« Notre quartier était miné par l’insalubrité, ce qui en faisait un lieu de vie difficile, a déclaré Fathia Riyaleh Igee. Le manque d’hygiène entraînait de nombreux problèmes de santé, en particulier chez nos enfants, dont la croissance était affectée par des maladies récurrentes. Les odeurs nauséabondes et les problèmes environnementaux rendaient également embarrassant d’inviter des amis. »
Fathia, 60 ans, vivait à Balbala Ancien, un quartier de Balbala, la plus grande banlieue de la ville de Djibouti. Avec environ 280 000 habitants, Balbala abrite plus de 40 % de la population de la ville. Les habitants de Balbala Ancien font face à des défis majeurs, notamment un accès limité aux services sociaux de base tels que l’eau potable et l’électricité. Certains quartiers sont également exposés à des crues soudaines, aggravées par une nappe phréatique élevée et un drainage insuffisant. L’éducation constitue un autre enjeu de taille, avec des classes surchargées nécessitant la mise en place de sessions doubles.
En réponse à ces défis, le Projet intégré de réhabilitation des bidonvilles de Djibouti a été lancé en 2018. Son objectif est d’améliorer les conditions de vie des habitants des zones urbaines défavorisées, notamment à Balbala Ancien, l’un des bidonvilles les plus anciens, les plus vastes et les plus précaires de Balbala, ainsi que dans deux villages de réfugiés situés dans le gouvernorat d’Ali Sabieh. Le projet vise également à renforcer les capacités des institutions publiques chargées de la mise en œuvre du Programme Zéro Bidonville.
Le projet bénéficie aux ménages les plus vulnérables de la ville de Djibouti, y compris les réfugiés, les populations déplacées et les communautés d’accueil. En janvier 2025, il avait permis de créer plus de 270 000 emplois directs et indirects, contribuant ainsi à dynamiser l’économie locale. Ces emplois offrent des opportunités quotidiennes aux travailleurs impliqués dans des interventions telles que la construction de logements et de routes, ainsi que le développement d’infrastructures sociales.
De nombreux ménages ont vu leurs conditions de vie et de logement s’améliorer. À ce jour, 201 ménages ont déjà bénéficié de ces avancées, avec un objectif fixé à 400 d’ici la fin du projet. Par ailleurs, 600 logements ont été rendus plus résilients face au climat grâce à des interventions visant à les protéger des risques environnementaux. Les familles vivant dans des zones à haut risque, notamment le long des oueds, ont été réinstallées dans des endroits plus sûrs.
Le projet vise également à renforcer la mobilité urbaine grâce à la construction de 12,5 kilomètres de routes, dont 6,4 kilomètres sont déjà achevés. Ces infrastructures jouent un rôle clé dans l’amélioration de la connectivité et de l’accès aux services essentiels. Par ailleurs, le projet a permis la création de nouveaux centres sociaux proposant des activités sportives et culturelles, encourageant ainsi la participation communautaire et le bien-être des habitants.
Ces transformations ont un impact concret sur la vie des habitants comme Fathia, qui a perdu sa maison lors des travaux de construction de routes et d’infrastructures à Balbala Ancien. En mai 2024, elle a été relogée avec sa famille dans une autre partie de Balbala, appelée Nasib, où elle vit aujourd’hui avec sa fille et trois de ses petits-enfants. À leur arrivée, seuls 23 ménages s’y étaient installés. « Au début, ce n’était pas facile du tout, car l’endroit semblait vide et presque rien n’était disponible. Je devais appeler souvent mes enfants pour qu’ils puissent me faire des achats en ville », a-t-elle confié.
Peu à peu, les conditions de vie se sont améliorées pour Fathia et ses proches. « Je suis reconnaissante parce que mon fils vit à côté avec sa famille. C’est un grand soutien, et progressivement, le quartier se soude, mais il reste encore un long chemin à parcourir », a-t-elle confié.
Parmi ses voisins figure Moussa Abdillahi, 55 ans, qui tient une épicerie à Nasib depuis la fin de l’année 2023. L’un des premiers résidents du quartier, il apprécie son nouvel environnement. « Je suis heureux ici, et mon fils, qui m’aide dans mon magasin, étudie à l’université située à trois kilomètres d’ici », raconte-t-il.
Fathia est pleine d’espoir pour l’avenir, d’autant plus que son petit-fils, lycéen, est heureux dans leur nouveau cadre de vie. « La maison offre un meilleur confort, et je suis heureuse de voir mon petit-fils s’y épanouir. Je le serais encore davantage si nos anciens voisins nous rejoignaient et si de nouvelles infrastructures, comme des mosquées, des centres culturels et d’autres équipements, venaient enrichir notre quartier. », dit-elle avec un large sourire.