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ARTICLE13 février 2025

Renforcer la résilience des communautés au Soudan du Sud en agissant sur le terrain

The World Bank

Des élèves dans une salle de classe de l’école primaire de Jiir, dans l’État des Lacs, au Soudan du Sud. Le nouveau bâtiment compte quatre salles de classe, il a été construit par l’UNOPS pour le compte du gouvernement du Soudan du Sud, grâce à un financement de la Banque mondiale.

Crédits photo : UNOPS

Les points marquants

  • Le projet de renforcement de la résilience communautaire et de la gouvernance locale, financé par la Banque mondiale, a permis d’améliorer des infrastructures et des services essentiels au Soudan du Sud au profit de près de 740 000 personnes, dont plus de la moitié sont des femmes et des filles.
  • La gouvernance locale a été renforcée grâce à la mobilisation des comités de développement communautaire, de manière à veiller à ce que les programmes répondent aux besoins de la population locale et soient correctement gérés sur la durée, avec une participation importante des femmes.
  • Malgré les difficultés, un second projet a pu être lancé, axé sur la résilience et le renforcement des capacités institutionnelles.

En 2011, l'accès à l’indépendance du Soudan du Sud a été synonyme d’espoir et de renouveau. Toutefois, le chemin à parcourir était semé d’embûches.

Le pays se classe parmi les moins développés au monde, nombre de ses habitants vivent dans l’extrême pauvreté et souffrent d’insécurité alimentaire. Après des décennies de conflits, de marginalisation et de chocs climatiques, le pays ne dispose plus que d'infrastructures minimales et reste fortement dépendant de l’aide humanitaire. Les services de base comme l’électricité, la santé, l’eau, l’assainissement et l’éducation sont très limités, et les institutions locales ont du mal à satisfaire une demande croissante.

Pourtant, malgré tous les obstacles, les communautés locales vont faire la preuve de leur force et de leur résilience.

Un projet porteur d’espoir

Avec un financement de 45 millions de dollars de la Banque mondiale, le projet de renforcement de la résilience communautaire et de la gouvernance locale (ECRP) (a) a été mis en œuvre de 2020 à 2024 par le Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), au nom du gouvernement du Soudan du Sud.

Il avait un objectif simple mais crucial : améliorer l’accès aux infrastructures de base et renforcer les institutions communautaires dans certains comtés ciblés.

Le projet ECRP a ainsi été déployé dans 20 des 79 comtés du Soudan du Sud. Il était scindé en deux grands volets : d'une part les comtés à « effets rapides », où des projets préalablement planifiés étaient mis en œuvre et, d'autre part, les comtés « nouveaux », sélectionnés en fonction de leur vulnérabilité. Par ailleurs, le projet se déclinait en quatre composantes clés :

  1. Infrastructures et services communautaires : Cette composante a financé la construction et la réhabilitation de biens publics essentiels, tels que des installations d’adduction d'eau, des établissements de santé et éducatifs, des routes et des digues de protection contre les inondations. L’objectif était d’assurer un bénéfice maximal à la communauté grâce à un processus de planification participative.

  2. Renforcement des institutions locales : Grâce à la mobilisation d'institutions communautaires comme les comités de développement des bomas et des payams, le projet a amélioré la gouvernance locale. Ces collectivités sont les plus petites divisions administratives du Soudan du Sud, en dessous des comtés. Leurs comités ont joué un rôle capital dans la planification, le suivi et la gestion des projets d’infrastructure.

  3. Gestion du projet et apprentissage : Cette composante a permis de garantir l'efficacité de la gestion et du suivi du projet, et d’en tirer des enseignements. Elle englobait la gestion financière, la passation des marchés, la gestion des risques et la collecte de données rendant compte de l'impact sur les bénéficiaires.

  4. Intervention en cas d’urgence : Cette composante, qui n'a pas été activée, avait été conçue pour permettre une réaffectation rapide des fonds en cas de crise.

Avant la construction de l'école, les enfants de la région avaient du mal à accéder à l’éducation. L’établissement accueille actuellement plus de 400 élèves, dont 130 filles. C'est un espace sûr où les enfants peuvent s'instruire dans de bonnes conditions.
Joseph Marial
Directeur de l’école primaire Akoljal à Rumbek, dans le payam de Jiir, État des Lacs
The World Bank

Le nouveau bâtiment de quatre salles de classe de l’école primaire de Jiir, dans l’État des Lacs, a été construit par l’UNOPS pour le compte du gouvernement du Soudan du Sud, grâce à un financement de la Banque mondiale.

