Cet épisode de People First Podcast est consacré aux progrès du SWEDD, le projet de la Banque mondiale pour l’autonomisation des femmes et le dividende démographique au Sahel, et au-delà du Sahel.
À travers des exemples en Mauritanie, au Mali, au Burkina Faso et au Togo, le projet SWEDD se révèle être un vecteur de changement, transformant les bénéficiaires en acteurs de développement au sein de leurs communautés.
Il sera également question de l'impact de l'investissement dans l'éducation et l'autonomisation économique des femmes sur l'amélioration des conditions de vie des bénéficiaires et la croissance économique de leurs pays.
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Rama George : Si toutes les femmes avaient les compétences et l'autorité pour réussir économiquement, elles pourraient toutes non seulement aider leur famille mais aussi stimuler la croissance économique de leur pays.
Aissata Touré : «Quand on investit dans l’éducation, d’abord quand une fille finit son éducation, elle sera autonome. Elle sera indépendante. Elle ne dépendra pas de la société, ni de la famille. Elle va aider la société à se développer, a la nation aussi. »
Rama George : Vous venez d’entendre l’avis d’Aissata Touré, une jeune activiste guinéenne et ingénieure en bâtiment.
Bonjour à toutes et à tous. Je suis Rama George, et je suis ravie de vous retrouver pour un nouvel épisode du podcast People First, le podcast de la Banque mondiale région Afrique de l’Ouest et du Centre qui donne la parole à ses habitants.
Nous dédions cet épisode aux progrès du SWEDD, le projet de la Banque mondiale pour l’autonomisation des femmes et le dividende démographique au Sahel, et au-delà du Sahel.
Alors, le SWEDD vise à accélérer la transition et le dividende démographique ainsi qu’à réduire les inégalités de genre. Les buts principaux consistent à assurer la scolarisation des filles, à augmenter l'accès aux services de santé reproductive pour les femmes et les jeunes filles, à combattre les unions et les grossesses précoces chez les adolescentes, à offrir une éducation aux compétences de vie dans des environnements protecteurs et sécurisés, et enfin, à favoriser l'émancipation économique des femmes.
Aujourd’hui, nous évoquerons d’abord l’évolution de ce projet à travers les années et rencontrerons plusieurs bénéficiaires qui ont en commun un même pays et la soif de réussir. Ensuite, nous verrons comment cette initiative s’étend à de nouvelles nations et les espoirs associés à cette introduction.
Lancé en 2015 par la Banque mondiale, avec l’appui technique du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) et de l’Organisation Ouest -Africaine pour la Santé (OOAS), ce projet a débuté dans six pays, c’est-à-dire le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger, la Côte d’Ivoire et le Tchad. Il s’est ensuite étendu au Bénin, au Cameroun, et à la Guinée, couvrant ainsi neuf pays au total.
Mais d’abord, faisons un petit retour en arrière et commençons par le tout début, c’est à dire lors du lancement du projet.
En Mauritanie, nous avons rencontré Lemieme Mohamed, de l’assistance technique au projet. Elle fait partie de l’équipe de coordination et de planification des activités depuis sa mise en place en 2016.
Écoutons-la.
Lemieme Mohamed : Le projet SWEDD commencé ici en 2016 On est actuellement dans la deuxième phase du projet, donc c’est un projet qui marche prend beaucoup d’ampleur. On touche à la fois la santé et l’éducation en maintenant les filles à l’école. On fait beaucoup de plaidoyer pour le dividende démographique.
Rama George : Au fait, savez-vous ce qu’est le dividende démographique ? Nous avons interrogé des experts.
C’est la phase dans laquelle les enfants d’un boom démographique sont devenus adultes, font moins d’enfants, et ne sont pas encore des personnes âgées. D’après l’ONU, le moment idéal pour « investir dans la santé et l’éducation », c’est-à-dire dans le « capital humain », lorsque le rapport entre les bénéficiaires des systèmes de santé et d’éducation est moindre par rapport à ceux qui le financent. L’essence même du SWEDD.
Depuis son démarrage, l’impact est positif et le projet a transformé des vies favorablement.
Par exemple, lors de notre mission au Mali, nous avons eu la chance de rencontrer de nombreuses jeunes femmes qui ont pu bénéficier d’une formation, grâce au SWEDD.
Qu’elles soient peintres en bâtiment, mécaniciennes, restauratrices, ou bien encore photographes, ces femmes partagent leur vision et leur perspective sur la signification d’une seconde chance et comment en tirer le meilleur parti.
Nous avons pu échanger avec certaines d’entre elles et recueillir leurs témoignages, lors d’une pause de travail, sur le chantier, ou simplement entre deux repas.
