« J’aime beaucoup mon travail, il me permet d’améliorer ma propre santé et d’aider les femmes enceintes, les jeunes mères et les enfants de mon village à faire de même », explique Choeum Sreyrath, une membre du groupe de soutien à la santé villageoise (connu sous l’acronyme VHSG) à Chom Bok Pa Em, un village de Kampong Chhnang, une province centrale du Cambodge.
Choeum Sreyrath fait partie de l’un des 4 459 membres de VHSG — dont 3 255 femmes — recrutés et formés depuis 2021 pour aider les familles cambodgiennes à entrer en contact avec les services locaux de santé et de nutrition. Sachant que les 1 000 premiers jours — depuis la grossesse jusqu’au deuxième anniversaire de l’enfant — posent les bases essentielles de la croissance et du développement, le gouvernement cambodgien s’attache à améliorer la qualité et la capacité des services locaux de santé et de nutrition maternelle et infantile grâce au projet en faveur de la nutrition au Cambodge (a).
Les communautés gèrent leur propre bien-être
À l’est du pays, Pleun Preut, une jeune mère du village de Bousra, décrit le soutien qu’elle a reçu après avoir appris sa grossesse : « Le VHSG m’a conseillé de manger suffisamment d’aliments nutritifs, de passer des examens prénatals et de prendre régulièrement des comprimés de fer. J’ai suivi ces conseils et je pense qu’ils sont très utiles. »
Bousra est situé dans le district de Pichinda, l’un des 60 districts administratifs des neuf provinces où le projet est déployé (Mondulkiri, Ratanakiri, Kratie, Stung Treng, Preah Vihear, Kampong Chhnang, Koh Kong, Pursat et Banteay Meanchey). Sa réussite tient essentiellement à la façon dont le secrétariat du Comité national cambodgien pour le développement démocratique sous-national (NCDDS) collabore avec le ministère de la Santé pour faire en sorte que les administrations locales mobilisent plus efficacement les communautés et les ressources.
« Nous sommes fiers de constater que le projet a renforcé la mobilisation et la responsabilisation des pouvoirs publics dans le but d’améliorer la disponibilité et la qualité des services prioritaires de santé et de nutrition pour les communautés locales », déclare Kimsan Ny, qui dirige le projet au sein du NCDDS. « Nous agissons par l’intermédiaire des structures gouvernementales locales afin de réduire la fragmentation et d’améliorer la pérennité des actions. »
Conformément aux politiques de décentralisation du Cambodge, le projet encourage les administrations des districts et des municipalités à aider les conseils communaux, de quartier et les villages à recenser les problèmes de santé, puis à planifier, budgétiser et mettre en œuvre des activités qui amélioreront le bien-être de leurs habitants. Par exemple, les VHSG aident les centres de santé à fournir des services de proximité aux personnes les plus éloignées et les plus difficiles à atteindre. Pour cela, ils identifient les ménages avec enfants de moins de deux ans, surveillent la croissance des enfants, dépistent la malnutrition, communiquent de bonnes pratiques de santé et de nutrition, et encouragent le recours au Fonds pour l’équité en matière de santé, un volet du Fonds national de sécurité sociale qui permet un meilleur accès aux soins de santé essentiels.
« Nous avons deux membres [de VHSG] par village », explique Khleok Keosingieb, conseillère communale de Bousra, chargée des questions relatives aux femmes et aux enfants. « Ces personnes ont été élues par le conseil communal pour s’occuper des questions de santé et de nutrition dans le village. [Grâce à elles], nous obtenons des informations utiles plus rapidement qu’auparavant, et si les groupes de ne peuvent pas traiter un problème particulier, ils nous demandent conseil. »
Soutien local aux parents de jeunes enfants
Outre les VHSG, le projet aide les centres de santé à améliorer la qualité des services qu’ils fournissent afin que les mères et leurs enfants reçoivent les soins et les informations nécessaires en matière de santé et de nutrition.
« Les sages-femmes conseillent aux parents de venir nous consulter dès le premier jour », explique le Dr Chang Khun, responsable du centre de santé de Pichreada, dans la province de Mondulkiri. « Les mères qui accouchent au centre apprennent à allaiter leur nouveau-né dans les premières 24 heures et à le nourrir exclusivement au sein pendant les six premiers mois. Le lait maternel favorise le système immunitaire et la croissance intellectuelle de l’enfant et le protège contre les maladies. »
Grâce à la mise sur pied d’un nouveau système national de suivi de l’amélioration de la qualité, le ministère de la Santé s’est concentré sur la qualité des conseils prénatals et postnatals donnés aux mères, à la croissance et au développement des enfants, ainsi qu’à l’état nutritionnel des mères et de leurs bébés. Les équipes de district évaluent les performances des établissements de santé en mesurant la disponibilité du personnel, des médicaments et équipements essentiels, ainsi que le niveau de satisfaction des patientes. Lorsque l’atteinte des objectifs est vérifiée, le ministère de la Santé alloue des subventions à l’établissement. Les résultats de l’évaluation démontrent une amélioration continue des connaissances et des compétences des agents de santé, ainsi que de la satisfaction des populations locales à l’égard des services de santé et de nutrition maternelle et infantile qui leur sont proposés.
Des partenariats qui renforcent le capital humain
Le budget de 62,5 millions de dollars est cofinancé par le gouvernement royal du Cambodge, le gouvernement australien, la banque de développement allemande KfW, le Mécanisme de financement mondial (GFF) et l’Association internationale de développement, l’institution du Groupe de la Banque mondiale qui accorde des prêts à des conditions préférentielles.
« Ce projet améliore les résultats en matière de capital humain en facilitant l’accès des mères et de leurs bébés à des services de santé et de nutrition de qualité », souligne Sophonneary Prak, directrice du projet en faveur de la nutrition au Cambodge au ministère de la Santé. « En travaillant avec le NCDDS, nous avons constaté des améliorations en termes de disponibilité, d’accessibilité, de prix et de qualité des services de santé et de nutrition. Nous avons aussi pu élaborer des guides sur la santé maternelle et infantile et la nutrition, des outils, des modules de formation, des kits d’accompagnement, des directives de mise en œuvre, des vidéos éducatives et bien d’autres matériels liés à la nutrition. »
Le rôle moteur de la communauté
De retour à Chom Bok Pa Em, le soleil se couche lorsque Choeum Sreyrath s’assoit avec un groupe de femmes enceintes de son village. Beaucoup d’entre elles travaillent dans l’usine de confection locale et elle sait que le meilleur moment pour les rencontrer est après leurs heures de travail. Tout en donnant le sein à son propre enfant de trois mois et demi, Choeum Sreyrath explique comment elle s’est appliqué à elle-même sa formation VHSG. Sa première fille présentait une insuffisance pondérale à la naissance et, à l’époque, elle ne connaissait pas grand-chose aux bonnes pratiques alimentaires. Elle buvait trop de boissons énergisantes pour combattre sa fatigue. Elle sourit au bébé qu’elle tient sur ses genoux et se souvient qu’après avoir amélioré son alimentation, son deuxième enfant est né en bonne santé et dans la fourchette de poids optimale.
« Je suis très fière », affirme-t-elle en évoquant son rôle dans la communauté. « Je vois que les gens de notre village sont en bonne santé et qu’ils suivent mes conseils. »