 

Crédits photo : UNOPS

The World Bank

Des femmes du bora de Morunyang, dans l’État de l’Équatoria oriental, vont chercher de l’eau dans un puits foré par l’UNOPS dans le cadre de l’ECRP pour le compte du gouvernement du Soudan du Sud, grâce à un financement de la Banque mondiale.

 

Crédits photo : UNOPS

Des résultats tangibles, un impact réel

En dépit des problèmes posés par la pandémie de COVID-19, les conflits localisés et les inondations récurrentes, le projet ECRP a permis d'obtenir des résultats remarquables. Au total, 345 sous-projets ont été menés à bien, notamment la construction d'écoles, d'établissements de santé, de points d’eau, de routes, de marchés et de centres communautaires. Ces infrastructures ont permis à près de 740 000 personnes, dont plus de 375 000 femmes et filles, d'avoir un meilleur accès aux services essentiels, et 99 % d’entre elles sont toujours fonctionnelles et utilisées en 2024.

Face aux graves inondations qui ont affecté la vie et les moyens de subsistance des populations dans les zones ciblées, le projet a construit des digues d’urgence qui protègent plus de 60 000 habitants.

Le projet a également généré près de 600 000 journées de travail, fournissant pendant un temps des emplois à des milliers de travailleurs qualifiés et non qualifiés, dont un nombre important de femmes. Cela a non seulement stimulé l’économie locale, mais aussi favorisé le renforcement des communautés. 

Outre la construction d’infrastructures et la fourniture de services de base, l’une des réalisations les plus importantes de l’ECRP a été la réactivation et la mise en place d’institutions gouvernementales à l'échelon communautaire. Plus de 450 comités de développement des bomas et des payams ont été constitués et se sont impliqués dans la planification et le suivi des actions communautaires. Ces comités ont veillé à ce que les programmes répondent aux besoins de la population et à ce qu’ils continuent d’être correctement administrés.

Le projet a également fait progresser l'égalité des sexes, les femmes représentant une part importante des membres des comités et occupant des postes à responsabilités. Il s’agit là d’une avancée importante vers l’autonomisation des femmes, dans une société traditionnellement dominée par les hommes.

Malgré ces réussites, le projet a toutefois mis en évidence les limites de la mise en œuvre par des tiers et la nécessité de renforcer les institutions gouvernementales pour construire l’infrastructure et pour fournir et gérer les services publics.

Le projet de renforcement de la résilience communautaire et de la gouvernance locale (ECRP) a transformé les moyens de subsistance de plus de 700 000 bénéficiaires dans les 20 comtés sélectionnés du Soudan du Sud, il a aussi amélioré les services essentiels et renforcé les capacités des institutions locales à travers le pays. Cette action se poursuit, avec la phase II du projet, qui vise à faire fond sur les réalisations de l’ECRP, en mettant davantage l’accent sur la résilience aux inondations, la gestion des risques de catastrophe et le renforcement des capacités institutionnelles à tous les niveaux de gouvernement.
Charles Undeland
Responsable des opérations du Groupe de la Banque mondiale pour le Soudan du Sud

Perspectives

S’inscrivant dans la continuité du premier projet de renforcement de la résilience communautaire et de la gouvernance locale, la phase II (a) s'étend sur cinq ans, avec un financement de 150 millions de dollars. Elle s’appuie sur les réalisations antérieures, en mettant davantage l’accent sur la résilience aux inondations, la gestion des risques de catastrophe et le renforcement des capacités institutionnelles à tous les niveaux de gouvernement.

Le projet ECRP témoigne du pouvoir du développement communautaire et de la gouvernance locale. En rendant les institutions locales plus autonomes et en investissant dans les infrastructures essentielles, le projet a non seulement amélioré la qualité de vie de nombreux Sud-Soudanais, mais il a également jeté les bases d’un développement plus durable. À l’avenir, les enseignements tirés de l’ECRP continueront de guider l'action de la Banque mondiale pour soutenir des communautés plus résilientes et durables au Soudan du Sud.

Cet article a été préparé par Lukas Loeschner (spécialiste senior du développement urbain, Banque mondiale), Droma Bank Dominic Kat (spécialiste du développement urbain, Banque mondiale) et Liam Brown (consultant, Banque mondiale).

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