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ARTICLE28 mai 2024

Agrofield Business : promouvoir les produits « made in Congo »

The World Bank

Edith Nanette Diba, présidente de la coopérative Agrofield Business, présentant fièrement les chips de noix de coco, Kitoko.

Photo : Franck Bitemo/Banque mondiale

LES POINTS MARQUANTS

  • En 2022, le Projet d’appui au développement de l’agriculture commerciale (PDAC), financé par la Banque mondiale, a aidé la coopérative Agrofield Business à hauteur de 50 millions de francs CFA pour l’acquisition d’équipements semi-industriels. Cette aide a permis à l’entreprise de multiplier par six sa production de chips et d’accroître son chiffre d’affaires.
  • La coopérative Agrofield Business espère servir de modèle à la jeunesse congolaise pour se lancer dans l’agroalimentaire en utilisant les matières premières issues des nombreuses ressources du pays.
  • À l’instar du PDAC, clôturé en 2023, le projet ProClimat Congo soutiendra financièrement les groupes de producteurs et se concentrera en particulier sur les approches agricoles agroécologiques « climato-intelligentes ».

Agrofield Business est une coopérative agroalimentaire dont la vocation est de valoriser les fruits locaux en les transformant en chips. « Consommer congolais doit être une fierté » clame sa présidente, Edith Nanette Diba, une jeune entrepreneure congolaise de 34 ans au parcours professionnel atypique.

Technicienne supérieure en génie civile de formation, Edith Nanette Diba se lance dans l’aéronautique en 2011, « par simple curiosité », précise-t-elle. Cinq ans plus tard, elle intègre le cercle restreint des femmes congolaises pilotes de ligne après une formation accélérée qui la mène à Brazzaville, puis aux États-Unis, en passant par Bruxelles. Entre 2019 et 2021, elle travaille pour une compagnie aérienne locale, mais envisage déjà de s’investir dans l’agroalimentaire. « Je ne comprenais pas pourquoi il y avait sur le marché si peu de produits congolais à base de fruits transformés alors que nous avons toutes les ressources pour le faire », s’indigne-t-elle.

Un fruit négligé plein d’atouts

L’arrivée de la pandémie de la Covid-19 en République du Congo au début 2020 pousse Edith Nanette Diba à sauter le pas. Le confinement, la fermeture des frontières et les perturbations des transports aériens lui donnent la latitude de se consacrer à son projet. Elle formalise la création de la coopérative avec une poignée d’amis partageant la même vision. Leur choix initial se porte sur la transformation de la noix de coco en chips. « La noix de coco est un fruit négligé qui offre pourtant beaucoup de possibilités d’exploitation et un grand potentiel économique », justifie la jeune présidente de la coopérative. Entre 2021 et 2022, l’équipe d’Agrofield Business investit jusqu’à 10 millions de francs CFA, sur fonds propres, pour l’achat des équipements et de la matière première nécessaires à la réalisation du projet.

Ainsi naissent les chips de coco Kitoko, « le délice qui croque ». Disponible en deux saveurs, vanille et gingembre, le produit s’impose rapidement auprès des consommateurs. Les petits emballages bleus et verts séduisent les clients, tandis que le goût savoureux des chips croustillantes convainc les palais les plus réticents. Le prix également intéressant, 250 francs CFA le sachet de 35 grammes de chips, est à la portée de la majorité des bourses. Plusieurs boutiques et supermarchés de Brazzaville adoptent le produit et l’affiche sur leurs étalages.

The World Bank

Quelques membres d’Agrofield Business devant le siège de la coopérative.

Photo : Franck Bitemo/Banque mondiale

Fort du succès de son produit, Agrofield Business envisage d’augmenter sa production et d’étendre sa distribution. Encouragée par un expert du ministère de l’Agriculture, la coopérative à la recherche de partenaires, participe en 2022 au Projet d’appui au développement de l’agriculture commerciale (PDAC), financé par la Banque mondiale. « Il nous semblait évident que, si ces jeunes avaient pu réaliser seuls ce projet, ils feraient davantage si on leur apportait un appui financier et technique », témoigne l’expert.

L’appui du PDAC

Le PDAC aide l’équipe d’Agrofield Business à se former et à structurer son plan d’affaires, puis lui propose un financement à hauteur de 50 millions de francs CFA. Grâce à ce financement, la coopérative acquiert des équipements semi-industriels lui permettant de multiplier par six sa production de chips de 5 000 à 30 000 sachets de chips par jour, et d’accroître son chiffre d’affaires mensuel qui s’élève aujourd’hui à 3 millions de francs CFA par mois au lieu de 500 000 francs CFA auparavant. Outre Brazzaville, le produit est maintenant commercialisé dans les plus grandes villes du pays, telles que Pointe-Noire, Dolisie, Ouesso et Ewo.

L’export des chips de coco à l’international est un des objectifs visés par Agrofield Business à moyen ou long terme. Cependant, « la priorité est d’inonder le marché local », affirme sa présidente. Par ailleurs, la coopérative s’efforce d’élargir sa gamme de produits en tirant profit du large éventail de fruits dont dispose la République du Congo. Le prototype est déjà prêt pour la fabrication de chips de banane et de patate douce. Dans cette perspective, Agrofield Business qui exerce encore ses activités sur un site en location, a acquis un terrain de 1 600 mètres carrés à Kintele, dans la banlieue nord de Brazzaville, où elle compte construire un complexe agroalimentaire en vue de moderniser sa chaine de production et de satisfaire la demande croissante des consommateurs.

Agrofield Business compte aujourd’hui sept membres, quatre femmes et trois hommes, et souhaite devenir un modèle d’initiative pour insuffler l’esprit d’entreprise au sein de la jeunesse congolaise. « Les jeunes doivent s’investir dans l’agroalimentaire », insiste Edith Nanette Diba. « Le marché est ouvert. Il suffit d’un peu d’audace et de persévérance pour réussir. Sans oublier de mettre en avant le « made in Congo » bien sûr… », conclut-elle dans un sourire.

Pour tirer parti des résultats obtenus avec le PDAC qui a pris fin en décembre 2023, le gouvernement a commencé à mettre en œuvre le Projet de moyens de subsistance résilients et inclusifs face au climat (ProClimat Congo ; P177786), d'un montant de 132 millions de dollars. Il vise à renforcer la gestion des paysages, à accroître l'utilisation d'activités de subsistance améliorées et à réduire l'insécurité alimentaire dans les communautés ciblées en République du Congo. À l’instar du PDAC, le projet soutiendra des groupes de producteurs à différents degrés de formalisation. Il se concentrera particulièrement sur les approches agricoles agroécologiques « climato-intelligentes ».

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