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ARTICLE13 décembre 2024

Inondations 2024 : N'Djamena résiste grâce à des mesures préventives

The World Bank

Un employé de la mairie devant une pompe offerte par le projet PILIER.

Crédit : Edmond Badge Dingamhoudou / Banque mondiale

LES POINTS MARQUANTS

  • Le Tchad a été lourdement frappé par des inondations occasionnant des dégâts considérables. Les pluies diluviennes et inondations ayant fait 576 morts et 1,9 million de sinistrés dans le pays depuis juillet 2024.
  • La capitale N’Djamena a mieux résisté en 2024, malgré une forte pluviométrie et une crue exceptionnelle des fleuves Chari et Logone.
  • L’appui du projet de lutte contre les inondations et la résilience urbaine (PILIER) de l’Association internationale de développement a permis de curer préventivement plus de 250 kilomètres de réseau de drainage entre avril et septembre 2024 et de disposer de motopompes de grande capacité d’évacuation des eaux.

Au confluent des fleuves Chari et Logone, la capitale du Tchad, N’Djaména est prise en tenaille entre pluies diluviennes et eaux des fleuves. Début octobre 2024, le niveau du fleuve Chari était à 8,18 mètres soit un mètre de plus qu’en 2022, date des dernières inondations catastrophiques. Comme plusieurs villes du Sahel, N’Djaména subit les effets du changement climatique.

Les pluies diluviennes et inondations ont fait 576 morts et 1,9 million de sinistrés dans le pays depuis juillet 2024, selon les données collectées par les organisations humanitaires. Le Tchad n’avait jamais connu un tel désastre depuis les années 60.

En 2022, les quartiers prenant l’eau les uns après les autres, les populations, baluchons sur la tête, avaient fui les inondations pour s’accrocher pour certaines à des bouts de terre le long des routes tandis que d’autres s’éloignaient de la capitale à la recherche des terres arides. Les infrastructures obsolètes de canalisation d’eau et d’endiguement ne fonctionnaient plus.

Cette fois-ci, la capitale tchadienne a mieux résisté. Répondant à la sollicitation du gouvernement, le Projet intégré pour la lutte contre les inondations et la résilience urbaine (PILIER) soutenu par l’Association internationale de développement (IDA), l’institution de la Banque mondiale qui se consacre aux pays à faible revenu, a fait la différence.

En vigueur depuis octobre 2023 pour soutenir N’Djamena et faire face efficacement aux inondations, un plan d’urgence d’environ 13 millions de dollars (8 milliards FCFA) a été mis en place afin d’anticiper l’éventualité d’inondations conséquentes en 2024.

Entre avril et septembre 2024 grâce au projet Pilier, la totalité du réseau de 250 km de drainage des eaux, ainsi que tous les exutoires sur le fleuve Chari ont été curés et vidés des boues et déchets accumulés depuis des années. Des routes endommagées ont aussi été reprofilées pour en améliorer le drainage. Ces opérations ont largement contribué à faciliter l’écoulement des eaux de ruissellement. De mémoire de Ndjaménois, c’était la première fois que l’intégralité du réseau était curé. En outre, des motopompes de grande capacité livrées par le projet à la municipalité de N’Djamena ont permis d’évacuer les eaux de la ville vers le fleuve grâce au curage des canaux d’évacuation qui avaient été effectués juste avant les pluies par le projet Pilier.

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Un quartier inondé. Crédit : Edmond Badge Dingamhoudou / Banque mondiale

Ces contributions du projet Pilier « nous ont permis de vider les bassins de rétention des eaux de pluie et de faciliter l’écoulement des eaux grâce aux travaux de curage effectués par le projet depuis juin », se réjouit Sarmadji Oumar, directeur de la voirie à la mairie de la capitale. Et d’ajouter : « Aujourd’hui, nous avons échappé à des inondations désastreuses. En 2022, à cette date nous avions plus de 70 000 personnes, soit 15 114 ménages affectés par les inondations. Nous avons sauvé les meubles [cette fois-ci] avec moins de 3 000 ménages et moins de quartiers impactés. »

En effet, grâce aux motopompes, équipées de roues et mobiles, les équipes de la voirie surveillaient la montée des eaux comme du lait sur le feu : « Nous étions aux aguets. A la première alerte, il fallait sauter dans le véhicule pour intervenir » raconte Abakar Moustapha, agent à la voirie de N’Djaména. « On se relayait jour et nuit » complète son collègue Yves Allaramadji.

Par ailleurs, en complément des interventions du projet Pilier, le gouvernement, sur son budget propre, s’est attelé à l’élévation de digues d’urgence ainsi que l’enrochement de points vulnérables le long du fleuve Chari dans le 7ème et 9ème arrondissement de la capitale. Des interventions qui ont permis de contenir une crue historique, voire centenaire du fleuve Chari.

Le Cheikh Adam Ismail, imam de la Mosquée Idara dans le 5ème arrondissement n’en finit pas de remercier le ciel. Vêtu d’un boubou blanc, barbe couleur sel et poivre, le religieux témoigne : « Cela fait une dizaine d’année que nous n’avons pas vu des engins de la Mairie passer pour le curage des canaux. Cette année, l’accès à la mosquée est facile pour les fidèles ».

Assise devant son étal de légumes, Rémadji Aline, vendeuse dans un marché du 7ème arrondissement de N’Djamena salue l’opération de curage des canaux d’évacuation. « Avant en cette saison, il n’y avait pas d’affluence et la mévente était au rendez-vous. On a constaté que malgré les fortes pluies, les clients atteignent le marché ».

Le plan d’urgence de Pilier ne se limite pas à réduire le risque d’inondation. Il comporte également des activités de réponse à l’urgence. En effet, le projet s’attèle à financer la livraison d’équipements de réponse d’urgence aux inondations, y compris des pirogues, du matériel de communication, des gilets de sauvetage mis à la disposition des autorités. Des stations de potabilisation ainsi que de gestion de déchets, des kits d’urgence composé de nattes, couvertures, ustensiles de cuisine et des médicaments sont aussi apprêtés pour d’éventuels sinistrés. Enfin Pilier a conclu des accords de financement avec des associations de quartier et organisations non-gouvernementales pour la sensibilisation au risque d’inondation et la réhabilitation des écoles et des centres de santé ayant été inondés ou occupés par les sinistrés. 

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Les ménages se réfugient au bord des grandes artères de N’Djamena. Crédit : Edmond Badge Dingamhoudou / Banque mondiale

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