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ARTICLE16 juillet 2024

CPIA 2024 : Les éléments essentiels en 5 graphiques

The World Bank

Évaluation CPIA des politiques et des institutions en Afrique — Des réformes structurelles pour un secteur privé dynamique

Le rapport annuel d’évaluation des politiques et des institutions nationales pour l’Afrique (CPIA, selon son acronyme anglais) est un diagnostic annuel des pays d'Afrique subsaharienne (ASS) éligibles aux financements de l'Association internationale de développement (IDA), l’institution de la Banque mondiale qui aide les pays à faible revenu en leur accordant des subventions et des prêts à taux faible ou nul pour financer des projets et des programmes de nature à stimuler la croissance économique, réduire la pauvreté, et améliorer les conditions de vie des populations*. Le rapport CPIA fournit une évaluation de la qualité des politiques et du cadre institutionnel de chaque pays en se concentrant sur les éléments que les gouvernements sont en mesure de contrôler. Les notes obtenues permettent d’évaluer si la croissance durable et la réduction de la pauvreté peuvent être favorisées par les cadres existants.

L’évaluation CPIA attribue une note à chaque pays et établit un score régional sur une échelle de 1 (faible) à 6 (élevé) dans quatre domaines : la gestion économique, les politiques structurelles, les politiques en faveur de l'inclusion sociale et de l'équité, et la gestion et les institutions du secteur public. Les notes permettent aux gouvernements de mesurer l'impact de leurs efforts en matière de soutien à une croissance inclusive et de réduction de la pauvreté. La note régionale, de son côté, aide la Banque mondiale à déterminer l'ampleur des prêts concessionnels et des dons à accorder aux pays d'Afrique subsaharienne à faible revenu. Le rapport rassemble les notes de tous les pays éligibles à l'IDA et sert de référence dans le cadre du suivi des pays et de l’établissement de bonnes pratiques régionales.

Les changements observés dans le CPIA 2024 pour l’Afrique témoignent de réformes et d’améliorations solides en matière de compétences techniques dans la région. De nombreuses mesures ont permis d’augmenter l'indépendance des banques centrales, tandis que les déficits budgétaires ont diminué dans un contexte où les gouvernements ont accordé la priorité à la stabilité économique et à la crédibilité de leurs politiques. La région a en outre progressé vers la création d'un marché inclusif fondé sur des bases sociales solides, le changement climatique ayant incité les autorités à développer des plans d'adaptation nationaux et à mettre rapidement en place des politiques visant à attirer les investissements dans la croissance verte.

Les perspectives d’une croissance continue alimentée par les investissements du secteur public ont cependant tendance à s’amenuiser. Dans ce contexte, les autorités de la région cherchent à mobiliser les ressources et les investissements du secteur privé naissant, lequel est appelé à jouer un rôle fondamental dans la création d'opportunités d'emploi et la promotion du bien-être dans toute la région. Le rapport CPIA 2024 met en lumière les réformes de toute nature capables de soutenir la croissance du secteur privé, et identifie les tendances qui ont favorisé son développement en 2023.

Les tendances régionales en matière de numérisation et d'intégration incitent à l'optimisme. La zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) devrait commencer à produire des résultats tangibles en 2024, avec la possibilité de créer un changement fondamental dans les échanges commerciaux et le secteur financier et de favoriser l’augmentation des investissements privés. En outre, l'intégration commerciale par le biais de guichets uniques aux frontières s'est considérablement développée, tirant souvent parti des technologies numériques pour un traitement et une coordination rapides de l'administration commerciale. La transformation numérique a également le potentiel de débloquer l’accès au capital pour le secteur privé grâce aux services financiers numériques, tandis que les plateformes électroniques pour l'enregistrement des entreprises et le paiement des impôts facilitent la croissance du secteur formel tout en améliorant la prévention de la corruption.

De profondes insuffisances structurelles subsistent cependant en de nombreux endroits. Le succès de la ZLECAf dépendra du soutien politique apporté à sa mise en œuvre. Les monopoles et les marchés capturés continuent à saper le potentiel des nouveaux entrants. Les technologies numériques ont le potentiel de renforcer les performances du secteur public et d'accroître la responsabilité de l'exécutif d’une manière qui favorise le secteur privé, mais la capture politique des marchés reste un sujet de préoccupation.

1 — L'Afrique subsaharienne (ASS) a comblé ses écarts avec les autres régions au cours des dernières années.

Parmi les pays IDA, l'ASS progresse. L'écart entre la note moyenne attribuée à la région et la moyenne mondiale de l’IDA s'est réduit, ce qui traduit le succès des réformes entreprises par les pays de la région. Depuis 2015, l’ASS a progressé dans 3 des 4 grandes catégories, dépassant même la moyenne mondiale de l'IDA dans les groupes A (gestion économique) et C (politiques en faveur de l'inclusion sociale et de l'équité). En 2023, l'inflation a diminué et les soldes budgétaires se sont améliorés dans plusieurs pays africains suite à la mise en place de politiques macroéconomiques prudentes et coordonnées.

Cependant, la réduction de l'écart entre l'ASS et le reste des pays IDA a été compromise par l'amélioration beaucoup plus lente de la région dans le domaine de la gouvernance (groupe D, gestion et institutions du secteur public). Les notes attribuées sur les critères individuels montrent que les écarts les plus importants entre la moyenne de l'ASS et celle des pays IDA relèvent de deux catégories : l'État de droit (droits de propriété et gouvernance fondée sur des règles, transparence, redevabilité et corruption dans le secteur public) et la surveillance financière (secteur financier, qualité de la gestion budgétaire et financière, et politique et gestion de la dette).

