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TRIBUNE 08 mars 2019

C’est le moment de garantir l'égalité hommes-femmes

Toutes les femmes nées en Amérique latine et dans les Caraïbes rencontrent dans leur vie plein d'obstacles sociaux et économiques. Malgré des progrès importants dans l'accès à l'éducation des filles à tous les niveaux, les mêmes opportunités ne leur sont pas ouvertes une fois  leur diplôme obtenu. Les chiffres soulignent une dure réalité. À peine 57% des femmes âgées entre 15 et 64 ans participent au marché du travail, contre 82% des hommes, d'après les données de la Banque mondiale pour 2018. Et quand elles travaillent, elles gagnent en moyenne 21% de moins que les hommes, selon les chiffres de l'Organisation internationale du Travail (OIT) de la même année.

Ce n'est pas simplement une injustice contre les femmes, cela a d'énormes conséquences en Amérique latine et dans les Caraïbes. Sur le plan social, l’inégalité entre les sexes engendre de nombreux problèmes, notamment des cas de grossesses précoces, le mariage des enfants et la violence à l’égard des femmes. Sur le plan économique, 15,8% du revenu par habitant de la région se perd en raison de l’écart sur le marché du travail lié au sexe , selon les informations de la Banque mondiale de 2016.

Nous ne pouvons pas permettre que cela continue. Pour aller de l’avant, il est essentiel de mettre fin aux stéréotypes sur les capacités et les rôles des femmes. Comment pouvons-nous progresser si nous attendons des femmes qu'elles quittent leur emploi lorsqu'elles se marient ou ont des enfants ? Pourquoi devraient-elles avoir à choisir des emplois moins rémunérés pour concilier leur vie professionnelle et s'occuper de leurs enfants ou de leurs parents ?

En outre, les lois et règlements limitant l’accès des femmes à l’emploi doivent être éliminés ou modifiés. Si une femme ne peut pas quitter son domicile pour chercher un emploi ou aller à un entretien d'embauche, elle ne peut, tout simplement pas, se développer de manière professionnelle. Si elle n'est pas autorisée à posséder des terres, à accéder à des financements ou à disposer de ses actifs, elle n'aura jamais l'opportunité d'ouvrir sa propre entreprise. Tant que cela continuera et que les écarts basés sur le genre ne seront pas éliminés, aucune société, pays ou entreprise ne réalisera son potentiel maximum.

S'attaquer à cette réalité est un défi de taille qui ne sera surmonté qu'avec un engagement fort de tous. Le secteur public doit garantir que les lois et les cadres institutionnels aident à combler ces lacunes. Le secteur privé devrait favoriser un environnement commercial favorable qui soutienne les femmes dans leurs différents rôles. La communauté internationale, la société civile et les milieux universitaires devraient attirer l'attention sur les obstacles à l'égalité des genres et soutenir les efforts visant à les éliminer.

Malgré ces défis qui persistent, l'Amérique latine et les Caraïbes ont progressé ces dernières années. Le rapport de la Banque mondiale « Les femmes, l’entreprise et le droit 2019 » mesure les données des dix dernières années des différentes étapes de la vie professionnelle d'une femme, de son premier emploi à sa retraite, ainsi que les protections juridiques associées à chacune de ces étapes.

Dans la région  Amérique latine et Caraïbes, l'indice a augmenté de 75,40 à 79,09 (100 représente le score maximum), la deuxième plus forte croissance parmi les économies émergentes et en développement. Le rapport souligne que les pays de la région ont mis en œuvre 39 réformes et, dans plusieurs cas, prolongé le congé de maternité. La Bolivie a enregistré la deuxième plus forte augmentation au monde, exigeant que les femmes aient les mêmes chances de chercher un emploi que les hommes et interdisant le harcèlement sexuel au travail. Le Mexique a réalisé des progrès importants en interdisant le licenciement des femmes enceintes.

Il est déterminant d’analyser la situation, mais, à la Banque mondiale, nous allons encore plus loin. Nos projets incluent systématiquement des aspects qui contribuent à améliorer les opportunités pour les femmes. En Équateur, nous avons collaboré avec la municipalité de Quito afin de réduire le nombre de grossesses précoces dans les écoles locales. Au Brésil, nous soutenons les efforts visant à mettre en œuvre la loi Maria da Penha, qui vise à empêcher la violence faites aux femmes. En Argentine, nous organisons des formations pour accroître les opportunités en matière d’éducation et de travail. Dans les Caraïbes, nous soutenons un certain nombre d’initiatives, notamment la promotion de femmes entrepreneurs innovantes.

Malgré ces efforts, nous devons faire plus. L’Amérique latine et les Caraïbes ne pourront réaliser leur rêve d’éliminer la pauvreté sans les femmes. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Entre 2006 et 2015, le revenu des femmes a contribué à 29% à la réduction de la pauvreté dans la région. Pour toutes ces raisons, le moment est donc venu de garantir l'égalité des sexes.

Axel van Trotsenburg est le Vice-président de la Banque mondiale pour l’Amérique latine et les Caraïbes.

 

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