ABOU DHABI, 6 février 2014 – Les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (« région MENA ») accusent du retard par rapport à d'autres régions du monde dans le déploiement des réseaux haut débit, l'accès à l'internet et son utilisation, et la création des contenus numériques. L’accès généralisé au service internet haut débit est un facteur clef de la croissance économique, de la création d'emplois et de l'inclusion sociale, et il fait l’objet d’une forte demande aujourd’hui. Selon un nouveau rapport de la Banque mondiale sur les réseaux à large bande dans le monde arabe, une concurrence plus développée et des réformes politiques et réglementaires pourraient faire de la région un chef de file dans le secteur de l'internet haut débit.
« Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, berceaux de la science et de la technologie modernes, peuvent à nouveau utiliser la technologie pour relever les défis du monde d'aujourd'hui, déclare Inger Andersen, Vice-président de la Banque mondiale pour la région MENA. Le Groupe de la Banque mondiale est déterminé à travailler en étroite relation avec l'ensemble des pays de la région MENA pour améliorer l'accès au service internet haut débit et la qualité de ce service. »
Le rapport intitulé « Broadband Networks in the Middle East and North Africa: Accelerating High Speed Internet Access » publié aujourd'hui rappelle que le déploiement des réseaux à large bande stimule le développement économique et est devenu incontournable pour la compétitivité des pays. Pourtant, les services internet haut débit se développent plus lentement dans la région MENA que dans d'autres régions émergentes d'Europe et d'Asie. À l'exception des pays du Golfe, où les populations ont déjà largement accès au Web, on constate que dans beaucoup de pays du monde arabe, cet outil de communication essentiel n'est accessible qu'à moins du quart des ménages. Des millions de gens n’ont pas les moyens de s'offrir ces services et risquent donc d’être les laissés pour compte de la révolution de l'information qui définit le monde moderne.
Au Maroc et en Tunisie, les ménages disposant des revenus les plus faibles devraient dépenser environ 30 à 40 pour cent de leurs revenus pour bénéficier du service internet haut débit fixe ou mobile. Au Yémen, les 40 pour cent les plus pauvres de la population devraient dépenser plus de la moitié de leurs revenus pour bénéficier d'une connexion internet haut débit mobile. À Djibouti, le service fixe ou mobile peut coûter plusieurs fois le revenu mensuel des 60 pour cent les plus pauvres de la population.
« Le monde arabe affiche une croissance économique plus lente et un niveau élevé de chômage, en particulier chez les jeunes et chez les femmes, déplore Carlo Maria Rossotto, coordinateur régional du secteur des TIC à la Banque mondiale pour la région MENA et co-auteur du rapport. L'internet haut débit peut modifier radicalement les perspectives socioéconomiques de la région et contribuer à une croissance accélérée et à une prospérité partagée. »
Le rapport évalue pour la première fois les ressources encore inexploitées des réseaux de fibres optiques appartenant aux compagnies de services publics d'énergie, d'électricité et de transport, et comment ils pourraient contribuer à la mise en place de services internet abordables. Une meilleure utilisation de ces réseaux pourrait élargir l'accès au service internet sur large bande, y compris dans les régions rurales. L'Algérie pourrait devenir un chef de file régional dans ce secteur grâce aux 49 000 km de fibres optiques déployées par Algérie Telecom et aux réseaux de plus de 20 000 km dont disposent les services publics. Par ailleurs, en Libye, les sociétés pétrolières et gazières possèdent de vastes réseaux de fibres optiques qui pourraient jouer un rôle important dans le développement de l'internet.
Le rapport propose un certain nombre de stratégies à l'intention des pays de la région MENA qui souhaitent entreprendre une réforme du secteur internet. Il préconise en particulier de favoriser la concurrence entre les différents services de télécommunications pour les inciter à offrir à plus de clients des services internet haut débit basés utilisant toutes les plateformes technologiques. Explorer de nouveaux modèles de partenariat public-privé permettrait aussi une exploitation plus efficace des réseaux haut débit et d'en élargir l'utilisation au niveau local. Le partage par les divers services publics des fibres optiques inutilisées permettrait de réduire les coûts du déploiement du haut débit et d'accroître la résilience des réseaux existants. Enfin, la mise en place de dispositifs d’incitations améliorerait la faisabilité des de l’internet haut débit dans les régions isolées. La mise en place d’actions de promotion dans le secteur de l'immobilier pourrait encourager l’offre des services internet haut débit dans les nouveaux bâtiments et les nouveaux quartiers. Enfin, le recours à des stratégies axées sur la demande, y compris des programmes de subventions à l'intention des populations rurales et des autres groupes défavorisés, renforcera la culture numérique et contribuera à rendre les terminaux plus abordables.
Le Groupe de la Banque mondiale est déterminé à aider les pays à mettre fin à la pauvreté extrême et promouvoir une prospérité partagée. Il considère que l’accès aux technologies de l’information et de la communication est une condition essentielle pour réaliser de véritables transformations. Selon M. Rossotto, « l'investissement dans les réseaux haut débit pourrait créer des milliers d'emplois dans le secteur des infrastructures tout en favorisant une progression généralisée de l'emploi fondée sur l'économie du savoir dans la région. »