WASHINGTON, le 8 avril 2013 – Alors que la Conférence annuelle de la Banque mondiale sur la terre et la pauvreté se tient à cette semaine à Washington, le Groupe de la Banque mondiale publie la déclaration suivante :
D’ici 2050, le monde devra nourrir 2 milliards d’êtres humains de plus qu’aujourd’hui. Il faudra pour cela accroître de 70 % la production agricole mondiale — un gigantesque défi qui ne pourra être relevé que si le secteur public et le secteur privé investissent massivement dans l’agriculture, à la fois dans des petites et dans des grandes exploitations.
Mais investir ne suffira pas. La situation est encore aggravée par le niveau élevé et l’instabilité des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, conjugués aux effets du changement climatique et à la pénurie de ressources. À moins d’arriver à augmenter les rendements agricoles, la faim et la malnutrition continueront de frapper des populations nombreuses, les empêchant de saisir les opportunités à leur portée pour améliorer leurs conditions de vie.
Les réserves de terres utilisables se font rares et l’on voit trop de spéculateurs et d’investisseurs sans scrupules profiter des petits paysans, des petits éleveurs et d’autres groupes impuissants à défendre leurs droits. C’est particulièrement le cas dans les pays n’ayant pas de système de gouvernance foncière solide.
« Le Groupe de la Banque mondiale s’inquiète lui aussi des risques associés aux grandes opérations d’acquisition de terres, » a déclaré Jim Yong Kim, président du Groupe de la Banque mondiale. « L’accès à la terre est une question de vie ou de mort pour des millions de pauvres. Il est indispensable de mettre en place des politiques foncières modernes, efficaces et transparentes pour réduire la pauvreté et favoriser la croissance, la production agricole, l’amélioration de la nutrition et le développement durable. »
« Nous avons accéléré nos investissements dans l’agriculture ces dernières années, permettant ainsi aux petits exploitants d’accroître leur productivité, de réduire le gaspillage, d’accéder aux marchés et d’obtenir des droits fonciers clairs », a ajouté Jim Yong Kim. « Nous travaillons à faciliter l’accès des femmes agricultrices et chefs d’entreprise à des financements. Mais il faut faire davantage pour renforcer les capacités et les protections en matière de droits fonciers, et pour donner aux sociétés civiles les moyens de demander des comptes à leurs gouvernements.
Le Groupe de la Banque mondiale se mobilise plus que jamais pour :
- améliorer la gouvernance foncière en développant la transparence, les mécanismes de responsabilisation et la participation aux processus décisionnels ;
- protéger les droits des propriétaires fonciers et obtenir des avantages pour les petits exploitants ;
- promouvoir des politiques qui reconnaissent toutes les formes de tenure foncière et aider les femmes à bénéficier des mêmes droits fonciers que les hommes ;
- encourager les investissements agricoles viables sur le plan environnemental et social.
Le Groupe de la Banque mondiale plaide depuis longtemps en faveur de la transparence et d’une plus grande ouverture des systèmes de gestion des ressources. Tout le monde a intérêt à ce que les informations de base sur les transactions de terres soient rendues publiques.
Le Groupe de la Banque mondiale soutient et adhère aux Directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers applicables aux terres, aux pêches et aux forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale. Elles constituent un instrument international majeur pour orienter certaines réformes de la politique publique, y compris nos propres procédures et recommandations aux clients. Le Groupe de la Banque mondiale collabore déjà avec les pays pour mettre en œuvre les Directives volontaires, plus spécialement en Afrique.
La Banque mondiale a lancé un processus de consultation avec toutes les parties prenantes en vue d’examiner et d’actualiser nos politiques de sauvegarde environnementales et sociales, qui tiendront compte des Directives volontaires. Les acquisitions foncières font partie des points examinés dans le cadre de ce dialogue.
Le Groupe de la Banque mondiale s’est associé à d’autres acteurs pour appuyer la rédaction et l’adoption de Principes pour des investissements agricoles responsables en liaison avec le Pacte mondial des Nations Unies et le Comité de la sécurité alimentaire de la FAO.
Le Groupe de la Banque mondiale et ses partenaires ont aussi élaboré le Cadre d’analyse de la gouvernance foncière (CAGF), un outil de diagnostic permettant d’évaluer l’état de la gouvernance foncière au niveau des pays. Des évaluations ont été réalisées au moyen du CAGF — ou sont en cours — dans 18 pays, dont 10 en Afrique.
La Société financière internationale (IFC) — la branche du Groupe de la Banque mondiale qui travaille avec le secteur privé — s’emploie à promouvoir les investissements agricoles responsables auprès de ses entreprises privées clientes, et à développer l’utilisation des bonnes pratiques internationales en matière de transparence et de gestion des risques environnementaux et sociaux. Les Normes de performance de l’IFC ont été récemment renforcées et traitent de nombreux aspects des Directives volontaires, notamment de l’impact des acquisitions foncières en ce qui concerne plus spécialement la transparence, les droits collectifs de tenure et d’utilisation, et les processus de consentement éclairé et d’indemnisation équitable.
L’IFC a amélioré ses procédures d’audit préalable et d’évaluation des risques en amont afin d’évaluer l’impact sur la sécurité alimentaire locale des investissements agricoles envisagés sur des superficies de terres importantes. Elle est aussi en train de tester de nouvelles exigences de transparence dans les cas de cession de terres publiques à des investisseurs privés.