Le Groupe de la Banque mondiale est aujourd’hui uni pour mener à bien une mission clairement définie : vaincre l’extrême pauvreté d’ici 2030 tout en améliorant le revenu des 40 % d’habitants les plus pauvres dans chaque pays. La réalisation de ce double objectif impose de relever des défis innombrables, et notamment de hiérarchiser nos actions en fonction d’un large éventail de besoins urgents.
L’accès universel à l’eau en fait naturellement partie, de même que la fourniture d’une source d’électricité fiable dont sont encore privées 600 millions de personnes rien qu’en Afrique. La liste est longue et chaque élément revêt une importance critique. Mais si nous écoutons les pauvres, un élément émerge parmi les autres.
Les pauvres réclament tous des routes.
C’est le thème récurrent de La parole est aux pauvres, une étude de la Banque mondiale qui a recueilli l’avis de plus de 60 000 personnes, dans 60 pays. Le constat que 1,2 milliard d’individus, sur l’ensemble de la planète, ne disposent toujours pas d’une route praticable par tous les temps souligne à la fois l’ampleur et l’urgence du problème.
Des routes pour le développement
L’innovation technologique apporte des bienfaits considérables à un nombre incalculable de gens, et promet plus encore à l’avenir. Aujourd’hui, grâce à un téléphone mobile, un agriculteur peut connaître la demande et le cours de ses cultures. Cependant, en l’absence d’une route pour transporter sa production jusqu’au marché, ces informations ne sont guère utiles.
Les routes ouvrent la voie aux transformations que permet la technologie. Pour qu’une économie se développe, que de la richesse soit créée et que la prospérité soit partagée, il faut que les personnes et les biens puissent circuler.
Bref, tout commence par une route. La mobilité est une condition préalable au développement. Dans une large mesure, de même qu’une économie dynamique dépend du mouvement des produits et des services, les populations sont tributaires des routes pour l’accès à l’emploi, à l’éducation et aux soins de santé.
Le fruit de nos investissements dans le secteur routier montre à quel point ce type d’infrastructure en particulier peut apporter des transformations. Ainsi, au Maroc, notre appui à la remise en état et à la construction de routes en milieu rural, dans le cadre du premier programme national de routes rurales, a contribué à doubler localement le taux d’inscription à l’école primaire et la fréquentation des hôpitaux.
Sachant que les services de transport favorisent les échanges commerciaux, nous soutenons le projet de corridor de transport en Iraq et le projet d’autoroute inter-arabique au Yémen. Ces réseaux routiers dynamiseront le commerce intérieur en reliant les sites de production agricole, piscicole, pétrolière, gazière et minérale aux marchés de consommation, de transformation et d’exportation.
Un transport sûr, écologique et d’un coût abordable
Les routes et les services de transport sont fondamentaux pour le développement humain et économique, mais induisent également des risques. Pour tirer pleinement parti de cette infrastructure propice à la transformation, il est nécessaire d’agir afin de veiller à son caractère inclusif et d’atténuer ses répercussions négatives sur l’environnement et la santé publique. C’est l’idée maîtresse de la stratégie du Groupe de la Banque mondiale dans le secteur du transport : « un transport sûr, écologique et d’un coût abordable au service du développement ».
L’inclusion, cela signifie rompre l’isolement de populations auparavant marginalisées ; c’est aussi permettre à des personnes à mobilité réduite (individus souffrant d’un handicap, gens âgés, femmes enceintes ou avec enfants, etc.) d’accéder plus largement à des moyens de transport. Un transport sûr, accessible et financièrement abordable pour ces catégories vulnérables constitue un impératif économique et social.
Par ailleurs, si les routes exercent un impact bénéfique sur le plan sanitaire du fait qu’elles rapprochent les structures médicales, elles induisent également l’une des plus grandes menaces pour la santé publique dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.
En effet, l’Arabie saoudite, l’Iran, la Libye et Oman figurent parmi les 10 pays qui affichent les taux d’accidents mortels de la circulation les plus élevés au monde. Les accidents de la route coûtent jusqu’à 6 % du produit intérieur brut (PIB) en Arabie saoudite et 7 % à Oman.
On peut toutefois améliorer la sécurité routière. Le Groupe de la Banque mondiale soutient activement la Décennie d’action pour la sécurité routière, une initiative des Nations Unies, et fera tout son possible, via son Fonds mondial pour la sécurité routière (GRSF), pour aider à réduire de moitié le nombre de morts et de blessés sur les routes dans les pays en développement. Sur les dix prochaines années, les mesures en faveur de la sécurité routière pourraient sauver environ 380 000 vies dans la région et éviter quelque 3,8 millions de traumatismes graves. Plusieurs signes indiquent que la région commence d’ailleurs à prendre ce problème au sérieux. Ainsi, l’Arabie saoudite a lancé sa stratégie nationale pour la sécurité routière.
Pour le bien des générations futures, et pour un effet bénéfique maximum, la route doit devenir plus sûre mais aussi moins polluante.
Il est essentiel d’opérer une transition vers un secteur du transport à faibles émissions. Ce secteur est actuellement un gros pollueur : il représente 20 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2) liées à l’énergie. Il faut désormais que la construction de routes adopte les progrès technologiques qui réduiront les émissions imputables à la circulation attendue, parallèlement à des investissements dans des modes de transport peu polluants et sobres en carburant, qui empêcheront à l’avenir une consommation intensive de combustibles fossiles coûteux.
Une étude de la Banque sur le coût économique des embouteillages au Caire, par exemple, estime qu’une réduction de cette congestion du trafic ferait diminuer les émissions de CO2 d’environ 7 millions de tonnes par an.
Partager un bien collectif
Les routes constituent un bien collectif, qu’il faut traiter comme tel. Leurs effets sont transnationaux. Nous devons nous attacher à partager ce bien collectif au profit du développement et de la lutte contre la pauvreté, ainsi que pour le bénéfice de tous.