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ARTICLE08 octobre 2024

Réponse à l’épidémie de Mpox : Le rôle stratégique de la Banque mondiale en RDC Une rencontre avec le Dr Michel Muvudi

The World Bank

Dr. Muvudi speaking at a REDISSE presentation. 

Photo: World Bank

Dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de Mpox en République démocratique du Congo, la Banque mondiale a déployé d'importantes initiatives pour soutenir le gouvernement et les communautés touchées. Cet entretien avec le Dr Michel Muvudi, Spécialiste principal en Santé à la Banque mondiale, met en lumière les efforts menés face à cette épidémie et communique les recommandations à suivre en matière de prévention.

Quelles initiatives la Banque mondiale a-t-elle mises en place pour soutenir la République démocratique du Congo (RDC) dans la lutte contre l’épidémie de Mpox ? Quels impacts ont été observés ?

Les systèmes de santé en RDC s’appuient sur un soutien de la Banque mondiale à long et court terme. Nous avons ainsi financé des investissements de longue durée, notamment en termes d’infrastructures et d’équipements de soins et de diagnostic, avec plus de 2 milliards de dollars injectés dans le secteur de la santé au cours des 10 dernières années. La Banque soutient en outre le plan de riposte élaboré par le gouvernement en mobilisant les financements des projets REDISSE (Regional Disease Surveillance Systems Enhancement) et PMNS (Multisectoral Nutrition and Health).

Jusqu’en avril 2023, les besoins en médicaments étaient de 100 %, car aucun malade n’était soigné gratuitement avant notre intervention. Aujourd’hui, nous couvrons plus de 90 % des besoins de prise en charge dans les provinces les plus touchées du pays comme le Sud-Kivu, l’Équateur, le Sankuru, la Tshopo, le Bas-Uele, le Kasaï, la Tshuapa, etc.

Nous avons également distribué des kits nutritionnels à plus de 500 personnes pour éviter qu'elles ne sortent s’approvisionner en nourriture et ainsi limiter la propagation du virus. Parallèlement, nous avons formé 36 000 relais communautaires engagés dans la communication de proximité et la surveillance à base communautaire. En y ajoutant les autres acteurs formés par le REDISSE IV dans le domaine de la surveillance des maladies et de la riposte, le total dépasse désormais 100 000 personnes formées.

Enfin, un élément déterminant est la vaccination. Avec nos partenaires comme l'UE et l'USAID, le pays a reçu plus de 250 000 doses de vaccins et d’autres sont en cours de livraison. La Banque mondiale assurera la logistique de déploiement de ses vaccins dans les provinces jusqu’au dernier kilomètre. Il faut souligner que, selon les priorités exprimées par le gouvernement et les besoins urgents non couverts, les appuis de la Banque mondiale sont évolutifs et très flexibles et s’adaptent à l’évolution de l’épidémie comme aux besoins prioritaires.

Quels sont les besoins les plus pressants pour combattre le Mpox en RDC, et comment la Banque mondiale prévoit-elle d'y répondre ?

Le besoin en vaccins est crucial. Selon les cibles prioritaires fixées par le gouvernement, notamment le personnel de santé de première ligne, les professionnels du sexe, etc., les besoins sont énormes, et les vaccins disponibles ne couvrent pas plus de 10 % de ces besoins.

Cette situation est la même en termes de besoin de communication et de surveillance à base communautaire. Étant donné que le plan de riposte est un plan multibailleur, les interventions de la Banque mondiale se focalisent notamment sur le plaidoyer auprès des autres partenaires pour plus de mobilisation de ressources. Mais également l’appui technique des experts de la Banque mondiale essentiellement avec la capitalisation de la pandémie de COVID-19 qui nous ont beaucoup enseigné sur le rôle important de l’engagement communautaire.

Il convient également de signaler que le gouvernement a annoncé un appui de 10 millions de dollars au plan de riposte avec le financement domestique, dont 2,5 millions ont déjà été décaissés.

Pouvez-vous expliquer comment la Banque mondiale structure son soutien financier et technique, et quelles sont les prochaines étapes prévues ?

En ce qui concerne le soutien financier, nos interventions sont actuellement estimées au-delà de 2 millions de dollars depuis le début de l’épidémie, et ces appuis financiers vont certainement augmenter selon les besoins.

Pour ce qui est du soutien technique, au-delà de la participation active des experts de la Banque mondiale dans plusieurs instances de coordination, nous mettons à la disposition du gouvernement des connaissances tirées notamment de la gestion de la pandémie de COVID-19, mais aussi de toutes les expériences internationales issues des autres pays.

Quelles stratégies spécifiques sont mises en œuvre pour garantir une couverture efficace et atteindre les communautés vulnérables en RDC ?

Il est important de souligner que, en tant que bailleur, la Banque mondiale soutient le gouvernement. Elle n'intervient pas de manière isolée, mais s’appuie sur le système mis en place par le pays. Les plateformes communautaires développées par le pays avec l’appui de la Banque mondiale permettent d’appliquer un modèle de surveillance basé sur la communauté pour identifier toutes les populations dans les zones de santé. Aussi, par l’entremise de ses équipes Santé, la Banque mondiale se concentre sur les personnes affectées qui n'ont pas accès aux services nécessaires. Et en rendant la prise en charge gratuite, elle veille à inclure les couches vulnérables en éliminant la barrière financière, ce qui est essentiel pour contrôler la propagation de l'infection.

Quelles sont les perspectives à long terme pour la gestion des épidémies futures en RDC, et comment la Banque mondiale prévoit-elle d'adapter ses stratégies ?

Les perspectives à long terme pour la gestion des épidémies futures en RDC s’articulent autour de la mise en œuvre efficace du Plan d’action national de sécurité sanitaire (PANSS) qui obtient un appui technique et financier de la Banque mondiale. Cet appui passe aussi par le renforcement du système de santé (RSS) incluant une vision multisectorielle.

Les stratégies de la Banque mondiale sont alignées sur ces outils nationaux et s’orientent selon les besoins, les directives mondiales et les expériences liées au contexte de la RDC. Le portefeuille santé de la Banque mondiale se concentre donc sur une démarche de mise en place d’un système de santé résilient qui contribue à la réduction de la mortalité générale et qui fait de la santé un véritable domaine de développement humain et de contribution à la croissance économique du pays.   

Quelles recommandations feriez-vous aux habitants de la RDC pour se protéger contre l’épidémie ?

J’encourage les populations à suivre les recommandations promulguées par le ministère de la Santé publique, en s’appuyant sur les directives de l’Organisation mondiale de la santé, qui se résument aux points suivants :

Prendre conscience que la maladie existe et qu’elle sera vaincue avec la participation de chacun de nous ; se laver les mains fréquemment avec de l’eau et du savon. Lorsque cela n’est pas possible, utiliser un désinfectant pour les mains à base d’alcool ; éviter tout contact étroit avec une personne malade ou présentant des signes de la Mpox (éruption cutanée, fièvre, frissons, toux…) ; éviter tout contact avec les serviettes, la literie, la vaisselle ou autres équipements utilisés par une personne atteinte de Mpox ; éviter tout contact sexuel avec un partenaire qui présente une éruption cutanée ou d’autres symptômes, car l’actuel virus de Mpox se transmet aussi par voie sexuelle ; éviter de consommer des animaux retrouvés morts ; se faire vacciner si vous êtes dans la cible éligible selon les orientations du ministère de la Santé ; se rendre rapidement au centre de santé le plus proche en cas de signe de suspicion de la maladie comme la fièvre, les courbatures, la toux, les éruptions cutanées.

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