A l’approche de ses Assemblées annuelles avec le Fonds monétaire international (FMI), qui se tiendront à Washington, nous vous proposons un épisode spécial pour mieux comprendre les politiques opérationnelles de la Banque mondiale.
Avez-vous déjà réfléchi à la manière dont le Groupe de la Banque mondiale organise la préparation de ses projets ? Aux différents modes de financement disponibles ? Et à la durée habituelle d'un projet ?
Pour en savoir plus sur les actions menées pour une planète plus vivable et pour tous, écoutez dès maintenant ce nouvel épisode de People First Podcast. Laissez un commentaire ici. Votre avis nous intéresse !
Bonjour à toutes et à tous. Soyez les bienvenus ! Je m’appelle Rama George, je suis ravie de vous retrouver pour un nouvel épisode du podcast People First, le podcast qui met en avant les voix de la Banque mondiale pour la région Afrique de l’Ouest et du Centre.
Nous sommes toujours au siège du Groupe de la Banque mondiale à Washington, DC. A l’approche de ses Assemblées annuelles avec le Fonds monétaire international (FMI), qui se tiendront ici, nous vous proposons un épisode spécial pour mieux comprendre les politiques opérationnelles de la Banque mondiale.
Ces réunions annuelles sont l’occasion de se retrouver pour les acteurs de divers horizons : à savoir pour les dirigeants du secteur public (banques centrales, ministères des finances et du développement, parlementaires) et du secteur privé, représentants d’organisations de la société civile, les experts issus des milieux universitaires — autour des grands dossiers mondiaux : conjoncture économique globale, lutte contre la pauvreté, développement économique, efficacité de l’aide, et bien d’autres encore.
Avez-vous déjà réfléchi à la manière dont le Groupe de la Banque mondiale organise la préparation de ses projets ? Aux différents modes de financement disponibles ? Et à la durée habituelle d'un projet ?
Pour mieux comprendre son fonctionnement et les modalités selon lesquelles il accorde des prêts à ses pays membres, nous allons rencontrer une experte de ces sujets. Nous aurons aussi le plaisir d’entendre la perspective d’une directrice pays ainsi que d’un membre du Conseil des gouverneurs qui est aussi ministre de l'Économie, de la Planification et de l'Aménagement du territoire du Cameroun.
Nous sommes ravis d'échanger aujourd’hui avec Christine Richaud, responsable de l'unité d'Économie des pays au sein du département des politiques de la Banque mondiale, qui se consacre à l'appui budgétaire, aux travaux analytiques et à l'interaction avec les pays.
Rama George : Bonjour Christine !
La Banque mondiale aspire à se transformer en une entité plus agile, plus épurée, plus performante et plus collaborative, afin d'intensifier ses actions et d'élargir son impact. Elle vise à prendre davantage de risques. Pour cela, elle a mis en œuvre un programme de réformes, pour parvenir à réduire le temps de préparation des projets, proposer de nouveaux produits de financement innovants et une meilleure valorisation de son bilan (ou le corporate scorecard) en engageant les partenaires et le secteur privé.
Quelles sont certaines de ces nouvelles mesures adoptées pour simplifier les processus pour les pays ?
Christine Richaud : En termes de préparation des projets, la Banque mondiale est en train de mettre en œuvre toute une série d'initiatives pour faciliter les choses pour le client et aussi de façon interne. Donc une série d'initiatives porte sur l'accélération de la préparation des projets et l'amélioration de l'appui à leur mise en œuvre, en termes de formation, de simplification des critères de mise en œuvre, pour aller plus vite, pour plus d'impact, avec la même qualité.
Une autre évolution importante que la Banque mondiale poursuit actuellement, c'est de renforcer les complémentarités dans le déploiement de nos instruments. Donc, entre la Banque mondiale, la SFI et MIGA, au sein du groupe de la Banque mondiale, on essaye de voir comment on peut travailler de façon plus proche, mobiliser nos instruments complémentaires pour travailler plus étroitement avec le secteur privé.
Et on essaye aussi, dans le cadre de l'évolution actuelle de la Banque mondiale, de travailler avec les autres institutions multilatérales de développement pour une harmonisation, autant que possible, de nos approches, de nos politiques, de nos façons de faire, afin de faciliter le travail pour le gouvernement, pour toutes les contreparties, lorsqu'un projet est préparé et mis en œuvre.
Rama George : Dans ce contexte, il serait intéressant de comprendre comment un projet est choisi et quels types de consultations avec les parties prenantes locales permettent de préparer la mise en œuvre d'un projet ?
Christine Richaud : On identifie les projets en coordination étroite avec le gouvernement. Dans le cadre de la préparation de ce qu'on appelle nos stratégies, nos cadres de partenariat pays on les appelle CPF, Country Partnership Frameworks.
