À mesure que la longévité s’accroît, les maladies invalidantes — douleurs lombaires, dépression, etc. — remplacent graduellement les maladies infantiles —infections des voies respiratoires inférieures, diarrhée, etc. — au rang des menaces principales qui pèsent sur la santé publique.
WASHINGTON, 4 septembre 2013 – Dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), les maladies non transmissibles comme les cardiopathies (en hausse de 44 %), les accidents cérébrovasculaires (en hausse de 35 %) et le diabète (en hausse de 87 %) causent plus de décès prématurés et d’invalidité que par le passé. Des facteurs de risque évitables comme la mauvaise alimentation, l’hypertension, un indice de masse corporelle élevé (indicateur de l’obésité et du surpoids) et le tabagisme contribuent à l’augmentation de la fréquence des maladies non transmissibles dans la région.
Ce sont là quelques-unes des conclusions d’un rapport intitulé « The Global Burden of Disease: Generating Evidence, Guiding Policy – Middle East and North Africa Regional Edition », publié le 4 septembre par la Banque mondiale et l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME). Ce rapport s’appuie sur une étude intitulée « Global Burden of Diseases, Injuries, and Risk Factors Study 2010 » (GBD 2010) réalisée en collaboration par des chercheurs de 50 pays travaillant sous la direction de l’IHME à la University of Washington de Seattle (États-Unis).
Le rapport examine l’évolution des causes principales de décès et de problèmes d’invalidité précoces au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et compare les résultats des pays à ce chapitre. Il décrit comment la région est parvenue à réduire la morbidité causée par plusieurs maladies transmissibles, infantiles, nutritionnelles ou maternelles. Cependant, une maladie transmissible — l’infection des voies respiratoires inférieures — occupe toujours le deuxième rang des menaces qui pèsent sur la santé dans la région.
« L’évolution rapide de la charge de morbidité expose les populations pauvres des pays à revenu faible ou moyen à un risque plus grand de pénurie de services et de hausse des coûts des soins de santé qui pourrait les enfoncer encore plus dans la pauvreté, déclare Timothy Evans, directeur du groupe Santé, Nutrition et Population à la Banque mondiale. Les données publiées dans ces nouveaux rapports peuvent jouer un rôle de premier plan dans les efforts déployés par les décideurs pour établir une politique de couverture universelle des soins de santé apte à améliorer la santé des populations, des collectivités et de l’économie de leurs pays. »
La Banque mondiale a fait réaliser la première analyse de la charge globale de morbidité (GBD) dans le cadre de la préparation de son Rapport de 1993 sur le développement dans le monde. L’IHME a présenté en début d’année son rapport GBD 2010 à l’occasion de rencontres organisées par la Banque mondiale. Les responsables de la Banque mondiale ont alors compris l’utilité d’intégrer l’analyse de la GBD aux actions menées par la Banque mondiale dans certains pays, et ont entrepris de collaborer avec l’IHME à la préparation de six rapports régionaux.
Le nouveau rapport examine également les diverses maladies qui sont à l’origine d’importants problèmes d’invalidité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord — par exemple, douleurs lombaires, troubles dépressifs majeurs, anémie ferriprive, troubles d’anxiété et diabète.
« On observe au Moyen-Orient et en Afrique du Nord une augmentation rapide de la fréquence des maladies qui sont les plus fréquentes aux États-Unis et en Europe de l’Ouest : cardiopathies, dépression et diabète, déclare Christopher Murray, directeur de l’IHME et un des principaux auteurs de l’étude GBD. Par ailleurs, les pays les plus pauvres de la région, y compris le Yémen, Djibouti et l’Iraq, sont toujours aux prises avec un grave problème de maladies transmissibles. »
Le rapport décrit l’évolution des facteurs de risque responsables de la plupart des décès et des infirmités dans la région. Ceux responsables de maladies comme les cardiopathies, les accidents cérébrovasculaires et le diabète — mauvaise alimentation, hypertension et indice de masse corporelle élevé — sont les trois principaux facteurs de morbidité de la région, et leur fréquence a augmenté de plus de 50 % entre 1990 et 2010.
« Pour relever ce nouveau défi, la Banque mondiale a adopté une nouvelle stratégie pour le secteur de la santé : Équité et redevabilité : s’engager en faveur des systèmes de santé en Afrique du Nord et au Moyen-Orient (2013-2018). Cette stratégie ouvre la voie au renforcement des systèmes de santé pour qu’ils puissent offrir des services plus équitables et plus efficaces de prévention et de lutte contre des fléaux comme le diabète, l’hypertension et les accidents de la route, et contre des maladies invalidantes comme la dépression, en particulier chez les pauvres et les femmes, explique Enis Baris, directeur sectoriel de la Banque mondiale pour la santé dans la région MENA.
