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ARTICLE20 juin 2024

La Gambie se tourne résolument vers l’agriculture commerciale

The World Bank

Système d’irrigation moderne à pivot central, acquis par Bakaf Farm avec l’aide financière du projet GIRAV. Photo : Aifa Fatimata Niane/Banque mondiale

LES POINTS MARQUANTS

  • L’agriculture gambienne connaît un ambitieux mouvement de modernisation.
  • Un projet de la Banque mondiale soutient le développement de 19 PME agroalimentaires.
  • Les progrès du secteur agricole s’observent déjà : infrastructures modernes, prestations améliorées et création d’emplois.

Jongfolo Korta contemple sa rizière avec satisfaction. Elle fait partie des nombreux petits exploitants de la région de Jahally, dans l’est de la Gambie, où l’activité agricole prospère.

« J’ai répandu de l’engrais sur la rizière. Et maintenant, je fais appel à des prestataires qui viennent au moment approprié avec des tracteurs et des machines. J’ai donc bon espoir d’augmenter ma récolte cette année », déclare-t-elle.

De même que de nombreux autres agriculteurs gambiens, Jongfolo vit de la riziculture depuis plus de 50 ans. Comme eux, elle profite de la transition du pays, où une agriculture de subsistance se transforme en un secteur plus productif et plus concurrentiel, apte à commercialiser de plus importants surplus. Cette transition a bénéficié du soutien de la Banque mondiale dans le cadre de son projet pour le développement inclusif et résilient de la chaîne de valeur agricole en Gambie (GIRAV) (a).

L’un des volets du projet a consisté en un financement supplémentaire accordé à 19 petites et moyennes entreprises (PME), retenues sur 127 candidates. Le projet a apporté 3,9 millions de dollars au total, plus 2,6 millions de dollars issus des fonds propres des PME et de la mobilisation de capitaux privés. L’enveloppe totale a permis à ces entreprises de financer des infrastructures et du matériel afin de moderniser et de développer leurs activités agroalimentaires.

Si on résout le problème de l’agriculture, on assurera la sécurité alimentaire.
Kemo Cham, fondateur et dirigeant de Sabiji Farm
The World Bank

Maruo Farms réalise des prestations essentielles, par exemple du labourage, avec le soutien financier du GIRAV. Photo : Amadou Bah/GIRAV

Modernisation des infrastructures agricoles et de l’irrigation
La modernisation évidente de l’agriculture gambienne se manifeste dans le développement de nouvelles infrastructures, par exemple des systèmes d’irrigation améliorés, des plateformes de transformation de produits agroalimentaires ou des centres de logistique consacrés à la commercialisation des produits. Sur l’ensemble du territoire, des exploitations mettent ces progrès à profit pour améliorer leurs équipements et leurs systèmes d’irrigation.

Bakaf Farm, située à Bantajang, village du district de Foni Bondali, en témoigne. Cette petite exploitation, qui produit des oignons, a consacré les fonds perçus à l’amélioration de son irrigation et de son matériel.

Sulayman Cessay, qui dirige l’exploitation, incarne l’esprit d’entreprise et l’engagement dans l’agro-industrie. Grâce au projet GIRAV, il a décidé d’investir dans le développement de sa production d’oignons.

« Grâce à cette subvention, nous avons acheté de nouvelles machines. Cela nous a permis de cultiver 16 hectares supplémentaires. Cette année, nous devrions ainsi augmenter notre récolte de 448 tonnes », déclare-t-il avec fierté.

Outre que le nouvel investissement a stimulé la production annuelle de l’exploitation, il a aussi créé de l’emploi pour une centaine de femmes des environs.

Dans la même veine, Sabiji Poultry Farm, élevage de volailles à Sukuta, a réalisé de considérables investissements afin de moderniser et d’accroître ses infrastructures. Avec l’aide fournie par le projet, Kemo Cham, fondateur et dirigeant de l’exploitation, a construit trois nouvelles batteries de poules pondeuses ainsi qu’un système de mangeoires.

« J’ai vu passer le communiqué du ministère de l’Agriculture concernant une subvention accordée à de jeunes Gambiens pour des projets agricoles. Grâce à la subvention de contrepartie apportée par le projet GIRAV, nous élevons désormais 60 000 poules, contre 7 000 auparavant », explique Kemo Cham.


Améliorer l'accès aux intrants et aux services
Maruo Farms, entreprise nichée au cœur de la région de Central River, entremêle ses racines comme ses destinées avec celles des riziculteurs locaux. Avec le soutien obtenu dans le cadre du projet de la Banque mondiale, elle a acquis une flotte moderne de charrues et d'unités de décorticage et blanchiment du riz, qu’elle loue à d’autres exploitations.

Kalipha Jammeh, jeune fondateur et dirigeant de Burong Wolal Ltd., entreprise de production et de transformation du riz, est très satisfait des services du prestataire. Pour alléger leurs charges, les exploitants peuvent payer Maruo Farms en riz, une fois celui-ci récolté.

« Avant, faute de machines, nous mettions deux mois pour récolter 6 hectares de rizière. Maintenant, à l’aide des tracteurs et des machines de Maruo Farms, notre production est beaucoup plus rapide », explique Kalipha Jammeh. « L’avantage avec les prestataires est que nous n’avons pas à nous soucier de l’entretien et autres coûts. »

Afin de mesurer les résultats obtenus, le projet a équipé des conseillers agricoles spécialement formés à cette fin de tablettes destinées à la saisie de données, à l’aide de différentes applications. Le projet GIRAV déploie également des outils numériques destinés à connecter les exploitants à toutes les entreprises et institutions intervenant dans la distribution de semences et d’engrais.

Pour faire encore progresser le secteur agroalimentaire gambien, le programme comporte la construction, en cours, de deux centres logistiques à Wassu, dans le district de Sami, et à Macca Farafenni, dans celui d’Upper Baddibou. Ces plateformes offriront des services essentiels aux exploitations et entreprises : opérations de tri et de conditionnement des produits, entreposage en lieux secs et frais, et transport, par exemple.

Les femmes jouent un rôle important dans l’agriculture gambienne. C'est pourquoi le GIRAV va poursuivre et élargir les efforts débutés dans le cadre d’un précédent projet de la Banque mondiale (a), qui a procuré à 21 exploitations agroalimentaires dirigées par des femmes des équipements tels que des pompes à eau solaires ou des systèmes d’irrigation au goutte à goutte. Le projet GIRAV devrait ainsi couvrir un total de 40 exploitations d’ici à deux ans.

Le projet a également favorisé l’adoption de techniques agricoles « climato-intelligentes », comme des semences de légumes améliorées ou des systèmes d’irrigation au goutte à goutte, de façon à accroître la résilience du pays et à lui apporter une sécurité alimentaire et nutritionnelle.

Kemo Cham, de Sabiji Farm, souligne l’importance du secteur agricole en Gambie : « Si on résout le problème de l’agriculture, on assurera la sécurité alimentaire. »

L’agriculture représente encore davantage que cela pour le pays. En effet, le secteur procure environ 20 % de son PIB et emploie près de la moitié de sa population active. Pour déployer tout son potentiel, la Gambie transforme son agriculture qui, consistant surtout en cultures irriguées par les pluies et en élevage, demeure une activité de subsistance. Le soutien du projet GIRAV aux PME agroalimentaires est un pas dans la bonne direction.

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