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ARTICLE05 décembre 2024

Un parcours novateur : comment la Côte d’Ivoire remodèle la gestion de la dette pour investir dans le capital humain

Avant que la pandémie de COVID-19 ne déferle sur le monde entier, la Côte d’Ivoire se distinguait comme l’une des économies les plus dynamiques d’Afrique. Entre 2012 et 2019, le pays avait affiché un taux de croissance annuel de 8 %, à la faveur de politiques économiques saines et d’une période de relative stabilité politique. Avec des retombées bénéfiques tangibles : la Côte d’Ivoire a vu son taux de pauvreté reculer de 44 à 39,5 % et elle a accompli d’importantes avancées dans les domaines de l’éducation et de la santé, grâce auxquelles son indice de capital humain a progressé de 0,30 à 0,38 en une décennie.

Pourtant, ces chiffres nationaux contrastent souvent fortement avec la réalité des zones rurales, comme en témoigne la situation dans la localité d’Assoum 2. Dans ce petit village situé dans l’extrême nord-est du pays, près de la frontière avec le Burkina Faso, les trois classes de l'école étaient surpeuplées et délabrées depuis de longues années. Tout a changé récemment : un nouveau bâtiment a été inauguré, avec quatre salles de classe, doublées d’une école maternelle et de toilettes.

Pour s’appuyer sur les progrès accomplis comme à Assoum 2 et s’attaquer à des défis nationaux plus larges, la Côte d’Ivoire lance un programme innovant de conversion de dette en faveur du développement, soutenu par le Groupe de la Banque mondiale. Cette nouvelle initiative permettra au pays d’échanger une dette existante et coûteuse contre un prêt à de meilleures conditions. Les économies réalisées seront réinvesties dans la construction de plus de 30 écoles, atténuant ainsi les pressions budgétaires tout en améliorant l’accès à l’éducation.

Cette opération permettra à la Côte d’Ivoire d’économiser 60 millions d’euros, que nous utiliserons pour construire des écoles au profit de 30 000 élèves, indique le ministre des Finances et du budget, Adama Coulibaly. Nous sommes fiers d’être le premier pays à tirer parti de ce dispositif, ce qui témoigne de notre détermination à trouver des solutions novatrices pour améliorer le bien-être de nos concitoyens tout en œuvrant à la santé de la planète.

Relever un défi de taille

Seul un enfant sur dix en Côte d’Ivoire a accès à un enseignement préscolaire, soit un chiffre bien inférieur à la moyenne de 28% en Afrique subsaharienne. Si la parité entre filles et garçons est assurée, la scolarisation présente de fortes inégalités entre zones urbaines et rurales. L’accès à un enseignement préscolaire est essentiellement circonscrit dans les premières, qui abritent 62 % des établissements et scolarisent 74 % des enfants.

Avec une population en augmentation de 2,6 % par an, le système éducatif ivoirien est mis à rude épreuve. Et ce d’autant plus que l’instauration, en 2015, de l'école obligatoire pour les enfants âgés de 6 à 16 ans, est venue encore amplifier la demande d’établissements, de salles de classe, d’enseignants et d'équipements de base. Face à ces besoins croissants, le gouvernement s’est associé à la Banque mondiale en 2022 dans le cadre d’un projet de développement du secteur de l’éducation d’un montant de 350 millions de dollars privilégiant l’efficacité et l’équité régionale.

Les progrès à Assoum 2 illustrent ce qu’il serait possible d’accomplir ailleurs dans le pays.

The World Bank

Des élèves jouent devant les nouvelles salles de classe de l’école primaire de la localité d’Assoum 2, en Côte d’Ivoire. Le bâtiment scolaire, dont la construction récente a été financée avec l’aide de la Banque mondiale, s’inscrit dans le cadre d’une initiative plus large visant à améliorer l’accès à une éducation de qualité dans les zones rurales. Hien Sié/Banque mondiale.

Depuis la construction des nouveaux bâtiments, les conditions d’enseignement et d’apprentissage se sont considérablement améliorées, ce qui a une incidence directe sur les résultats des élèves, souligne le directeur de l’école, Dimi Blé. Désormais, tous les élèves de la première à la troisième année savent lire, compter de 0 à 100 et effectuer des calculs élémentaires, alors que la moyenne nationale varie entre 0 et 20.

Le nombre d’élèves inscrits pour les six années du cycle primaire est passé de 136 à 290.

L’ouverture de l’école maternelle est d’un grand secours pour les parents, car elle nous permet de partir travailler dans les champs l’esprit tranquille, sachant que nos petits sont en lieu sûr, explique Evariste Pooda, président du comité de gestion de l’école. Pour nous qui vivons de l'agriculture, cela nous rassure aussi de savoir que nos enfants s’instruisent.
The World Bank

Dans la localité d’Assoum 2, les nouveaux bâtiments de l’école primaire et de la maternelle sont une source d'espoir pour les villageois, en offrant un environnement d’apprentissage et d'épanouissement sûr et accueillant à près de 300 enfants. Hien Sié/Banque mondiale.

L’espoir est que la nouvelle conversion de dettes permette au pays de répondre à sa demande croissante en matière d’éducation en libérant de l’espace budgétaire pour investir dans les écoles. La conversion s’inscrit également dans le cadre d’une stratégie plus large visant à améliorer la résilience budgétaire et à renforcer le profil de la dette de la Côte d’Ivoire. Grâce à l’octroi d’une garantie à l’appui de réformes de 500 millions d’euros, la moitié du montant total facilitera la conversion de la dette, tandis que l’autre moitié permettra au pays d’obtenir un prêt indexé sur des objectifs de durabilité et d’attirer des investisseurs soucieux de l’environnement et de la société. Cette double approche permet non seulement de réduire le fardeau de la dette du pays, mais aussi d’assurer la viabilité financière à long terme.

Ces initiatives représentent plus que de simples réformes : ce sont des investissements dans l’avenir de la Côte d’Ivoire, insiste Marie-Chantal Uwanyiligira, directrice des opérations de la Banque mondiale pour la Côte d’Ivoire. En reliant la viabilité de la dette à des résultats de développement tangibles, nous démontrons qu’il est possible de concilier responsabilité budgétaire et progrès social.

Avec des politiques audacieuses et des instruments financiers novateurs, la Côte d’Ivoire trace une nouvelle voie pour transformer sa dette en un vecteur d’opportunités, en inventant ainsi un modèle qui pourrait inspirer d’autres nations à travers le continent.

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