Sur notre chemin, nous avons croisé une mécanicienne pas comme les autres.
Sanou Coulibaly : [Traduction du Bambara] « Je m’appelle Sanou Coulibaly. Je vis ici, à Ségou. Je suis mécanicienne et je répare les motos. »
« Depuis quelques jours, j’ai tellement de clients qui viennent me voir que je ne les compte plus. Quelle que soit la marque de la moto, je peux la réparer. En fait, je peux tout réparer, quelle que soit la panne. Avant quand des clients venaient et apprenaient que c'était une femme qui réparait les motos, ils disaient : « Une femme ? non, c'est bon. J'irai ailleurs ! » Maintenant, c’est différent ! A chaque fois que je répare la moto d’un client, je suis sûre qu’il sera satisfait. Non seulement il revient toujours me remercier, mais en plus il me recommande auprès d’autres clients potentiels. »
Rama George : Quelques kilomètres plus loin du garage où travaille Sanou Coulibaly, se trouvent de nouveaux bâtiments qui ont besoin d’être peints. Mais à qui peut-on bien confier ce genre travail ? Au loin, nous voyons la silhouette d’une femme se profiler, celle de Mariam Koné ! A 30 ans, elle exerce le métier de peintre en bâtiment et cela n’a rien d’ordinaire !
Mariam Koné fait partie d’une cohorte de plus de 500 jeunes filles et femmes qui ont quitté l’école sans diplôme, mais ont su rebondir en bénéficiant d’une formation professionnelle innovante dans la filière du bâtiment et des travaux publics.
Mariam Koné : [Traduction du Bambara] « Depuis 2018, après la formation jusqu’à maintenant, je n’ai jamais été au chômage. Je continue de travailler et de voyager de villes en villes. Grâce à mes chantiers, j’ai connu beaucoup d’endroits à Bamako. »
Rama George : Aujourd'hui, au lieu d'être critiquée pour avoir choisi un métier traditionnellement masculin, elle a le soutien de ses collègues et est fréquemment citée comme modèle par sa communauté.
Elle est fière d’avoir bénéficié du projet SWEDD, et veut dorénavant monter son entreprise et employer plus de femmes. Comme elle le dit si bien :
Mariam Koné : [Traduction du Bambara] « Le conseil que je peux donner aux femmes qui ne travaillent pas, c’est qu’il n’existe pas de sous métiers. J’ai commencé cette formation parce que ce métier je l’aime. Qu’elles se joignent à nous pour que nous puissions nous entraider et aider nos époux à subvenir aux besoins du foyer. J’ai même formé une amie analphabète à la peinture en bâtiment ! Aujourd’hui, elle se débrouille très bien et elle gagne sa vie correctement. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas fait beaucoup d’études qu’on ne peut pas travailler ! Lorsqu’on a l’amour du travail et qu’on y met de la volonté, on ne peut que s’améliorer et réussir. »
Rama George : Et maintenant si nous faisions un détour par Kati, une petite commune située à 15 kilomètres de Bamako ?
Nous avons rendu visite à Fatoumata Konaté. Auparavant vendeuse de vêtements sur les marchés, elle est aujourd’hui photographe vidéaste professionnelle. Nous la rencontrons dans son studio alors qu’elle est en train de développer des photos d’un mariage pour un client. Elle est très enthousiaste et pressée de les partager avec toute la famille des mariés à Bamako et à l’étranger.
Sollicitée régulièrement pour immortaliser des mariages, des baptêmes et autres cérémonies à Koulikoro et au-delà, elle nous raconte comment tout a changé pour elle :
Fatoumata Konaté : [Traduction du Bambara] « Un jour, ma grand-mère m’a interpellée et m’a dit d’écouter un communiqué à la radio. Il s’agissait d’un projet qui voulait recruter des jeunes femmes et filles déscolarisées prêtes à s’engager dans des métiers que les femmes n’exercent pas habituellement. Je n’ai pas hésité à postuler une seule seconde pour une formation en couverture médiatique et j’ai été admise. Cette formation a duré six mois au cours desquels j’ai eu un kit de démarrage, composé d’équipements photos et d’un fonds de roulement. Au fur et à mesure, j’ai gagné pas mal de marchés, et j’ai pu être mieux équipée ».
Rama George : Depuis lors, un journaliste télé lui a aussi appris à filmer des reportages et l’a initiée aux techniques de montage de vidéos.
Que de belles rencontres ! Et ce n’est pas fini.