L'ASS a comblé son écart avec les autres régions au cours des dernières années

The World Bank

Source : Base de données CPIA de la Banque mondiale, 2024
Note: IDA = Association internationale de développement ; ASS = Afrique subsaharienne.

2 — L'ASS obtient de bons résultats concernant plusieurs mesures de l’indépendance des banques centrales.

Après des années de volatilité économique à l’échelle mondiale, la politique macroéconomique de la région a bénéficié de réformes visant à accroître la résistance aux chocs internationaux. La région s’inscrit en tête pour toute une série de mesures concernant l'indépendance des banques centrales et pour le nombre de réformes adoptées ces dernières années. De nombreuses banques centrales ont également amélioré leur transparence institutionnelle et renforcé la séparation entre les déficits budgétaires et les activités monétaires. Toutefois, les pressions exercées sur les taux de change ont engendré des difficultés pour les pays qui gèrent activement les fluctuations de change.

Mesures de l'indépendance de la banque centrale

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3 — Les obligations liées au service de la dette ont augmenté en 2023.

La dette a remplacé les chocs internationaux en tant que principale menace pour la stabilité économique de la région. L'accumulation des déficits observée au cours des dernières années a suscité des inquiétudes quant à la dette, certains pays ayant recours à l'augmentation des arriérés et au financement monétaire du déficit dans des cas extrêmes. En juin 2023, vingt et un pays présentaient un risque élevé de surendettement extérieur ou se trouvaient en situation de surendettement. Malgré l'apaisement des pressions inflationnistes, les taux d'intérêt élevés limitent la capacité d'investissement des gouvernements, car les nouveaux déficits sont particulièrement difficiles à financer en raison du coût important du service de la dette et des taux de reconduction de la dette existante. Le coût élevé du service de la dette accroît également la vulnérabilité aux chocs et exerce une pression supplémentaire sur les liquidités, en particulier pour les pays qui ont accédé au marché obligataire international et à d'autres sources de financement non concessionnelles. Toutefois, après des poussées d'inflation dues à la hausse des prix à l'importation des carburants et des denrées alimentaires, des progrès ont été réalisés dans la suppression des contrôles des prix et des subventions coûteuses. La marge de manœuvre pour la poursuite d'une croissance tirée par le secteur public est cependant limitée.

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4 — Les investissements du secteur public ne peuvent pas continuer à stimuler la croissance.

Dans un contexte où les contraintes budgétaires empêchent les investissements publics de progresser, ce sont les flux de capitaux privés qui doivent accélérer. Toutefois, l'augmentation des investissements publics au cours des dernières décennies ne s'est pas accompagnée d'une augmentation similaire dans le secteur privé. En moyenne, les investissements étrangers dans la plupart des pays ont diminué au cours de la dernière décennie, alors que la formation de capital fixe dans le secteur public a plus que doublé en proportion du PIB depuis 2000. La croissance du secteur privé est particulièrement limitée dans les pays en situation de surendettement actif, laquelle s'accompagne souvent d'une forte volatilité du secteur financier et des taux de change.

Formation de capital fixe publique et privée en 2017

The World Bank

5 — Deux grandes tendances permettent d'espérer une croissance du secteur privé.

La numérisation et le développement du commerce intrarégional offrent davantage de raisons d'être optimistes. S’agissant de la numérisation, l'expansion des technologies de l'information peut transformer la région en favorisant des changements structurels significatifs pour l'ensemble de l'activité économique. L'accès à l'internet à haut débit en Afrique augmente la probabilité d'emploi de 6,9 à 13,2 %, tout en augmentant la croissance de la production par travailleur et en réduisant la pauvreté. De même, la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) pourrait transformer le paysage commercial vers une diversification et une augmentation de la valeur des exportations. La part du commerce intrarégional en ASS est nettement inférieure à celle d'autres zones du monde et n'a pas augmenté de manière significative au cours des deux dernières décennies. Par conséquent, la perspective d'une augmentation du commerce intrarégional offre des opportunités significatives de renforcement de la concurrence, d'entrées d’IDE, d'économies d'échelle, de transfert de connaissances et de technologies, de productivité et de diversification économique.

Destinations des exportations africaines par région

The World Bank

Source : Base de données COMTRADE des Nations unies

Évolution des notes des pays depuis la précédente CPIA

La note globale moyenne CPIA en Afrique subsaharienne reste stable en 2023 : elle s'établit à 3,1, un résultat identique à celui de 2022. Pourtant, davantage de pays ont vu leur note s'améliorer que baisser, et moins de pays ont vu leur note baisser par rapport à l'évaluation CPIA de l'année précédente.

*L'Association internationale de développement (IDA) est l’institution de la Banque mondiale qui se consacre aux pays à faibles revenus. Fondée en 1960, elle accorde des dons et des prêts à taux faible ou nul pour financer des projets et des programmes de nature à stimuler la croissance économique, réduire la pauvreté et améliorer la vie des plus démunis. L'IDA est l'une des principales sources d'aide pour ses 75 pays clients dans le monde, dont 39 se trouvent en Afrique. Depuis 1960, l'IDA a fourni une aide financière de 552 milliards de dollars en faveur de 115 pays. Au cours des trois dernières années (exercices 2021-23), ses engagements annuels ont représenté en moyenne près de 36 milliards de dollars, dont 75 % environ en direction de l’Afrique.

Pour en savoir plus https://ida.banquemondiale.org/fr/home #IDAworks

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