Ces stratégies sont préparées tous les quatre à six ans. Elles sont préparées avec le gouvernement, mais aussi avec la société civile, avec le secteur privé, pour avoir l'avis de tous les participants, sur les priorités que devrait adresser la Banque mondiale dans un pays donné.
Dans ce contexte, les priorités pour les projets sont identifiées. Et quand un projet est identifié, la Banque va travailler avec le gouvernement et tous les acteurs concernés pour le préparer.
Pendant la préparation, on va apporter une attention particulière à certains éléments, la taille en étant un, mais ce n'est pas le seul. En particulier l'analyse approfondie des bénéfices que le projet peut apporter en termes de développement, mais aussi quel va être l'impact du projet, par exemple sur le plan environnemental ou sur le plan social, et quels sont les risques qui peuvent être attachés à ce projet. Cela est fait en consultation étroite, encore une fois, avec les autorités, mais aussi avec les organisations représentatives de la société civile, avec le secteur privé, en fonction de la nature du projet.
Donc pour donner un exemple, si la Banque mondiale et le gouvernement décident de préparer un projet qui va faciliter l'accès à l'éducation primaire dans un contexte donné, au-delà des questions de classe, d'école, de fournitures scolaires, des considérations seront apportées à certains risques : Par exemple, quels sont les risques pour les jeunes filles qui vont à l'école sur le chemin de l'école ? Est-ce que c'est quelque chose que l'on doit solutionner ?
Donc une analyse sera faite et des discussions avec les groupes concernés pourront avoir lieu, pour essayer justement d'adresser ces problèmes. Les associations de parents d'élèves, les groupes féminins par exemple, qui pourraient avoir une perspective à apporter sur ce genre de questions.
En ce qui concerne la détermination de la taille des projets, la taille (elle) dépend des coûts estimés. Pour reprendre l'exemple d'un projet éducation, le gouvernement peut avoir décidé de mettre en œuvre un projet dont la Banque mondiale ne financera qu'une partie, d'autres partenaires ou le budget de l'État, peut financer d'autres parties.
En réalité, ce qui est important c'est de regarder, mesurer les besoins pour atteindre les objectifs qui ont été établis pour le projet. Dans le cadre de cette discussion, des décisions devront être prises aussi sur la durée du projet.
Rama George : Vous avez parlé de risques, peut-il y avoir des cas où la Banque mondiale décide de suspendre le financement d’un projet. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi et comment elle s’y prend ?
Christine Richaud : Quand un projet est mis en œuvre par le pays, la Banque mondiale va apporter son appui. Pendant la mise en œuvre, elle peut aussi, dans certaines circonstances très spécifiques, décider de suspendre les financements, les décaissements au titre du projet. Cela peut arriver par exemple s'il y a un coup d'État dans un pays, un renversement d'un gouvernement.
La Banque mondiale a des politiques spécifiques pour gérer ce genre de situation. Elle a une politique opérationnelle en particulier qu'on appelle OP.730, qui porte sur les relations avec les gouvernements de facto et qui va permettre de faire une évaluation de la situation et de décider des suites à donner au projet.
Rama George : Existent-ils divers modes de financement pour un projet ? Pouvez-vous nous donner quelques exemples ?
Christine Richaud : Alors, il y a plusieurs décisions à prendre quand un projet est considéré et une décision très importante, c'est le choix de l'instrument. La partie Banque mondiale du Groupe dispose de trois instruments de financement qui peuvent compléter les interventions de la SFI, de MIGA et d'autres partenaires en fonction de ce qu'on essaye de faire dans le cadre de ce projet.
Ces trois instruments, très brièvement, sont un : l'appui budgétaire. C’est un financement qui va directement au budget de l'État. Ça peut être par exemple une loi pour améliorer la protection sociale de la population, ou des réglementations pour améliorer l'environnement des affaires pour les petites entreprises.
Le deuxième instrument, est ce qu'on appelle le programme pour les résultats. Il est décaissé quand certains résultats sont atteints. Par exemple, s'il s'agit d'un programme pour les résultats consacrés à l'éducation primaire, le décaissement pourra avoir lieu quand un certain nombre d'enfants dans une région donnée commencent à aller à l’école. Il pourra y avoir plusieurs tranches de décaissement en fonction des différents résultats qui seront atteints.
Le troisième instrument, c'est ce qu'on appelle le financement pour les projets d'investissement. C'est le plus utilisé. Cet instrument finance des achats spécifiques dans le cadre d'un projet, comme des routes, des médicaments, des livres scolaires.
Donc ce sont ces trois instruments, qu'on utilise pour financer les projets de la Banque mondiale.
Rama George : Conscient de ces enjeux planétaires, le Groupe de la Banque mondiale veut faire plus et mieux, agir à grande échelle et avoir un impact pour une planète plus vivable et pour tous.
