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ARTICLE17 juin 2024

Adapter l’irrigation au changement climatique au Maroc

The World Bank

LES POINTS MARQUANTS

  • Le Maroc est confronté à une aggravation de la variabilité de la disponibilité en eau due aux effets du changement climatique, qui entraîne une baisse des précipitations, un épuisement des nappes phréatiques et une dégradation alarmante des ressources hydriques.
  • Avec le soutien de la Banque mondiale, le projet de modernisation de la grande irrigation promeut l’adoption de systèmes de goutte-à-goutte, qui optimisent la consommation d’eau et d’énergie tout en augmentant la productivité agricole.
  • Le Partenariat mondial pour la sécurité hydrique et l’assainissement (GWSP) est venu renforcer cet appui en finançant une étude qui a permis d’évaluer la consommation et la productivité de l’eau au Maroc. Cette étude a mis en évidence les effets de la conversion collective à l’irrigation au goutte-à-goutte sur la conservation de l’eau et l’utilisation des eaux souterraines dans le périmètre du Haouz.

Le Maroc, qui fait partie des pays du monde les plus touchés par le stress hydrique, est confronté à une forte variabilité de la ressource en eau. Cette situation est encore aggravée par les effets du changement climatique, qui est à l’origine d’une baisse des précipitations et d’une réduction du ruissellement, tandis que la demande s'accroît, entraînant un épuisement des eaux souterraines et une dégradation alarmante des ressources en eau. Le déficit hydrique est un défi particulièrement important pour le secteur de l’agriculture irriguée, qui consomme une partie considérable des ressources en eau du pays. C'est pourquoi le Maroc a lancé le Programme national d’économie d’eau d’irrigation (PNEEI).

Ce programme, dont le but est d'assurer une utilisation plus efficace de l’eau dans l’agriculture, vise principalement à moderniser l’irrigation sur quelque 550 000 hectares environ, dont une superficie de 220 000 ha fait l’objet de plans d’irrigation à grande échelle. L’objectif global est de fournir un service d'eau d’irrigation moderne, reposant sur le goutte-à-goutte et plus généralement sur des techniques plus efficientes.

Le Partenariat mondial pour la sécurité hydrique et l’assainissement (GWSP) a financé une étude visant à évaluer la consommation et la productivité de l’eau, ainsi que les effets de la conversion collective au goutte-à-goutte sur la conservation de l’eau et l’utilisation des eaux souterraines dans le périmètre du Haouz. Ce plan d’irrigation entrait dans le cadre des zones ciblées par le projet de modernisation de la grande irrigation, une opération financée par la Banque mondiale à hauteur de 150 millions de dollars et partie intégrante du PNEEI.

L’étude financée par le GWSP s’est appuyée sur la télédétection et les technologies satellitaires pour recueillir et analyser des données sur l'évolution de la biomasse (qui constitue un indicateur de la productivité agricole) et la consommation globale d’eau dans la zone étudiée. Cette méthode a permis à l'équipe chargée de l’étude d’établir une corrélation entre l’évapotranspiration et la biomasse, d’une part, et l’utilisation de l’eau dans l’agriculture, d’autre part. Par la suite, l'équipe a évalué le volume d’eau souterraine utilisé pour l’irrigation et sa corrélation avec les eaux de surface allouées par l’exploitant du réseau d’irrigation, renforçant ainsi la capacité du pays à gérer durablement les ressources hydriques et la fourniture de services d’irrigation.

Cette étude financée par le GWSP a renforcé le dialogue avec le gouvernement marocain sur l’importance des politiques de conservation de l’eau. Avec le soutien du GWSP, l’équipe a assuré un dialogue de haut niveau sur l’utilisation de l’eau dans l’agriculture marocaine et élaboré une note technique conçue pour étayer l’action publique autour du développement de systèmes agroalimentaires résilients et inclusifs au Maghreb. Les principaux interlocuteurs du projet au Maroc, à savoir l'Office régional de mise en valeur agricole du Haouz (sous l'égide du ministère de l’Agriculture) et l’Agence du bassin hydraulique du Tensift (ministère de l’Équipement et de l’Eau), ont grandement bénéficié de l’adoption des technologies de surveillance innovantes utilisées dans l’étude.

Les données, les connaissances et les échanges promus par le GWSP ont également guidé la mise en place de quotas d’eau, qui seront mis en œuvre par le gouvernement parallèlement aux mises à niveau technologiques. En outre, l’étude et le dialogue sur l’action à mener ont servi de base à deux projets financés par la Banque mondiale. En décembre 2022, le projet de modernisation de la grande irrigation avait bénéficié à plus de 9 000 agriculteurs, qui ont pu tirer profit de meilleurs services d’adduction d’eau et de l’accès à des technologies d’irrigation améliorées couvrant une superficie de 20 700 ha.

La collaboration entre la Banque mondiale et le Maroc a également fourni des informations précieuses pour la réalisation du projet pour une gestion de l'eau résiliente et durable dans l'agriculture (RESWAG). Cette opération de 182 millions de dollars a été approuvée sur l’exercice 2022 en s’appuyant sur une analyse de la capacité des technologies de conservation de l’eau à atténuer le déficit hydrique dans l’agriculture. Cette analyse a fourni une base solide pour la mise en place d’observatoires tels que ceux proposés dans le projet RESWAG, qui permettent de mesurer l’impact des technologies de conservation de l’eau à long terme. Le projet vise à renforcer la gouvernance de l’eau dans l’agriculture, à améliorer la qualité des services d’irrigation et à moderniser les techniques d’irrigation à la parcelle dans les zones souffrant de lourdes restrictions d’eau ou alimentées par des aquifères surexploités.

D’ici 2027, le projet prévoit de doter 51 485 ha en services d’irrigation ou de drainage nouveaux ou améliorés et de faire bénéficier plus de 23 000 agriculteurs d’actifs ou de services agricoles. L’ensemble de ces activités vont aider les autorités du secteur de l’eau et les exploitants de réseaux d’irrigation au Maroc à maintenir les prélèvements à un niveau soutenable et à gérer la variabilité interannuelle de la ressource en eau.

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