Tous ces parcours vous ont mis en appétit ? Ça tombe bien ! Nous nous dirigeons maintenant vers le restaurant de Koura Traoré. Elle est passée du statut de mère au foyer désœuvrée à une entrepreneuse accomplie.
Koura Traoré : [Traduction du Bambara] « Je m’appelle Koura Traoré et je vis ici à Sanankoroba. J’ai 28 ans, je suis mariée et j’ai deux enfants. »
Rama George : Son restaurant permet d’accueillir douze couverts… suffisamment pour toute l’équipe ! Elle nous confie que grâce à sa formation en restauration, elle arrive désormais à faire des bénéfices allant de 50,000 à 100,000 CFA. Cet argent lui permet d’épauler son mari en finançant certains besoins, comme ceux des enfants.
Koura Traoré : [Traduction du Bambara] « Rien ne vaut le travail. Que chacune fasse quelque chose, c’est important. Ce projet m’a beaucoup apporté parce qu’il m’a sortie du chômage. »
Rama George : Voilà ! En l'espace de neuf ans, l'initiative SWEDD s'est étendue grâce à l'engagement d'une vaste gamme de partenaires et d'intervenants variés qui ont renforcé leurs divers canaux de soutien.
Elle prend aujourd’hui la forme d’une stratégie régionale d’une plus grande ampleur, dont les impacts se mesurent concrètement dans la vie de nombreuses personnes.
Après notre escapade, nous avons rencontré Jozefien Van Damme, Chargée principale des opérations à la Banque mondiale, pour en savoir plus.
Jozefien Van Damme : La Banque a décidé d’investir dans le projet SWEDD, tout d’abord parce que l’autonomisation des filles et jeunes femmes est une question d’équité. Mais c’est également une nécessité pour le développement économique, et par extension, pour la paix et la stabilité.
Rama George : En quoi consiste le SWEDD+?
Jozefien Van Damme : La Banque a décidé de financer ce nouveau projet SWEDD, que nous appelons SWEDD+ pour mettre à échelle les résultats atteint lors du projet initial.
Il s’étend désormais aussi à la Gambie, au Sénégal et au Togo. Il y a donc trois nouveaux pays. Une autre nouveauté est que le projet investit davantage dans l’autonomisation économique des femmes et dans la lutte contre les violences basées sur le genre. Au niveau régional, le partenariat avec l’Union Africaine, la CEDEAO continue, CEAC a également rejoint la famille SWEDD. Ceci est très important pour l’appropriation continue et la pérennité de l’agenda.
Rama George : Donc, le SWEDD+ cible non seulement les filles et jeunes femmes de 10 à 24 ans, mais également les garçons, hommes, dirigeants locaux, leaders communautaires et religieux entre autres. Avec des chiffres si probants, quels sont vos résultats ?
Jozefien Van Damme : A ce stade, à peu près 2000 000 filles et jeunes femmes vulnérables ont bénéficié du projet. Aujourd’hui, grâce au projet, plus de 900 000 jeunes femmes, ont un accès amélioré à des contraceptifs. Au-delà de ces résultats tangibles, le projet a atteint des résultats aussi au niveau macro. Je pense au renforcement des cadres législatifs dans le domaine de l’égalité des genres.
Rama George : A Lomé, lors du lancement du projet SWEDD+, nous avons rencontré la togolaise Floriane Acouetey, militante féministe spécialiste genre, co-fondatrice du mouvement Girls' Motion depuis 2017 qui, elle aussi, donne son avis sur le projet :
Floriane Acouetey : ...tous travaillent pour faire évoluer les droits des filles, des femmes, et même des hommes sur le territoire togolais. J’ai vraiment foi à ce que dans cinq ans, dans dix ans, les réalités que nous avons aujourd’hui soient différentes des réalités que nous aurons dans ces années à venir. Que les chiffres, comme on les a sortis aujourd’hui, en termes de pauvreté au niveau des femmes chutent dans cinq à dix ans. Que l’on puisse voir plus de femmes à des postes de décision, beaucoup plus d’opportunités et que cela devienne des réalités au fur et a mesure. Plus les plafonds de verre seront brises, plus les choses avanceront.
Rama George : C’est la fin de cet épisode ! Un épisode qui rend hommage aux femmes bénéficiaires, aux femmes modèles et à celles qui accompagnent le projet SWEDD pour favoriser une approche transformative du genre.
Au nom de toute l’équipe, je vous remercie de nous avoir suivi et espère que vous avez apprécié ces portraits de femmes qui ont osé et su faire bouger les codes en Afrique de l’Ouest et du Centre.
Rendez-vous le mois prochain pour un nouvel épisode du podcast People First.
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