Dans les pays de cette région, les causes principales de la morbidité sont très variables : complications prénatales en Algérie et en Palestine ; dépression en Jordanie ; cardiopathies ischémiques ou maladies coronariennes en Égypte, en Iran et au Liban. Lorsqu’on compare les taux de maladies et de blessures observés dans les pays de la région MENA en tenant compte des différences de la croissance démographique et de la pyramide des âges, on constate que le Liban, la Syrie et la Tunisie occupent la tête du peloton en matière de prévention, tandis que l’Iraq, le Yémen et Djibouti ferment la marche.
« Les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord doivent réagir rapidement contre les menaces que font peser l’hypertension, l’obésité et une alimentation trop pauvre en fruits et trop riche en sel sur la santé publique et l’économie, déclare Ali Mokdad, Directeur des projets pour le Moyen-Orient à l’IHME. La mise en œuvre de politiques propres à encourager une alimentation plus saine et à renforcer le dépistage et le traitement de l’hypertension peut sauver des vies et réduire le coût des soins de santé. »
La liste qui suit présente les principales causes de décès prématurés et d’invalidité dans la région MENA ainsi que leur évolution en pourcentage entre 1990 et 2010 :
- cardiopathies ischémiques – hausse de 44 %
- infections des voies respiratoires inférieures – baisse de 47 %
- accidents cérébrovasculaires – hausse de 35 %
- douleurs lombaires – hausse de 77 %
- troubles dépressifs majeurs – hausse de 58 %
- complications prénatales – baisse de 23 %
- anomalies congénitales – baisse de 36 %
- accidents de la route – hausse de 46 %
- diabète – hausse de 87 %
- maladies diarrhéiques – baisse de 69 %
La liste qui suit présente les dix principaux facteurs de risques de décès prématurés et d’invalidité dans la région MENA ainsi que leur évolution en pourcentage entre 1990 et 2010 :
- risques d’origine alimentaire – hausse de 64 %
- hypertension artérielle – hausse de 59 %
- indice de masse corporelle élevé – hausse de 138 %
- tabagisme – hausse de 10 %
- glycémie à jeun élevée – hausse de 66 %
- inactivité physique – évolution inconnue faute de données suffisantes
- pollution de l’air par les particules – hausse de 4 %
- risques professionnels – hausse de 38 %
- carence en fer – hausse de 7 %
- taux élevé de cholestérol total – hausse de 51 %
On trouvera sur le Web les détails des résultats obtenus dans chacun des pays de la région MENA présentés sous forme de profils de pays et d’outils de visualisation des données. Le site Web de l’IHME permet par ailleurs de procéder à des recherches par type de maladie ou par pays (https://www.healthmetricsandevaluation.org/).
Fort du succès de l’étude GBD 2010, l’IHME s’emploie à élargir son réseau de chercheurs provenant du monde entier et justifiant d’une expérience en matière de maladies, de blessures ou de facteurs de risques particuliers. Il espère de cette manière renforcer ses évaluations nationales et procéder à des mises à jour plus fréquentes des études GBD. Les personnes qui souhaitent collaborer à ce travail sont invitées à cliquer ici.
La région MENA de la Banque mondiale fait l’objet d’une nouvelle stratégie sectorielle qui met l’accent sur la création de systèmes de santé équitables et responsables afin de protéger la santé des populations. Pour en savoir plus, consulter le site Web de la Banque mondiale consacré à cette stratégie.
Voici une liste des blogues récents consacrés à ces questions :
https://menablog.worldbank.org/blood-pressures-boiling-mena
https://menablog.worldbank.org/arab-world-ailments-ill-served
https://menablog.worldbank.org/surprising-rates-depression-among-mena%E2%80%99s-women
Le groupe Santé, Nutrition et Population de la Banque mondiale
Le Groupe de la Banque mondiale représente une source vitale d'assistance financière et technique pour les pays en développement du monde entier. Il a pour mission de mettre fin à la pauvreté extrême et de promouvoir une prospérité partagée. L’amélioration de la santé des populations fait partie intégrante de cette mission. Le Groupe de la Banque mondiale fournit des financements, des analyses à la fine pointe du progrès et des conseils stratégiques pour aider les pays à élargir l’accès à des soins de santé de qualité et abordables, protéger les gens contre l’appauvrissement causé par les maladies, et promouvoir les investissements dans tous les secteurs qui forment la base des sociétés en santé.
L’Institute for Health Metrics and Evaluation
L’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME) est une organisation de recherche sur la santé d’envergure mondiale sise à la University of Washington qui établit des mesures rigoureuses et comparables des problèmes de santé les plus importants du monde et qui évalue les stratégies élaborées pour les corriger. L’IHME diffuse largement les informations qu’il recueille pour permettre aux décideurs de mieux répartir les ressources dont ils disposent pour améliorer la santé des populations.