Suite à la révolution, la Tunisie a mis au jour deux formidables atouts. Le premier est sa capacité à concilier différentes aspirations politiques, sociales et religieuses pour parvenir à un consensus politique reflétant le pluralisme de la société. Cela est d’autant plus à souligner dans un contexte régional marqué par les tumultes qui continuent de secouer de nombreux pays arabes.
Le second atout, probablement moins connu, tient au fait que les Tunisiens connaissent désormais les mécanismes du détournement, par les élites politiques, de mesures économiques même bien intentionnées, au détriment de la création d’emplois, de la croissance et du bien-être des populations.
Il est important de garder ces deux aspects à l’esprit alors que des chefs d’État et des dirigeants d’entreprises se réunissent cette semaine en Tunisie pour apporter leur soutien à la transition engagée. Car, au-delà de ses nombreux avantages comparatifs tels que la jeunesse et la formation de sa population ou bien sa situation géographique favorable, la Tunisie possède les ingrédients de base requis pour attirer des investissements.
Il est primordial que la Tunisie réussisse. La Tunisie incarne une espérance pour la région méditerranéenne et symbolise pour le monde l’espoir d’une transition démocratique heureuse. Sa réussite sera facilitée et renforcée tant par l’avènement d’un secteur privé dynamique et générateur d’emplois que par la mobilisation des entreprises internationales pour investir, saisir les opportunités et soutenir la croissance en Tunisie. Forte d’une population jeune et éduquée, la Tunisie a de nombreux atouts pour mobiliser les investissements du secteur privé. Tout au long de cette année, la Banque mondiale a poursuivi et renforcé son soutien à la Tunisie et continuera dans ce sens. Nous en appelons à la mobilisation de tous pour aider la Tunisie durant cette période cruciale de son histoire.
Qu’ils soient nationaux ou internationaux, les investisseurs recherchent une combinaison alliant stabilité politique et politiques économiques ouvertes à la concurrence et génératrices d’une croissance dynamique. Or, si elle agit avec le même esprit qui a présidé l’adoption d’une Constitution remarquable, la Tunisie pourrait réussir ce défi, à la condition de se défaire du legs économique du passé.
Trois ans ont passé depuis la révolution et la situation — et transition — économique reste une préoccupation prioritaire .Le chômage des jeunes ne faiblit pas, à plus de 30 %, et touche de manière disproportionnée les plus diplômés. La Tunisie bataille pour regagner la faveur des investisseurs et des touristes et fournir aux entreprises locales les capitaux nécessaires pour se développer et créer des emplois.
Et ce ne sont pas là des difficultés conjoncturelles découlant de l’instabilité liée à la révolution de 2011, mais bien le résultat du système économique laissé en héritage par le régime précèdent et qu’il va falloir sérieusement remettre à plat.