. En tablant sur une moyenne de 8 personnes par foyer rural, ce sont environ 316 000 habitants qui bénéficieront directement de ce projet.
« En instaurant un solide mécanisme de filets sociaux, le Burkina Faso ne se contente plus d’organiser une aide alimentaire coûteuse, mais cherche à s’attaquer durablement à la pauvreté et à la malnutrition tout en donnant aux familles de quoi investir dans la santé et l’éducation de leurs enfants, analyse Mercy Tembon, responsable des opérations de la Banque mondiale au Burkina Faso. Une fois que les autorités ont identifié et recensé les ménages les plus vulnérables, l’aide octroyée peut être systématiquement augmentée en cas d’urgence. »
La protection sociale est l’axe central de la stratégie de croissance accélérée et de développement durable du pays pour la période 2011-2015, sachant que le Burkina Faso s’est aussi doté d’une politique nationale de la protection sociale, qui définit la vision du pays en la matière.
« Le nouveau système de filets sociaux du Burkina Faso contribuera à utiliser aussi efficacement que possible les ressources limitées de l’État pour atteindre les groupes les plus démunis, ajoute Azedine Ouerghi, chef d’équipe du projet à la Banque mondiale, aux côtés de Victoria Monchuk. Cette planification systématique qui vise à réduire durablement la pauvreté et à renforcer la résilience des familles, tout en assurant une gestion efficace du système de protection sociale, constitue une avancée capitale. »
« Les dispositifs de filets sociaux se multiplient en Afrique, surtout depuis la crise économique mondiale, les pouvoirs publics cherchant des solutions innovantes pour faire reculer la pauvreté et gérer les risques », conclut Victoria Monchuk, également auteur d’un rapport de la Banque mondiale intitulé Réduire la pauvreté et investir dans le capital humain : le nouveau rôle des filets sociaux en Afrique.
L’Association internationale de développement (IDA), une institution de la Banque mondiale fondée en 1960, accorde des dons et des crédits sans intérêts aux pays les plus pauvres afin de les aider à mettre en œuvre des programmes qui stimulent la croissance économique, atténuent les inégalités et améliorent les conditions de vie des populations. L’IDA est l’un des principaux bailleurs d’aide aux 82 pays les plus déshérités du monde, dont 40 se trouvent en Afrique. Les ressources de l’IDA bénéficient concrètement à 2,5 milliards de personnes vivant avec moins de deux dollars par jour. Depuis sa création, l’IDA a soutenu des activités dans 108 pays. Le volume annuel de ses engagements est en constante augmentation et a représenté en moyenne 15 milliards de dollars au cours des trois dernières années, 50 % de ce montant environ étant destiné à l’Afrique.