WASHINGTON, 15 janvier 2010–D’après une nouvelle étude sur la logistique des échanges réalisée par le Groupe de la Banque mondiale, les pays améliorent leur capacité à acheminer efficacement des marchandises et à établir des liens entre fabricants et consommateurs sur les marchés internationaux, mais il reste encore beaucoup de progrès à faire pour stimuler la croissance économique et aider les entreprises à tirer parti de la reprise du commerce international.
L’Allemagne arrive en tête des 155 économies classées sur la base des indicateurs de performance logistique figurant dans le rapport intitulé Connecting to Compete 2010: Trade Logistics in the Global Economy. Cette étude repose sur une enquête mondiale approfondie auprès des transitaires et transporteurs express internationaux.
« Pour être économiquement compétitifs, les pays sont condamnés à faire toujours mieux, et améliorer la logistique commerciale est un bon moyen de dégager des gains d’efficience, d’abaisser les coûts et d’accélérer la croissance », a rappelé le président du Groupe de la Banque mondiale, Robert B. Zoellick, en visite à Berlin du 13 au 15 janvier pour examiner les questions économiques et de développement qui se posent à l’échelle mondiale. « La rationalisation de la chaîne logistique qui relie les marchés, les fabricants, les producteurs et les consommateurs offre d’énormes possibilités de croissance et d’investissement et devrait constituer un axe privilégié des stratégies de croissance des pays en développement. L’Allemagne est le pays le plus performant au monde en termes d’efficacité logistique, et je me réjouis d’être ici présent au moment où la Banque publie ce rapport mondial. »
D’après l’étude LPI, les pays à revenu élevé dominent le classement logistique et occupent pour la plupart une place importante dans les chaînes d’approvisionnement régionales et mondiales. En revanche, les dix pays les moins performants appartiennent quasiment tous aux groupes des pays à faible ou très faible revenu.
Bien que l’étude révèle l’existence d’un large « fossé logistique » entre les pays riches et la plupart des pays en développement, elle constate une évolution positive dans certains domaines d’une importance cruciale pour la performance logistique et les échanges, en particulier la modernisation des douanes, l’utilisation des technologies de l’information ou le développement des services logistiques privés.
« Suite à la première enquête que nous avons menée en 2007, de nombreux pays en développement ont amélioré leur capacité à établir des liens avec les marchés internationaux, un élément déterminant de la compétitivité et de la croissance économique », explique Otaviano Canuto, vice-président et chef du réseau Réduction de la pauvreté et gestion économique à la Banque mondiale. « Mais si les pays en développement veulent être plus forts et compétitifs au sortir de la crise, ils doivent investir dans l’amélioration de leur logistique des échanges. »
« Les pays relativement plus performants au plan logistique peuvent doper leur croissance, devenir plus compétitifs et investir davantage », observe Bernard Hoekman, directeur du Département du commerce à la Banque mondiale. « Nos travaux montrent que si la performance logistique des pays à faible revenu s’améliorait pour atteindre le niveau moyen de celle des pays à revenu intermédiaire, il pourrait en résulter un accroissement d’environ 15 % des échanges, une diminution des coûts et une amélioration de la qualité des services qui bénéficieraient à l’ensemble des entreprises et des consommateurs. »
Il ressort de l’étude réalisée sous la direction de Jean‑François Arvis et Monica Alina Mustra, économistes au Groupe de la Banque mondiale, que des pays en développement peuvent obtenir de meilleurs résultats logistiques que ne laisserait supposer leur revenu par habitant. Les dix pays illustrant le mieux ce constat sont la Chine (à la 27e place), l’Inde (à la 47e place), l’Ouganda (à la 66e place), le Viet Nam (53e), la Thaïlande (35e), les Philippines (44e) et l’Afrique du Sud (28e).
De même, les pays dont la performance s’est nettement améliorée entre les deux enquêtes LPI (2007 et 2010) sont souvent ceux qui ont entrepris plus tôt des réformes en profondeur de leurs systèmes logistiques et de facilitation du commerce, comme la Colombie, le Brésil et la Tunisie.
Si l’on considère la performance des pays en développement par région, ceux qui affichent les meilleurs résultats sont l’Afrique du Sud (à la 28e place) en Afrique, la Chine (à la 27e place) en Asie de l’Est, la Pologne (à la 30e place) en Europe centrale et orientale, le Brésil (41e) en Amérique latine, le Liban (33e) au Moyen-Orient, et l’Inde (47e) en Asie du Sud.
Selon l’étude, la performance logistique est fortement tributaire de la qualité des institutions publiques et de la coordination efficace des procédures de dédouanement des différents services de contrôle aux frontières. À cet égard, les services douaniers sont plus efficaces que beaucoup d’autres administrations, ce qui met en avant la nécessité de réformer les procédures de contrôle aux frontières. Dans les pays les moins performants, la moitié en moyenne des conteneurs fait l’objet d’une inspection physique, et un conteneur sur sept est inspecté au moins deux fois.
Parmi les autres aspects à améliorer, citons les politiques de transport ; la concurrence dans les services liés aux échanges, notamment de transport routier et ferroviaire et d’expédition de fret ; et les infrastructures liées au commerce. Les principaux obstacles auxquels se heurtent de nombreux pays à faible revenu concernent souvent les services logistiques et les systèmes de transit international. Pour les pays à revenu intermédiaire, qui sont plus performants au regard de nombreux indicateurs, la priorité consiste souvent à améliorer les infrastructures du commerce international.
Le Groupe de la Banque mondiale appuie plusieurs projets destinés à renforcer la logistique du commerce dans les pays en développement. Le Projet de facilitation du commerce et du transport en Afrique de l’Est, d’un montant de 250 millions de dollars, a permis d’améliorer l’infrastructure du corridor de transport entre l’Ouganda et le Kenya et de moderniser le principal poste frontière à Malaba entre ces deux pays, ramenant le temps de passage de la frontière de trois jours à trois heures. Une opération de 250 millions de dollars aide la Tunisie à renforcer sa compétitivité y compris en réduisant le coût des échanges et en simplifiant les procédures de dédouanement aux frontières. Et le projet de 31,2 millions de dollars qui vise à moderniser et informatiser quatre grands postes frontières en Afghanistan a permis à ce pays de porter ses recettes douanières à plus de 399 millions de dollars en 2008, contre 50 millions de dollars lorsque le projet a démarré en 2004.
En outre, la Banque collabore avec IBM, Microsoft et la Global Express Association dans le cadre d’un partenariat public-privé qui fournit une aide à la facilitation du commerce. L’objectif de cette initiative est d’appuyer des projets pilotes dans les pays en développement et mettre en œuvre des solutions innovantes faisant appel aux technologies de l’information pour simplifier les formalités aux frontières.