Tous les deux mois, Marcelina Ngandu reçoit un transfert monétaire du gouvernement zambien et l'investit dans son petit commerce de beignets : « J'achète de la farine pour préparer les beignets que je vends ». Elle est veuve et l'argent qu'elle gagne permet de subvenir aux besoins des cinq enfants de sa sœur décédée. « Avec le versement de 300 kwachas [14 dollars] pour les deux derniers mois, j'ai préparé des beignets que j'ai vendus 400 kwachas et j'ai pu payer les frais de scolarité des enfants orphelins dont je m'occupe. Je conseille vivement à toutes les autres veuves de ne pas se contenter de "manger" cet argent, mais de le faire fructifier comme moi. »
Marcelina fait partie des plus de trois millions de personnes qui bénéficient du programme de transferts sociaux en espèces de la Zambie (a), qui améliore les moyens de subsistance des femmes ainsi que l'accès à l'éducation pour les enfants. Il s'agit de l'un des nombreux programmes de protection sociale soutenus par l'Association internationale de développement (IDA) et d'une composante majeure de l'engagement de la Banque mondiale en faveur d'une protection sociale universelle.
La protection sociale peut transformer la vie des plus pauvres et des plus vulnérables, car elle constitue une planche de salut pour des centaines de millions de personnes en période de crise, en renforçant le capital humain pour les prochaines générations et en favorisant l'autonomisation des individus, en particulier des femmes. Cette aide est primordiale, alors même que nous nous efforçons de mettre fin à l'extrême pauvreté et de favoriser la prospérité sur une planète vivable.
La COVID-19, un levier puissant en faveur de la protection sociale
Lorsque les économies du monde entier ont été mises à mal par la pandémie de COVID-19, les gouvernements se sont appuyés sur des programmes de protection sociale pour fournir rapidement un soutien temporaire aux revenus des ménages. Nous avons assisté à la plus grande augmentation des transferts sociaux de l'histoire (a) et à une utilisation renforcée des systèmes numériques de versement des prestations. Et en réponse à la récente crise alimentaire mondiale, les mesures de protection sociale ont plus que doublé (a).
Toutefois, si le nombre de pays dotés de systèmes de protection sociale a augmenté au cours des 30 dernières années, nous sommes encore loin de l’Objectif de développement durable de mise en place d'une protection sociale pour tous. Plus de la moitié de la population mondiale, soit 4,1 milliards de personnes, n'est toujours pas protégée et de nombreux pays n'ont pas établi de systèmes permettant de réagir rapidement aux chocs.
Alors que la menace du changement climatique et des conflits est omniprésente, la Banque mondiale revoit à la hausse son ambition de soutenir un demi-milliard de personnes pauvres et vulnérables grâce à des stratégies ciblées, adaptées à leurs besoins et à déclenchement rapide pour faire face aux chocs. L'IDA joue un rôle clé dans la réalisation de cette ambition, car c'est le premier canal par lequel la Banque mondiale promeut une protection sociale élargie pour renforcer la résilience des ménages pauvres et vulnérables.
Améliorer les conditions de vie aujourd'hui et demain
Les instruments de protection sociale — assurance sociale, assistance sociale, programmes d'insertion professionnelle et économique, etc. — aident les individus à faire face à une crise et garantissent que les systèmes sont mieux préparés à de tels chocs. Ils peuvent aussi avoir des effets bénéfiques importants et de long terme en permettant aux personnes d'investir dans la santé et l'éducation de leurs enfants, de se former et de trouver un emploi, tout en protégeant les plus âgés. Leur valeur ajoutée réside dans leur capacité à atténuer dès aujourd'hui la pauvreté critique ainsi qu'à rompre le cycle de la pauvreté en encourageant les investissements dans le capital humain pour la génération suivante.
Au début des années 1990, le Mexique (a) a été l'un des premiers pays à mettre en œuvre un programme de transferts monétaires conditionnels. Soutenu par l'IDA, le programme Prospera a permis d'augmenter les taux de scolarisation et d'améliorer la nutrition. Ce principe tout simple s'est rapidement répandu en Amérique latine, en Afrique et en Asie et il a donné lieu à des initiatives porteuses de transformations. Citons par exemple le programme de soutien au revenu pour les plus pauvres au Bangladesh (a) qui a aidé 600 000 femmes pendant près de dix ans et amélioré la nutrition, le développement cognitif et la préparation à l'école de leurs enfants, ou encore le programme de transferts sociaux en espèces en Zambie (a), dont 20 % de la population a bénéficié.
Renforcer l'autonomie des femmes
Les programmes de protection sociale sont particulièrement positifs pour les femmes. Ils leur permettent de participer davantage à la vie active, d'améliorer leurs connaissances et leurs compétences financières et ils contribuent à la réduction des violences de genre.
Ainsi en Éthiopie (a), le projet de filets sociaux productifs en milieu urbain a permis aux bénéficiaires — dont 60 % de femmes — d'ouvrir un compte bancaire pour la première fois de leur vie. Les subventions versées pour améliorer les moyens de subsistance ont aidé les personnes à développer des compétences et à suivre une formation financière pour créer de petites entreprises. Au Soudan du Sud (a), un projet de filets sociaux a non seulement contribué à lutter contre l'insécurité alimentaire et l'instabilité économique persistante, mais il a aussi favorisé de nouveaux comportements en matière de genre, de cohésion sociale et d'atténuation des risques de violence contre les femmes. Ce projet également soutenu par l'IDA a dépassé ses propres objectifs en matière d'égalité des sexes, avec une participation féminine de 77 % à des programmes de travaux publics à forte intensité de main-d'œuvre.
« J'ai créé cette petite entreprise grâce à l'aide financière du projet et cela a changé ma vie et celle de ma famille », déclare Eva Ituwa, mère célibataire de huit enfants au Soudan du Sud. « À présent, je peux gagner ma vie en vendant du thé tous les jours pour subvenir aux besoins de mes enfants, que ce soit pour la nourriture, les médicaments et les frais de scolarité. »