Claudine Moukabagwiza se tient fièrement au milieu des cultures florissantes de sa ferme, située à Igné, dans le sud du pays. Elle a deux points communs avec les 24 femmes qui travaillent à ses côtés : « Nous sommes toutes réfugiées du Rwanda, et nous avons bénéficié du projet Lisungi. »
Grâce aux transferts monétaires conditionnels, à la formation professionnelle et aux subventions aux petites entreprises fournis dans le cadre du programme Lisungi, elles ont fondé une coopérative agricole, transformant de petites parcelles de terre en fermes prospères. « Quand nous sommes arrivés au Congo, nous n’avions plus rien », se souvient Claudine. « Mais la richesse vient du sol. »
Leur parcours ne s’est pas limité à l’agriculture. Le succès de ces femmes leur a permis d’acheter des terres, d’augmenter leur production et de mettre en place un système d’épargne. « C’est pourquoi nous avons nommé notre association “La richesse se trouve sous le sol’’, explique la présidente de l’association. « Nous voulons acheter plus de terres, produire plus de nourriture et économiser davantage. Nous devons également résoudre les problèmes de stockage et de livraison. »
L’autonomisation des femmes au-delà de l’aide financière
Historiquement, de nombreuses femmes – en particulier les femmes réfugiées – ont été confrontées à d’importants obstacles dans l’accès à la propriété foncière et au crédit. Le projet Lisungi s’est attaqué à ces inégalités profondément enracinées en versant directement aux femmes des subventions en espèces et en offrant une formation aux femmes et aux hommes. Le projet a également promu l’égalité des sexes par le biais d’événements communautaires, de campagnes de sensibilisation et de séances de formation sur les violences faites aux femmes. En outre, il a introduit les paiements numériques avec l’argent mobile, réduisant ainsi les risques de corruption et garantissant la transparence et la sécurité.
Un filet de sécurité sociale plus fort pour les ménages vulnérables du Congo
Lancé en 2014 par le gouvernement en collaboration avec la Banque mondiale, Lisungi (qui signifie « aide » ou « soutien » en lingala) a été conçu pour réduire la pauvreté et renforcer le capital humain. Doté d’un budget de 34 millions de dollars, le projet a combiné des transferts monétaires conditionnels (liés à la fréquentation scolaire et aux bilans de santé) avec des subventions aux entreprises, à l’éducation et à l’apprentissage.
Entre 2015 et 2023, environ 76 000 personnes ont bénéficié des transferts monétaires conditionnels du projet Lisungi, et plus de 95 000 personnes ont reçu des subventions pour lancer leur petite entreprise. Bien que le projet ait atteint sa date de clôture officielle le 29 février 2024, son impact perdure.
Le gouvernement du Congo a en effet institutionnalisé les systèmes de prestations développés dans le cadre du programme Lisungi par le biais de son Programme national de filets sociaux. Ce maintien de l’appui dans la durée reflète l’engagement du gouvernement congolais à faire de la protection sociale une priorité nationale. La Banque mondiale continue elle aussi de soutenir la protection sociale au Congo à travers le Projet de Protection sociale et d’inclusion productive des jeunes.
Investir dans les systèmes de diffusion
L’originalité du programme Lisungi tient à son registre social unique complet, qui a permis d’identifier et d’inscrire les ménages vulnérables. Actuellement, cette base de données contient des informations sur 852 149 ménages sur une population de 6,1 millions d’habitants au Congo. Ce registre demeure un outil essentiel pour coordonner les différents programmes sociaux, assurer l’efficacité, la transparence et la collaboration entre le gouvernement congolais, la Banque mondiale, les agences des Nations Unies telles que le Programme alimentaire mondial (PAM), et l’Agence française de développement (AFD).