Comme évoqué pendant mon entretien avec Christine, devenir une meilleure banque veut aussi dire travailler d’une manière plus intégrée, avec un représentant unique pour la Banque mondiale, la SFI et la MIGA, permettant ainsi un impact plus important dans les pays.
Nous nous sommes donc entretenus avec Keiko Miwa, directrice pays pour le Cap-Vert, la Gambie, la Guinée-Bissau, la Mauritanie et le Sénégal. Depuis quelques mois, cette particularité vient d’entrer en vigueur dans trois pays, à savoir le Cap-Vert, la Gambie et la Guinée Bissau.
Sur place à Dakar, qui est considéré comme un hub, voici ce qu’elle en pense.
Keiko Miwa : Cela signifie que nous avons une opportunité unique d'exploiter les forces de chaque institution et de développer des solutions intégrées. Le BRT de Dakar en est un bon exemple. Il s'agit du tout 1ᵉʳ système de bus urbain 100 électrique en Afrique. Il a été financé par la Banque mondiale et d'autres institutions telles que la Banque européenne d'investissement. La SFI a fourni des conseils à un concessionnaire et le MIGA a fourni une garantie au concessionnaire. Grâce à ce nouveau système de bus électrique géré par le secteur privé, plus de 300000 personnes à Dakar pourront bénéficier chaque jour d'un transport sûr et propre et le temps de trajet sera réduit presque de moitié.
En effet, le BRT ! Nous avions évoqué ce tout premier système de bus à haut niveau de service, ou Bus Rapid Transit, entièrement électrique avant son inauguration lors de notre podcast du mois de décembre dernier.
On note aussi, l’importance du résultat réalisé dans chaque pays.
Et maintenant, écoutons l’avis d’un pays membre. Il y a quelques mois, nous avons rencontré le Ministre Alamine Ousmane Mey, gouverneur pour la Banque mondiale et ministre de l'Économie, de la Planification et de l'Aménagement du territoire au Cameroun.
Lors de notre échange, il a évoqué ce qu’une Banque meilleure et plus grande signifie pour son pays. Ecoutons-le.
Ministre Alamine Ousmane Mey : Vous faites bien d'évoquer l'évolution du Groupe de la Banque mondiale. C'est un processus qui est à la fois opportun et important. Opportun parce que le monde a connu une évolution fulgurante, surtout ces dernières années, et la mission et la vision du Groupe de la Banque mondiale au tout début, à sa création, ne peuvent plus être en phase avec les réalités de notre temps. Il y a des questions liées aux changements climatiques, aux fragilités, bien entendu, aux conflits. Et tous ces aspects-là n'étaient pas totalement pris en compte quand il s'agissait essentiellement d'éradiquer l'extrême pauvreté et promouvoir la prospérité partagée.
Avec une nouvelle vision, avec un nouveau modèle stratégique, nous voulons donc aller vers une Banque meilleure et plus grande.
Rama George : Pourquoi meilleure ? l'inclusion des parties prenantes est-elle cruciale pour le succès de la Banque ?
Ministre Alamine Ousmane Mey : Meilleure, ce que nous souhaitons et ce qui est envisagé, c'est qu'elle puisse être davantage en contact avec, à la fois, les États, mais aussi la société civile, les partenaires privés et tous les acteurs qui participent au développement.
La Banque n'est plus isolée dans son processus. En matière de gouvernance d'échanges, elle va nécessairement prendre en compte toutes ces parties prenantes parce que l'inclusion garantit le meilleur succès possible.
Donc, meilleure, c'est autant de changements qui sont engagés avec l'appui de l'ensemble du conseil d'administration et surtout l'adhésion forte et totale des gouverneurs que nous sommes, entre autres, le Cameroun.
Rama George : Pourquoi est-il important d'avoir une Banque plus grande ?
Ministre Alamine Ousmane Mey : Plus grande parce que nous avons des enjeux majeurs, qui portent sur l'accès à l’électricité, à l'eau, aux services sociaux de base, l'éducation, l'intégration régionale... autant de projets qui doivent être réalisés avec plus de ressources. Une Banque plus grande avec plus de ressources, c'est une réponse à ces défis. C'est aussi en termes de partenariat avec les autres banques multilatérales de développement. Le Cameroun est fier d'avoir le projet Nachtigal soutenu par le Groupe de la Banque mondiale.
C’est la fin de cet épisode ! Un épisode qui met en lumière les opérations du Groupe de la Banque mondiale et sa façon de travailler pour accomplir sa mission et sa vision.
Au nom de toute l’équipe, je vous remercie de nous avoir suivis et espère que vous avez apprécié ces éclairages sur les projets et programmes financés par la Banque mondiale.
Rendez-vous le mois prochain pour un nouvel épisode du podcast People First.
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A très vite !
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