COMMUNIQUÉS DE PRESSE

Un nouveau rapport préconise les mesures à prendre pour réduire et éliminer les inégalités auxquelles les agricultrices doivent faire face en Afrique

18 mars 2014


WASHINGTON, le 18 mars 2014 - Lutter contre les inégalités dont les agricultrices sont victimes à maints égards en Afrique est crucial pour réduire la pauvreté, doper la croissance économique et nourrir une population toujours plus nombreuse, selon le rapport publié aujourd’hui par le Groupe de la Banque mondiale et l’organisation ONE.

La nouvelle publication, intitulée en anglais Levelling the Field: Improving Opportunities for Women Farmers in Africa, analyse l’ampleur et les causes des énormes différences de production qui s’observent entre les agriculteurs de sexe masculin et féminin dans six pays africains — l’Éthiopie, le Malawi, le Niger, le Nigéria, l’Ouganda et la Tanzanie — qui, ensemble, représentent plus de 40 % de la population d’Afrique subsaharienne. Ce rapport, le premier du genre, met au jour des disparités profondes entre les hommes et les femmes dans le secteur de l’agriculture en Afrique et énumère les facteurs qui freinent les agricultrices africaines. Il propose aussi, à l’intention des responsables politiques, des mesures concrètes pour réduire ces inégalités. L’enjeu est de taille : en parvenant à combler l’écart hommes-femmes, il est non seulement possible d’accroître le revenu des ménages et d’améliorer leur niveau de vie, mais également de produire des denrées nutritives et bon marché pour nourrir une population africaine en augmentation.

Selon Makhtar Diop, vice-président de la Banque mondiale pour la Région Afrique, « ce rapport atteste de manière précise et inédite de l’ampleur et de la profondeur des disparités entre les sexes dans le secteur de l’agriculture en Afrique. Le manque de productivité prive des millions d’agriculteurs d’une vie décente et les condamne à la pauvreté. Or, comme le montre le rapport, les pouvoirs publics peuvent aider les ménages agricoles à sortir de ce piège grâce à des politiques efficaces et éprouvées qui ciblent les agricultrices et améliorent, par exemple, leurs droits fonciers».

Le rapport révèle notamment que les femmes représentent près de la moitié des travailleurs du secteur agricole mais que la productivité à l’hectare de leurs exploitations est nettement inférieure à celle des hommes. Dans les six pays à l’étude, l’écart de production entre les sexes varie dans une fourchette comprise entre 13 % en Ouganda et 25 % au Malawi. Deux autres constats méritent d’être soulignés :

  • Les femmes n’obtiennent pas nécessairement les mêmes rendements que les hommes même si elles ont autant accès qu’eux à des engrais, à de la main-d’œuvre et à des formations.
  • Garantir les droits fonciers des femmes et améliorer leur accès à de la main-d’œuvre comptent parmi les mesures phares que les pouvoirs publics peuvent prendre pour faire baisser les inégalités entre les sexes et stimuler une croissance économique qui rime avec réduction de la pauvreté.

L’agriculture recèle un immense potentiel en ce qu’elle peut permettre de doper la croissance économique au profit de tous, d’améliorer la sécurité alimentaire et de donner du travail à des millions d’Africains. En Afrique, deux tiers des habitants vivent de l’agriculture et plus de 90 % des plus pauvres travaillent dans ce secteur. Si les agricultrices avaient accès aux mêmes moyens de production que leurs homologues masculins dans le monde, elles pourraient accroître leurs rendements agricoles de 20 à 30 %, ce qui éviterait à 100 millions, voire à 150 millions de personnes de souffrir de la faim. Le rapport publié aujourd’hui tombe à point nommé sachant que l’Union africaine a proclamé 2014 « Année de l’agriculture et de la sécurité alimentaire » pour braquer l’attention sur le secteur agricole et sa capacité à transformer le continent.

Sipho Moyo, directrice de One Africa, met en garde : « Si nous ne nous préoccupons pas de ces disparités entre les hommes et les femmes, c’est à nos risques et périls, car le coût social et économique en est énorme. Quelle injustice pour les agricultrices africaines et leur famille que de constater qu’elles représentent près de la moitié des travailleurs du secteur de l’agriculture, mais qu’en moyenne, elles produisent moins à l’hectare que les hommes. Cette inégalité absurde empêche de surcroît de tirer pleinement parti du potentiel du secteur, qui pourrait stimuler la croissance économique au profit de tous, améliorer la sécurité alimentaire et créer des emplois et des créneaux économiques pour les millions de jeunes Africains qui font leur entrée sur le marché du travail chaque année».

Et de poursuivre : « Pour les gouvernements et leurs partenaires, investir dès aujourd’hui dans l’agriculture, en particulier en faveur des agricultrices, c’est l’assurance de léguer aux futures générations d’Africains une société plus égalitaire et un champ illimité de possibles, et de libérer les populations de la dépendance à l’égard de l’aide internationale ».

Pour réduire les disparités entre les sexes, les auteurs du rapport engagent les gouvernements africains à favoriser l’autonomisation des agricultrices par des mesures consistant notamment à :

  1. renforcer les droits fonciers des femmes ;
  2. améliorer l’accès des femmes à la main-d’œuvre ;
  3. accroître l’utilisation, par les agricultrices, d’outils et d’équipements agricoles réduisant leur travail physique ;
  4. développer localement des centres d’accueil de la petite enfance ;
  5. encourager les femmes à utiliser des engrais de meilleure qualité et en plus grande quantité ;
  6. amener les femmes à utiliser davantage de semences de qualité ;
  7. adapter les formations aux besoins des femmes et utiliser les réseaux sociaux pour diffuser le savoir agricole ;
  8. promouvoir la pratique de cultures commerciales rentables auprès des agricultrices ;
  9. aider les femmes à entrer sur les marchés et à commercialiser leur production ;
  10. améliorer le niveau de formation des agricultrices.

Contacts médias
À Washington
Ari Goldberg, ONE Campaign
Téléphone : +1 (202) 330 3677
Ari.Goldberg@one.org
À Washington
Lillian Foo, World Bank Group
Téléphone : + 1 (202) 458 7726
lfoo@worldbank.org



COMMUNIQUÉ DE PRESSE N° :
2014/370/AFR

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